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Le passé commun ne peut servir d’outil d’hégémonie ou de rente géostratégique anachronique
De G à D : La secrétaire d’Etat adjointe américaine chargée des organisations internationales, Michele Sison, Amy Pope, qui brigue le poste de directeur général de l’organisation internationale de la migration et Nasser Bourita, ministre des AE marocain
La secrétaire d’Etat adjointe américaine chargée des organisations internationales, Michele Sison qui a effectué, mercredi, une visite à Rabat, a eu des entretiens approfondis avec le ministre des Affaires étrangères marocain.
En se faisant accompagner de Mme Amy Pope, qui brigue le poste de directeur général de l’organisation internationale de la migration, Mme Sison, et l’Administration Biden qu’elle représente, voulaient mettre le rôle central du Roi Mohammed VI, nommé par ses pairs africains en tant que leader de l’Union Africaine sur les questions migratoires. C’est aussi une reconnaissance de l’approche humaniste au cœur de la stratégie nationale d’immigration et d’asile initiée par le Souverain, relèvent les observateurs à Rabat.
Mais c’est dans ses déclarations à la presse que la secrétaire d’Etat adjoint a livré l’angle sous lequel Washington appréhende le rôle du Maroc et de son Roi, notamment lorsqu’elle affirme que ‘’les États Unis apprécient hautement le rôle de Sa Majesté le Roi, en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique du nord et au Moyen-Orient. Elle s’est en conséquence félicitée des discussions positives et productives qu’elle avait eues avec le ministre, Nasser Bourita, eu égard à l’engagement du Maroc et des États Unis pour le maintien de la paix et de la sécurité.
Michele Sison qui s’est dite ravie d’être au Maroc, ne voit pas seulement en le Maroc un des alliés les plus anciens des Etats Unis dont l’amitié avec ce grand pays remonte à sa naissance en 1777, mais également des plus proches.
C’est pour cette raison que Rabat et Washington inscrivent cette visite de Michèle dans le cadre d’une amitié séculaire qui ne s’est jamais démentie et rappelle que les deux pays se sont toujours retrouvés du même côté de l’histoire qu’il s’agisse de la 2e guerre mondiale ou de la guerre froide, quand d’emblée le Royaume avait choisi de se ranger du coté du Monde Libre. C’est ce choix qui se perpétue dans la coopération des deux capitales dans la lutte contre le terrorisme ou encore dans la promotion de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient.
Faut-il le rappeler, le Maroc est l’hôte des bureaux de vingt-et-une agences onusiennes, un accueil qui conforte son leadership régional et son engagement en faveur de la diplomatie multilatérale. C’est dans ce sens qu’il faut saisir l’insistance de Michele Sison qui a tenu à mettre en avant combien l’Administration Biden apprécie les contributions du Royaume aux missions onusiennes de maintien de la paix, à travers le monde.
C’est cet apport du Royaume à ces missions onusiennes qui explique la position américaine soulignée de nouveau par la responsable américaine et découle d’un partenariat historique qui ne s’est jamais démenti.
C’est dans la constance de ces relations, et de la loyauté réciproque, qu’il faut chercher la proclamation solennelle, en décembre 2020, de la proposition d’autonomie au Sahara non pas seulement comme "sérieuse, crédible et réaliste", mais aussi et surtout comme "seule base pour une solution juste et durable", au différend autour du Sahara marocain. C’est en droite ligne de cette position que la reconnaissance par l’Administration américaine de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara a été aussitôt distribuée aux 193 Etats membres des Nations-Unies, en tant que document officiel du Conseil de sécurité, dans les six langues officielles de l’ONU. Et c’est dans cette ligne que Michele Sison a réitéré cette constance en réaffirmant le soutien des États Unis au plan d’autonomie, comme solution sérieuse, crédible et réaliste au différend autour du Sahara marocain.
La position américaine qui se démarque par la sincérité et le respect mutuel, contraste, fait remarquer un diplomate en poste à Rabat, avec la versatilité de la relation avec la France qui a, précise-t-il, ‘’du mal à se délester de ses travers tutélaires d’une époque coloniale révolue.’’.
La versatilité européenne ne fait en fait que mieux révéler la régression européenne et particulièrement française, n’aboutissant en définitive fqu’au renforcement et à la diversification des partenariats avec les alliés traditionnels, notamment les États Unis. Les relations séculaires entre les USA et le Maroc ne se contentent pas, fait-on remarquer à Rabat, d’invoquer le passé, mais le met à profit l’histoire commune pour ouvrir des perspectives renouvelées et mutuellement fructueuses, contrairement à ceux qui exploitent l’histoire pour maintenir une hégémonie, et une rente géostratégique anachronique.