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Précipitations : l’agriculture dans la région de Casablanca-Settat et à Rhamna entre espoir et prudence

L’agriculture dans la région de Casablanca-Settat semble ainsi retrouver un souffle nouveau, porté par une météo plus clémente et des mesures d’accompagnement adaptées. Toutefois, la vigilance reste de mise pour garantir une gestion durable des ressources
Par Saad ABOUDIHAJ – MAP avec Quid
Après des mois d’incertitude, les récentes précipitations viennent redonner espoir aux agriculteurs de Casablanca-Settat. Cultures, élevage, ressources hydriques : cette pluie tant attendue pourrait bien marquer un tournant pour la saison agricole en cours.
Après la longue période marquée par la sécheresse, les récentes précipitations ont apporté un soulagement considérable aux agriculteurs de la région de Casablanca-Settat. Avec un cumul pluviométrique atteignant 209 mm au 12 mars, soit une hausse de 53 % par rapport à la même période de l’année précédente, les conditions météorologiques s’annoncent enfin favorables pour les cultures et l’élevage.
Hssaïn Rahaoui, directeur régional de l’Agriculture de Casablanca-Settat, détaille cet entretien les effets positifs de ces précipitations et les perspectives qu’elles ouvrent pour la saison agricole en cours.
Une dynamique agricole relancée
Grâce à ces pluies abondantes et généralisées, les cultures ont retrouvé un développement normal et prometteur. La région, qui s’étend sur 756.425 hectares de terres cultivées, est particulièrement tournée vers les céréales d’automne (385.037 hectares), les légumineuses (7.610 hectares), les fourrages (46.308 hectares) et diverses cultures légumières.
Selon M. Rahaoui, ces précipitations auront des retombées positives sur le remplissage des barrages et des nappes phréatiques, contribuant ainsi à renforcer la résilience du secteur face aux épisodes de sécheresse. De plus, elles devraient encourager les agriculteurs à investir dans les cultures printanières, notamment le maïs et le pois chiche, avec une augmentation attendue des superficies cultivées pour compenser les pertes liées au déficit hydrique de certaines zones.
Un impact significatif sur les cultures et l’élevage
L’amélioration des conditions hydriques se traduit déjà par un effet bénéfique sur plusieurs filières agricoles. En premier lieu, les cultures maraîchères, notamment celles de printemps, devraient voir leur rendement augmenter grâce à une meilleure disponibilité en eau, réduisant ainsi temporairement la dépendance à l’irrigation par goutte-à-goutte. Cette situation pourrait également jouer un rôle dans la stabilisation, voire la baisse, des prix des légumes sur les marchés locaux.
Du côté de l’élevage, la régénération des pâturages constitue une véritable bouffée d’oxygène pour les agriculteurs, qui pourront alléger leur budget en aliments pour bétail, jusqu’ici fortement impacté par la sécheresse. Ce phénomène devrait indirectement contribuer à la baisse des coûts de production de la viande rouge et favoriser la reconstitution du cheptel.
Les arbres fruitiers bénéficieront aussi de ces précipitations, notamment les oliviers qui entrent actuellement dans leur phase de sortie de dormance. Après plusieurs saisons difficiles, la production oléicole pourrait ainsi connaître une nette amélioration.
Une impulsion pour la filière sucrière et des perspectives prometteuses
Parmi les autres filières qui devraient profiter de ces conditions favorables, la betterave sucrière occupe une place stratégique. La réduction de la pression sur les ressources en eau permettra une meilleure irrigation et favorisera un rendement élevé pour cette culture essentielle à la production sucrière régionale.
Pour accompagner cette dynamique, la direction régionale de l’Agriculture, en partenariat avec les acteurs du secteur, a mis en place, selon le responsable, un programme intensif pour la campagne agricole 2024-2025. Ce programme prévoit notamment la mise à disposition des agriculteurs de 330.000 quintaux de semences sélectionnées subventionnées, distribuées via 58 points de vente à travers la région, ainsi que 80.000 quintaux d’engrais spécifiques aux céréales.
Par ailleurs, les aides aux semences de pommes de terre, de tomates et d’oignons seront maintenues afin de soutenir la productivité et la diversification des cultures.
Un optimisme prudent face aux défis climatiques
Si ces précipitations représentent une opportunité pour l’agriculture régionale, les experts restent prudents quant à l’évolution du climat dans les mois à venir. « Pourvu qu’il pleuve encore pendant les prochains mois », souligne M. Rahaoui, insistant sur la nécessité de renforcer les stratégies d’adaptation face aux aléas climatiques.
L’agriculture dans la région de Casablanca-Settat semble ainsi retrouver un souffle nouveau, porté par une météo plus clémente et des mesures d’accompagnement adaptées. Toutefois, la vigilance reste de mise pour garantir une gestion durable des ressources hydriques et assurer la pérennité des cultures.
Régénération des parcours pastoraux à Rhamna
Du coté de Benguerir, à Rhamna, les précipitations enregistrées récemment dans la province ont eu des effets bénéfiques sur les terres agricoles et les ressources hydriques, augurant d’une saison agricole prometteuse et contribuant à atténuer l’impact de la sécheresse qu’a connue le Maroc ces sept dernières années.
Ces pluies, arrivées à une période où le déficit hydrique commençait à peser sur les cultures, constituent désormais une grâce pour le secteur agricole, a souligné le directeur provincial de l’Agriculture à Rehamna, Moulay Abdelaziz El Mellouki.
L’amélioration du taux de remplissage des retenues d’eau et la recharge progressive des nappes phréatiques contribueront à assurer un bon développement des cultures en place, ajoutant que les précipitations favoriseront la régénération des parcours pastoraux, garantissant ainsi des ressources fourragères suffisantes pour le cheptel, un atout majeur pour les éleveurs de la province.
M. El Mellouki précise que ces précipitations seront à même de créer des conditions favorables au développement du cactus, une culture résiliente qui s’adapte parfaitement aux spécificités climatiques de la région.
"Grâce à ces apports hydriques, cette plante, essentielle tant pour l’alimentation du bétail que pour la production de fruits destinés à la consommation, bénéficiera d’une meilleure croissance et d’un rendement accru", a-t-il dit.
Cette dynamique, et face aux défis posés par l’aridité, les agriculteurs de la province commencent également à s’intéresser à la culture du quinoa, une céréale aux multiples vertus, reconnue pour sa résistance aux conditions climatiques difficiles et sa haute valeur nutritive.
L’introduction de cette culture pourrait ainsi constituer une alternative prometteuse, contribuant à la diversification de la production agricole et à l’adaptation aux mutations climatiques.