Migration et drame des NEETS – Par Tarik El Medlaoui

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Des migrants prennent d'assaut une clôture de barbelés alors qu'ils tentent d’accéder à Sebta, près de Fnideq, dans le nord du Maroc, le 15 septembre 2024. (Photo par AFP)

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Par Tarik El Medlaoui

Les vidéos et images ayant circulé sur la toile, ainsi que les dépêches des journaux télévisés concernant le récent appel à une tentative d’immigration collective, ont choqué l’opinion publique.

Si plusieurs experts ont interprété cet appel comme une manœuvre orchestrée par une tierce partie dans un but de déstabilisation, sans pouvoir pour autant identifier cette partie prenante, l’État dispose de tous les moyens nécessaires pour en déterminer l’origine en temps voulu.

En voyant ces jeunes, face caméra, exprimer haut et fort leur volonté de passer à l’acte tout en décrivant leur désarroi social, je me suis souvenu de la récente étude du Conseil économique, social et environnemental (CESE) publiée en mai dernier à propos des NEET, ces jeunes “ni en emploi, ni en études, ni en formation”. Cette étude a révélé que 1,5 million de jeunes Marocains, âgés de 15 à 24 ans, appartiennent à cette catégorie. Ce nombre grimpe à 4 millions si l’on élargit la tranche d’âge jusqu’à 31 ans.

Cette étude reflète aujourd’hui la réalité d’une partie de notre jeunesse, démunie et dépourvue des moyens nécessaires pour faire face aux défis du quotidien. Le paradoxe est frappant : alors que notre pays est devenu un immense chantier à ciel ouvert, avec des échéances futures telles que l’organisation de la Coupe du Monde, des projets d’infrastructure majeurs et des réformes structurantes, ces opportunités ne profitent pas pleinement aux jeunes.

Au lieu d’être une opportunité, cette catégorie de jeunes est devenue, malheureusement, un handicap en raison de l’échec des différentes politiques publiques en matière d’éducation, de formation professionnelle et d’inclusion sociale.

Comment faire face à cette bombe à retardement qui menace aujourd’hui la stabilité et la cohésion sociale ? Malheureusement, les marges de manœuvre sont très limitées, et les remèdes doivent être instaurés sur le long terme. D’autre part, avant l’appel du 15 septembre, le gouvernement semblait complètement désintéressé de cette question, comme en témoigne la réponse du chef du gouvernement au Parlement. Celui-ci a évité le sujet, rejetant cette étude, et allant même jusqu’à remettre en question le timing de sa publication, soupçonnant une manœuvre politique visant à perturber le bilan à mi-mandat du gouvernement.

Ce genre de traitement et d’appropriation d’un sujet aussi capital que l’avenir de notre jeunesse ne peut rester dans le domaine des simples vœux politiques.

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