Politique
Maroc-Algérie : La méfiance du Roi Hassan II,
Comment le Roi Hassan II, qui est sorti indemne de deux putschs, ferait-il confiance au r?gime alg?rien qui, se pr?valant d?une id?ologie ?r?volutionnaire, hostile ? l?imp?rialisme?, entrainait et armait des opposants extr?mistes marocains !
Tout porte ? croire, selon le journaliste et ?crivain Taieb Dekkar, que le souverain marocain aurait saisi la question du Sahara pour tester ? nouveau l?Alg?rie et conna?tre ses v?ritables intentions. Le r?gime alg?rien, estime l?auteur dans la version arabe de son livre ??Maroc-Alg?rie?: la m?fiance r?ciproque??, qui ?prouvait une haine visc?rale au souverain depuis la guerre des sables de 1963, avait, effectivement et clairement affich? ses intentions belliqueuses ? l??gard du Royaume. Selon l?auteur, dont le nouveau livre vient de sortir ? Rabat, L?esprit de revanche n?avait pas disparu de l?agenda et de la strat?gie de Boumediene, qui accueillait ? Alger, avec beaucoup de fracas ? les r?volutionnaires ? du monde entier, comme Fidel Castro dont tout le monde connait le sort auquel il a livr? son pays. Des diplomates cubains vivaient dans les sous sols d?immeubles de certaines capitales occidentales, sollicitant l?assistance pour survivre.
Pour le journaliste, qui ?tait correspondant de la MAP ? Alger, pendant 10 ans, Le malentendu entre le Maroc et l?Alg?rie s?est donc ?ternis? et devrait sans doute se perp?tuer pour quelques d?cennies suppl?mentaires. ??Cette rupture a ?largi davantage le foss? entre les deux pays, et s?est creus? encore plus suite ? la fermeture des fronti?res??. ?Boumediene a envoy? ses soldats pour attaquer le Royaume. L?arm?e alg?rienne s?est engag?e directement dans les combats. Certains soldats, sans exp?rience, ajoute l?auteur, dont des universitaires, rappel?s sous les drapeaux, se retrouvent face-?-face ? l?arm?e marocaine. Faut-il encore croire que ??l?Alg?rie n?avait ni chamelle, ni chameau au Sahara??. ?L?arm?e marocaine a encercl? des soldats alg?riens et en avait captur? une centaine environ, qui ne furent lib?r?s qu?au lendemain du sommet maroco-alg?rien, tenu ? la fronti?re en 1987, gr?ce aux bons offices de l?Arabie saoudite.
Selon lui, le Maroc n?avait pas fait de publicit? pour ces prisonniers de guerre et n?avait m?me pas annonc? la capture de soldats alg?riens ? l?opinion publique marocaine et aux m?dias ?trangers. ??Les autorit?s alg?riennes et leur prot?g?, le Polisario, par contre, montraient tous les jours, les prisonniers marocains ? qui le voulait??.
Apr?s la lib?ration des prisonniers alg?riens, Alger annon?a qu?il s?agissait de soldats qui se sont simplement ???gar?s?? en territoire marocain. Le souverain d?funt s??tait abstenu d?exercer le droit de poursuite. ??S?il l?avait fait, la guerre aurait ?clat? et Boumediene esp?rait un tel glissement, qui correspondait sans doute ? ses v?ux??, souligne l?auteur dans ce livre de 266 pages.
Lors du premier coup d?Etat de Skhirat, la radio alg?rienne qui mettait son antenne ? la disposition d?opposants marocains, qui sont tous rentr?s au pays, ult?rieurement, avait appel? les marocains ??? la vigilance?? , dans ses journaux de la journ?e. Contrairement ? khaddafi, qui s??tait empress? d?apporter son soutien aux putschistes, Boumediene avait appel? au t?l?phone le Roi Hassan II pour s?assurer s?il contr?lait encore la situation, avant de se d?terminer. Le Roi, prenant les choses du bon c?t?, en tant que diplomate aguerri, avait affirm? que Boumediene a ?t? le premier chef d?Etat ?tranger ? l?appeler, pour prendre de ses nouvelles et l?assurer de son soutien, tout en sachant que Boumediene l?avait toujours combattu. Alger accueillait des dizaines d?opposants, dont certains ?taient log?s dans de fastueuses r?sidences sur les hauteurs d?Alger. La monarchie ?tait trait?e de ??r?gime f?odal, alli? de l?imp?rialisme??. Alger ?tait par contre un pays ??progressiste, populaire et d?mocratique??, comme aujourd?hui d?ailleurs. Les membres influents du FLN ?taient aur?ol?s de titres flatteurs du genre ??membre du commandement de la r?volution, membre du secr?tariat permanent, membre du bureau politique?. Le FLN ?tait la source de promotion sociale, de privil?ges, de recrutement (limousines, voyages ? l??tranger, bourses d??tudes, logements). Lors des obs?ques de Boumediene, les autorit?s d?Alger avaient refus? la participation d?une d?l?gation marocaine, conduite par Ahmed Osmane, premier ministre et gendre du Roi. Les relations diplomatiques furent rompues en 1976, lorsque Alger annon?a, la premi?re au monde, la reconnaissance de la RASD, inaugurant ainsi une guerre diplomatique contre le Maroc, gr?ce aux p?trodollars, qui s??ternise jusqu?? ce jour. Alger avait ?galement refus? la diffusion d?un message de condol?ances de l?USFP, en publiant toutefois le message de dissidents du m?me parti, ? partir de Paris.