Rahal Bourik, une compétence confirmée à la tête de l’Institut royal pour la recherche sur l’Histoire du Maroc

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Rahal Boubrik, nouveau Directeur de l’Institut Royal pour la recherche sur l’Histoire du Maroc

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Au cours du conseil des ministres présidé par le Roi Mohammed VI, le Souverain a nommé Rahal Boubrik, Directeur de l’Institut Royal pour la recherche sur l’Histoire du Maroc.

Cet institut a été créé au sein de l’Académie du Royaume du Maroc en vertu de son nouveau cadre juridique auquel a présidé Abdeljlil Lahjomri, et qui a été approuvé en Conseil des ministres et adopté par la Chambre des représentants en novembre 2020.

Il s’articule autour de quatre axes : les missions de l’Académie de manière à contribuer fortement à la renaissance intellectuelle, scientifique et culturelle du Royaume, la refonte du système d’adhésion rationnalisant la procédure de nominations des membres, la restructuration des organes de l’Académie en vue de la création d’une structure académique en charge de sa stratégie et  de son déploiement qui englobe entre autres une haute instance de la traduction, l’Institut académique des Beaux-Arts et Institut royal pour la recherche sur l’histoire du Maroc.  

Rahal Boubrik, est titulaire d’un doctorat en Histoire de l’Université d’Aix Marseille et d’un DEA de l’Université de la Sorbonne-Paris. Il assurait depuis 2013 les fonctions de Directeur du Centre des études sahariennes à Rabat, après avoir exercé en tant qu’enseignant chercheur à l’Institut des études africaines relevant de l’Université Mohammed V de Rabat, ainsi que professeur invité à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales à Paris. Il a aussi été enseignant aux Universités d’Agadir et de Kénitra (2000-2011).

En date du 6 août 2023, le Quid.ma avait consacré une chronique de Mustapah Sehimi sur le LIVRE DE RAHAL BOUBRIK :LA QUESTION DU SAHARA - AUX ORIGINES D'UNE INVENTION COLONIALE, 1884-1975, dont voici le texte  et le lien :

Un livre de Rahal Boubrik :LA QUESTION DU SAHARA - Aux origines d'une invention coloniale, 1884-1975- Par Mustapha SEHIMI

Un nouveau livre* du professeur Rahal Boubrik (Institut d’études africaines de Rabat) sur la question nationale. Il retient évidemment l'intérêt par définition, pourrait-on dire. Mais en l'espèce, il se distingue de tant d'autres publications dans ce même domaine par autre chose : le processus historique durant près d'un siècle qui a conduit à l'”invention d'un territoire par la colonisation”. L’angle est celui des deux puissances coloniales (Espagne, France) à travers une documentation d'archives. 

Une première classification s'impose :  la notion de “ Sahara occidental” est une invention coloniale pour désigner le territoire compris entre l'Oued Noun et le Rio de Oro. Ce terme fait son apparition pour distinguer cette partie du “Sahara central” et du “Sahara occidental”. Les premiers explorateurs en parlent dans leurs écrits ; puis, les militaires et les administrateurs des puissances occupantes ; et son usage pour la Saguiet el Hamra et le Rio de Oro.  La colonisation s'est faite par touches successives : des comptoirs commerciaux, des sociétés “savantes” aussi missionnées surtout pour explorer le territoire, des accords avec les notables des tribus locales qui seront instrumentalisés pour “ légitimer”  ensuite l'occupation… Suivra le dépeçage de l'Empire chérifien. Dès le début du siècle, Madrid et Paris œuvrent aussi à délimiter leurs “ possessions” dans cette zone de l'Ouest saharien, l'Angleterre et l'Allemagne demeurant en veille… L’acte signé le 27 juin 1900, à Paris, vient formaliser les positions respectives de la France et de l'Espagne ; sont ainsi précisées les limites septentrionales- une opportunité pour ce dernier pays de prolonger l'occupation des frontières théoriques vers la Saguiet el Hamra et l’Oued Drâa.

Avec le traité du 30 mars 1912, la France a imposé au Maroc le protectorat. La résistance nationale s'organise suivant des séquences successives. Se distingue ainsi durant des décennies notamment le Cheikh Mâ’El Aynayn, très lié au sultan Moulay Hassan 1er et ses successeurs et une figure religieuse prestigieuse. L’auteur explique dans le détail comment s'est posé alors le problème des frontières bien avant ce traité et ce “entre logique coloniale et réalité sociopolitique”. A preuve, entre autres, la division de l'espace septentrional- dit “payer des Tekna”- de la Saguiet el Hamra jusqu'à l’Oued Noun avec la partie nord attribuée aux Français et la partie sud concédée aux Espagnols. Pour les nomades de la région, ce découpage n'avait pratiquement aucune pertinence d'autant plus qu'ils ignoraient l'existence même de la convention entre Madrid et Paris. Ce n'est qu’ultérieurement, à compter du milieu du 20ème siècle que la question de ces frontières va avoir des conséquences. En tout état de cause, ces frontières étaient théoriques avec des limites fixées par des forces coloniales. Elles ne prenaient pas en compte les réalités sociales, les tribunaux nomades pâtissant de cette politique (espaces de pâturage divisés, juridictions mal définies par l'administration militaire et les états-majors coloniaux). Il faut rappeler que bien avant le protectorat en 1912, la question des frontières des zones du Maroc saharienne à l'Est (avec l'Algérie) comme celle du Sud-Ouest (de l’Oued Noun à Tiris) se posait.  En 1844, après la défaite d’Isly, la France et le Maroc ont signé un accord de paix à Tanger. Il était convenu au départ que les frontières entre l'Algérie et le Maroc seraient tracées, alors qu'elle n'était pas bornées sur le terrain.  Le traité de Lalla Marnia (18 mars 1845) stipule: “(qu’) Sud des pays du pays du ksour, c'est-à-dire de Figuig, c'est le désert proprement dit, et tout délimitation y serait superflue” (art.6).

Maroc : résistance et libération

 Avec l'indépendance du Royaume, en mars 1956, c'est la fin du protectorat français et la restitution par l'Espagne de la zone Nord au Maroc, mais le territoire de la zone sud (Sahara et Ifni) reste encore sous occupation coloniale. La complexité de la décolonisation du Maroc a été particulière en ce sens qu'elle n'a pas concerné une seule puissance étrangère : une partie de son territoire sous protectorat française, une zone internationale de Tanger administrée par 13 puissances est une autre partie sous protectorat espagnol. Il faut encore ajouter que Madrid a fragmenté ses colonies en zones : zone Nord, zone Sud (Tarfaya, Saguiet el Hamra et Rio de Oro, l’enclave d’Ifni). 

 Depuis plus de sept décennies, la question du parachèvement de l'intégrité territoriale du Royaume est à l'ordre du jour et au premier plan. La résistance militaire a été illustrée par l'Armée de Libération du Sahara en 1958 contre les troupes coloniales, sous l'autorité directe du Sultan. L’Espagne et la France s'allient dans le cadre de l'opération Ecouvillon (1957- 1958). La supériorité militaire de ces deux pays s'affirme face à l'Armée de Libération du Sahara qui n'était pas une armée régulière et qui menait en faite une guerre d’usure. Le Maroc poursuit ses revendications exprimées par Le Roi Mohammed V dans son discours historique à M’Hamid el Ghizlane (25 février 1958). 

Le livre fourmille de faits puisés dans des archives et témoignages. Il rend bien compte des menées incessantes de Paris et de Madrid soit pour diviser les tribus Sahraouies soit encore pour contrer les revendications marocaines de son Sahara historique central. Au début des années 60, le Maroc opte pour la négociation avec l'Espagne, laquelle se traduira par une rencontre entre le Roi Hassan II et le général Franco, “ la rencontre de Barajes, le 6 juin 1963. Rien n'est réglé, ce qui conduit le Royaume à porter le combat à l'ONU.  Devant les instances onusiennes, Rabat défend une application conséquente de la résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960 qui prévoyait bien le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes mais aussi le principe de respect de l'unité et de l'intégrité territoriale. L'ex-Sahara occidental est marocain ; il fait partie du territoire national sur la base de titres de légitimité et de droits historiques.  Le Royaume a vu son territoire morcelé par l'occupation coloniale. Et le parachèvement de son intégrité territoriale doit être mené à son terme jusqu'à la récupération des provinces méridionales.

L'auteur consacre, par ailleurs, de longs développements à l'évolution de la question nationale depuis un demi-siècle. La Marche Verte de 1975, les menées d'Alger dans la région et dans les instances internationales. Il s'agit là d'”un projet colonial” de l’Algérie reprenant celui de Madrid - un “Etat fantoche” et un prétendu “ peuple sahraoui”. Mais dans le même temps, ce voisin de l’Est  s'engageait sur le plan militaire en armant et encadrant le mouvement séparatiste. La confrontation avec les FAR a eu lieu à Amgala (sud-est de Smara) à la fin janvier 1976 . Après trois jours de combat, le bilan est lourd pour l’ANP de Boumediène (200 morts et 106 prisonniers-  dont l'actuel chef d'état-major Chengriha…).

L'histoire en témoigne : le “Sahara occidental” est une création par étapes des puissances coloniales. Le Sahara a été sectionné de ses frontières authentiques et historiques sur la base d'une politique de fractionnement. L’histoire contemporaine en marche s'emploie à corriger ces amputations. Pour le Maroc, une longue marche sans doute. Une épopée …

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*Rahal BOUBRIK, “La question du Sahara marocain, aux origines d'une invention coloniale, 1884-1975”, éditions la Croisée des Chemins, Casablanca 2023, 361 p. 

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