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Un Maroc ouvert sur sa région et des institutions de la diaspora qui ont fait leur temps occupent le discours royal – Par Naïm Kamal
Le Roi Mohammed VI a appelé le gouvernement « à diligenter l'adoption de la nouvelle loi relative au Conseil des Marocains à l’Étranger, dans la perspective de son installation dans les meilleurs délais »
Par Naïm Kamal
Le discours royal commémorant le 49ème anniversaire de la Marche Verte, ne se contente pas de célébrer un événement historique de grande envergure pour le Maroc. Si sa structure, concise et économe en mots, revient sur les valeurs de souveraineté, de légitimité et de développement en insistant sur la marocanité du Sahara et l’importance de cet attachement national, c’est pour ressortir la légitimité historique et morale de la récupération de cette partie du Sahara par le Maroc.
Si le droit historique du Maroc antérieur au droit international tel qu’il s’est développé avec la création des Nations Unies a été reconnu valide par la Cour de Justice Internationale permettant ainsi le lancement en toute légalité de la Marche Verte, trois grands supports, rappelé par le Souverain, viennent aujourd’hui consolider et conforter la position marocaine : l’attachement de la population sahraouie à la mère-patrie, le développement socio-économique du Sahara et la reconnaissance internationale grandissante de cette région comme partie intégrante du Maroc.
Une invitation à la coopération régionale
Ceci étant, le roi ne se prive pas de critiquer directement les opposants à la marocanité du Sahara, « ancrés dans le passé » et « déconnectés du monde réel ». Cette juxtaposition entre les progrès marocains et la stagnation des détracteurs renforce la position du Maroc comme acteur réaliste et ouvert. La description, selon toute vraisemblance, de l’état des lieux dans l’Algérie voisine, ne s’est pas limitée à une ferme sur l’intégrité et l’unité territoriales du Royaume ou à des réponses cinglantes à une mosaïque d’intérêts diverses hostiles au Maroc.
Dans son bon droit, l’argumentaire royal s’élargit à l’ouverture du Maroc à une coopération régionale qui se manifeste dans le soutien du Maroc aux États du Sahel pour leur accès à l’Océan Atlantique. Après avoir souligné ce qu’il y a dans les positions d’Alger et accessoirement de son proxy, de contradictoire et d’incohérent, le Souverain a une fois de plus tendu la main à ces « autres, (qui) dans leur convoitise d'un accès à l'Atlantique, instrumentalisent l'affaire du Sahara » pour leur dire « tout simplement » qu’il n’y est « pas opposé », rappelant que le Maroc a été précisément « l'artisan d'une initiative internationale tendant à faciliter l'accès des Etats du Sahel à l'Océan Atlantique. Conçue dans un esprit de collaboration, de partenariat et de progrès partagé, cette entreprise se propose d'être bénéfique à l'ensemble des pays de la région. »
Développement inclusif
Le discours royal comme pour rappeler d’une manière subliminale que le dossier du Sahara, contrairement au dessein de ceux qui l’ont créé de toutes pièces pour au pire ruiner le Maroc et au mieux enrayer son développement, n’a jamais perturbé le Royaume dans sa quête d’une position respectable et respectée parmi les Nations. En mettant en lumière l’importance des sacrifices consentis par la génération de la Marche Verte et en appelant à un engagement continu qui ne s’est d’ailleurs jamais démenti, le Souverain est passé à autre chose en élargissant la perspective de développement à l’ensemble des régions marocaines, suivant une vision inclusive, « du Rif au Sahara, de l'Oriental à l'Océan, en passant par les zones montagneuses, les plaines et les oasis ».
Les Marocains du monde : un pilier stratégique
C’est à ce titre que quasiment toute la seconde partie du discours a été consacrée à la diaspora marocaine qui n’est plus Résidants Marocains à l’Étranger mais Communauté appelée à contribuer activement à la défense de l’intégrité territoriale. Ce chapitre qui se veut une réponse concrète aux besoins de cette population territorialement dispersée, fait suite au discours du 20 août 2022 dans lequel le Roi s’est interrogé sur l’efficience du cadre législatif en place, des politiques publiques et des procédures administratives. Le Souverain avait conclu son discours en précisant qu’il était « grand temps de moderniser et de mettre à niveau le cadre institutionnel afférant à cette catégorie de citoyens que Nous chérissons » et qu’il importait aussi de « reconsidérer le modèle de gouvernance des institutions existantes afin d’en rehausser l’efficience et la complémentarité ». Ne voyant rien venir, il revient à la charge pour dicter la restructuration de ces institutions et en exiger l’accélération en vue de recentrer et optimiser la mobilisation de la diaspora.
L’intervention ferme du Roi va jusqu’à détailler pour le gouvernement la forme de la restructuration en les appelant « à diligenter l'adoption de la nouvelle loi relative au Conseil des Marocains à l’Étranger, dans la perspective de son installation dans les meilleurs délais », ainsi que de "la Fondation Mohammedia des Marocains résidant à l'étranger", dédiée, une fois créée, à devenir le bras opérationnel de la politique publique en la matière. »