Lu sur les réseaux : L’annulation de la visite du Président du Medef et la crise maroco-française n’ont aucun rapport

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Le président français au sommet du nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 23 juin 2023. M. Macron dont l’intelligence est devenue un obstacle, n’a pas la sensibilité pour entamer un processus de correction avec le Maroc. C’est bien dommage parce que le Français lambda aime le Maroc et le Marocain n’a pas été nourri à la haine de la France, c’est tout ce socle que Macron est en train de détruire, sans en être conscient bien entendu. (Photo Lewis Joly / POOL / AFP)

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L’auteur de ce texte sur les réseaux sociaux, Larbi Bargach, fin observateur de la scène politique, ami du Cercle Quid, est un cadre bancaire à la retraite et un fervent animateur d’un club marocain des inconditionnels du Real Madrid. Avec son aimable autorisation, le Quid publie ce texte bien senti sur les rapports maroco-français.

Ceux qui rattachent la récente annulation de la visite du Président du Medef au Maroc à la crise politique entre les deux pays se trompent. Le Maroc ne fonctionne pas ainsi. Il ne mélange pas économie et politique pour une raison bien simple, il n’en a pas les moyens. Le budget de l’Etat marocain dépend étroitement de son PIB, qui est alimenté par une production de biens et non par une rente pétrolière ou autre. Les revenus du phosphate ne pèsent pas grand-chose devant les revenus générés par le tourisme, les exportations agricoles, l’industrie automobile et aéronautique et les transferts des Marocains résidants à l’étranger grâce à un système bancaire performant qui s’est spécialisé dans le migrant banking dès les années 60. Il s’est développé ensuite en Europe et en Afrique pour accompagner la politique exportatrice du pays.

Il est vrai que les vexations des autorités françaises autour de la politique des visas a affecté l’élite marocaine, très souvent formée en France. On se souvient que l’ancien ambassadeur français au Maroc, une scribouillarde qui a appliqué à la lettre et sans mesure les instructions qu’elle recevait, n’a pas levé le petit doigt pour corriger l’erreur de refuser le visa au Président du patronat marocain.

Le Maroc contrairement à ce que l’on peut penser n’est pas offusqué par un rapprochement France-Algérie. Il voit d’un bon œil une libéralisation de l’économie du pays voisin. La rationalité des décisions qu’implique une telle politique ne peut que bénéficier à terme au Maroc. En effet, une bonne gouvernance ne privera pas le pays des avantages économiques que peut offrir l’ouverture des frontières par exemple. Une Algérie libérale préfèrera toujours acheter moins cher et vendre à moindre coût. Ce n’est pas le cas actuellement. On le voit avec l’Espagne par exemple.

Ce qui est avancé dans ce texte est conforté par des faits. Le Maroc a battu tous ses records commerciaux avec l’Espagne lorsque la crise politique était à son comble. La fameuse affaire Ghali n’a en rien affecté les relations économiques entre les deux pays, bien au contraire.

La raison principale du maintien des relations économiques avec le voisin espagnol, c’est l’attitude du patronat espagnol bien plus modeste que son grand frère français. 

Le patron espagnol ne vient jamais en terrain conquis et traite d’égal à égal avec celui de l’autre rive. Ce n’est pas toujours le cas du patron français qui considère que le Maroc a le droit de se développer mais dans des limites qu’il trace. Il n’a pas vu venir le changement au Maroc.

Les banques marocaines, dont il s’est retiré, sont aujourd’hui en concurrence directe avec le réseau français en Afrique, Idem pour la RAM qu’Air France a refusé d’intégrer dans son pool. C’est avec la compagnie anglaise que la compagnie nationale a noué un partenariat fructueux pour les deux. Les couacs économiques de la France en Afrique en général ne font pas l’objet d’une rétrospection et d’une analyse pour en comprendre les mécanismes. C’est une erreur.

M. Macron dont l’intelligence est devenue un obstacle, n’a pas la sensibilité pour entamer un processus de correction. C’est bien dommage parce que le Français lambda aime le Maroc et le Marocain n’a pas été nourri à la haine de la France, c’est tout ce socle que Macron est en train de détruire, sans en être conscient bien entendu.

Sur le plan diplomatique, c’est pire, recevoir le Général Chengriha à l’Elysée avec les honneurs d’un chef d’Etat qu’il n’est pas officiellement, au top de la crise entre le Maroc et l’Algérie, c’est de l’amateurisme. Surtout qu’en réponse, M. Tebboune a, par décret, rétabli les couplets hostiles à la France, écrit en pleine guerre en 1954 et qui ne devraient plus être d’actualité aujourd’hui. Il est vrai cependant que la France aussi tarde à supprimer des passages de la Marseillaise rédigées pour la cause de la révolution française, qui n’ont plus de justification en 2023.

Larbi Bargach

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