Pluies : Une bouffée d’eau pour Souss-Massa, Sidi Ifni, Fès-Meknès, Jerrada, Essouira et Sebou 

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A Souss-Massa le cumul pluviométrique oscille entre 81 et 200 mm, marquant une augmentation substantielle par rapport à l’année précédente.

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Les précipitations récentes ont insufflé un nouvel espoir aux agriculteurs marocains et marqué un répit après sept ans d’une sécheresse aigue. De Souss-Massa à Fès-Meknès en passant par Jerada et Essaouira, elles ont permis de revitaliser les cultures, de recharger les nappes phréatiques et d’améliorer les pâturages. Quels sont les impacts réels et les perspectives d’avenir pour l’agriculture marocaine ?  Un répit ou la fin d’un cycle de sécheresse ?

A Souss-Massa, Fès-Meknès, Jerada et Essaouira, les pluies ont apporté un soulagement aux agriculteurs et aux éleveurs. Ce retour des pluies a permis d’améliorer l’état des cultures, de recharger les nappes phréatiques et d’augmenter les réserves en eau des barrages. Décryptage des impacts positifs et des perspectives de développement du secteur agricole à la lumière de ces précipitations bienfaitrices.

Souss-Massa : Une agriculture revitalisée

Dans la région de Souss-Massa, les précipitations récentes ont eu des effets significatifs sur le secteur agricole et les ressources hydriques. Selon Lhcen Jabi, chef de la Division de développement des filières agricoles à la Direction régionale de l’agriculture, le cumul pluviométrique oscille entre 81 et 200 mm, marquant une augmentation substantielle par rapport à l’année précédente.

Ces précipitations ont eu des retombées bénéfiques sur les retenues des barrages, qui ont enregistré plus de 10 millions de m³ supplémentaires. Elles ont aussi permis une recharge progressive des nappes phréatiques, atténuant les effets de la sécheresse et irriguant les cultures pluviales.

L’agriculture de la région, qui repose en grande partie sur les cultures primeuristes et agrumicoles, bénéficie largement de ces apports en eau. Avec 451.165 hectares de terres cultivées et 106.664 hectares équipés en irrigation goutte à goutte, la région a su optimiser l’utilisation des ressources hydriques, notamment grâce aux projets structurants comme la sauvegarde du périmètre El Guerdane.

Ces pluies redonnent espoir aux agriculteurs. À Sidi Bibi (province de Chouka Ait Baha), on réjouit de cette aubaine qui augure d’une saison agricole prometteuse après un début d’année marqué par un déficit hydrique. En outre, la couverture végétale s’est améliorée, garantissant une meilleure disponibilité de fourrage pour le bétail et réduisant ainsi les coûts pour les éleveurs.

Sidi Ifni : au secours des cactus, de l’arganier et des filières agricoles et pastorales

Dans la province de Sidi Ifni, les précipitations (entre 60 et 70 mm), bien qu’en deçà des attentes, ont eu un impact positif sur plusieurs filières agricoles, notamment le cactus et l’arganier. Dadi El Ansari, directeur provincial de l’Agriculture, souligne que ces apports hydriques favorisent aussi la production de figues de barbarie, essentielle pour l’économie locale.

La recharge des nappes phréatiques et le remplissage des barrages collinaires contribuent également à soutenir la production agricole et pastorale. Les pâturages naturels se sont densifiés, ce qui allège les charges des éleveurs et soutient l’élevage des ovins et caprins.

Le ministère de l’Agriculture a pris des mesures d’accompagnement, notamment la distribution de fourrages subventionnés (4.000 quintaux d’orge et 3.000 quintaux de pulpe de betterave), ainsi que la mise à disposition de camions citernes pour l’abreuvement du bétail. Ces actions viennent en soutien aux 1.600 éleveurs bénéficiaires, garantissant une meilleure résilience face aux aléas climatiques.

Fès-Meknès : Une reprise agricole progressive

La campagne agricole 2024-2025 dans la région de Fès-Meknès avait commencé avec un déficit hydrique, mais les précipitations enregistrées depuis mars (241 mm en moyenne) ont redonné espoir aux agriculteurs. Certaines provinces, comme Ifrane et Taza, ont reçu plus de 80 mm en une semaine, favorisant les cultures céréalières et maraîchères.

Les céréales d’automne ont particulièrement bénéficié de ces pluies, avec 90% des semis réalisés. Le blé tendre (311.026 ha), le blé dur (167.590 ha) et l’orge (161.995 ha) couvrent une large superficie. Les cultures maraîchères (10.852 ha) connaissent également une évolution favorable, avec des productions importantes de pommes de terre, d’oignons et d’ail.

Les responsables de la Direction Régionale de l’Agriculture notent que la situation reste encourageante mais mesurée. Les prochaines semaines seront déterminantes pour assurer des rendements optimaux. La poursuite des précipitations et des températures modérées sera cruciale pour consolider cette reprise agricole.

Jerada : Une amélioration notable des pâturages

Dans la province de Jerada, où l’élevage constitue une part essentielle de l’économie locale, les précipitations ont permis une régénération importante des pâturages. Avec un cumul atteignant 110 mm cette saison, soit une augmentation de 124% par rapport à l’an dernier, l’impact est significatif sur la végétation et l’alimentation du bétail.

Selon Abderrahmane Anaflous, directeur provincial de l’Agriculture, ces pluies assurent non seulement une meilleure qualité des pâturages, mais aussi une recharge des puits et des réservoirs traditionnels. Avec 440.300 hectares dédiés à l’activité pastorale et un cheptel de 262.000 ovins, 62.000 caprins et 8.400 bovins, cette amélioration des ressources naturelles est une avancée majeure pour les éleveurs.

Essaouira : Redynamisation de l’arganier et de l’oléiculture

À Essaouira, province où l’arganier et l’olivier occupent une place centrale dans l’économie locale, les précipitations récentes ont eu un effet bénéfique sur la végétation. L’arganier, qui souffrait du stress hydrique, devrait voir une amélioration de sa floraison et de sa production d’huile.

Le directeur provincial de l’Agriculture, Ahmed Najid, souligne que plusieurs mesures d’appui ont été mises en place pour soutenir les agriculteurs. Des projets de reforestation et de plantation d’arbres résistants à la sécheresse ont été lancés, tandis que des investissements dans l’irrigation économes en eau sont en cours.

Par ailleurs, des initiatives de soutien aux coopératives locales visent à améliorer la commercialisation des produits du terroir et à renforcer la résilience des agriculteurs face aux variations climatiques.

Les barrages du Sebou : Une réserve d’eau en augmentation

Les précipitations ont également eu un impact majeur sur les réserves en eau des barrages relevant de l’Agence du Bassin Hydraulique du Sebou. Selon Khalid El Ghomari, ces barrages ont reçu près de 600 millions de m³ d’eau, portant leur taux de remplissage à 44%.

Des projets d’infrastructure hydraulique sont en cours, notamment la construction de cinq nouveaux barrages, pour un investissement total de 10 milliards de dirhams. Ces initiatives visent à améliorer la gestion des ressources en eau et à sécuriser l’approvisionnement des grandes villes comme Rabat et Casablanca.

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