Politique
Le Mouvement Damir se met en colère
La profondeur de la crise sociale dans les domaines de l'emploi, du logement, de la santé et de l'éducation, constatée et reconnue aujourd'hui par tout un chacun, une crise qui alimente constamment les manifestations, témoigne de la légitimité des luttes enregistrées depuis un moment sur la scène nationale
Lors de sa dernière réunion, le Bureau exécutif du Mouvement Damir a arrêté son programme d'action pour l'année 2019 et a décidé d’organise une série de séminaires, rencontres et journées d'étude. La question sociale et les nouvelles formes de protestation qui ont été signalées dans plusieurs régions du pays, et qui revêtent une importance sans précédent, sont les préoccupations majeures du bureau exécutif, en plus des préoccupations intellectuelles et culturelles. À cet égard, le Bureau a décidé de tenir une journée d'étude au cours de laquelle des chercheurs marocains se pencheront sur les "Nouvelles formes de protestations sociales". Un séminaire se penchera dans les prochaines semaines sur "le modèle de développement requis dans ses dimensions économiques et sociales". Il est prévu la production d'un document de référence pour contribuer au débat public autour de la question. Un symposium sur "L'école et le modèle de développement" est également prévu.
Sur un autre sujet, le bureau a décidé de relancer un projet précédemment entamé qui concerne l'organisation, avec les partenaires du mouvement, d'un colloque international sur la thématique du sort de l'extrémisme religieux et de ses répercussions intellectuelles, politiques et sécuritaires au vu des actes de violence enregistrées ces dernières années.
Dans la série de colloques que le mouvement Damir privilégie depuis sa création autour du rapport de la religion aux différents aspects de la vie sociale, et compte tenu des débats qui ont animé récemment l'espace public et les réseaux sociaux, le Bureau a décidé d'organiser un colloque international sur le thème « Religion et sexualité » avec la participation de spécialistes et de participants de différents horizons.
Le bureau exécutif a également passé en revue plusieurs points liés à la situation générale du pays et a enregistré à cet égard:
1. L'atmosphère générale caractérisée par de multiples formes de mécontentement populaire contre les politiques publiques du gouvernement et contre certains agissements répétitifs des autorités pour régler des différends ou faire appliquer des décisions qui ne tiennent pas compte les priorités réelles des citoyens et des réclamations populaires, ce qui a entraîné à de nombreuses reprises des tensions et plusieurs formes de violence verbale, ainsi que des manifestations et des sit-in.
2. Recrudescence de différentes expressions d'impatience et de déception parmi les différentes couches de la société, allant jusqu’à mettre en avant la crainte de ce qu'il est d’usage de nommer « faillite générale », prenant la forme d'une émigration par voie maritime ou adoptant un discours de condamnation comme discours majeur et spontané, à l’adresse de l'État à tous ses niveaux de responsabilité.
3 - L'attitude insouciante du gouvernement et des responsables, ainsi que leur incapacité à interagir avec ce phénomène de masses en colère qui s'étend jusqu'aux jeunes supporters dans les stades, phénomène qui a conduit certains parmi eux à des agissements graves portant atteinte à l'unité de la patrie.
Le mouvement Damir estime que la situation générale évoquée plus haut laisse présager un phénomène virulent qui risque de faire perdre confiance dans la chose politique et dans la crédibilité des institutions, ainsi que dans les promesses officielles de l'État, ce dernier tardant à mettre en œuvre des moyens urgents et efficaces pour résoudre les brulants dilemmes qui lèsent gravement la population, en particulier les couches sociales démunies dans les milieux les plus pauvres.
L’attitude générale de l'État et ses traditionnelles méthodes de gestion n'ont pas été en mesure de répondre aux exigences des mutations qui ont affecté la société à divers niveaux : prise de conscience, nouvelles formes de représentations et aspirations légitimes, et ont ainsi maintenu des pratiques dépassées qui s’entêtent à traiter le citoyen comme un être mineur et immature, en particulier dans les zones rurales, avec des méthodes de gestion ne prêtant pas attention aux inégalités sociales criantes qui alimentent la colère plus que ne le font les besoins pressants eux mêmes.
Même les petits investisseurs qui n'adoptent pas le discours répandu sur la "faillite générale" et qui sont disposés à contribuer par leurs investissements à l'essor économique, ne trouvent guère de motivations ni d'encouragements dans les politiques en vigueur, puisque les outils administratifs et les institutions financières sont pris en otage par les plus riches, les plus influents et les plus puissants.
Le bureau a également passé en revue la situation qui continue à prévaloir dans le dossier de la Samir. Il est à rappeler que l’un des membres du bureau de Damir figure parmi les membres du Front constitué pour sa sauvegarde. Dans ce cadre, le Mouvement Damir observe avec regret et inquiétude le sort réservé aux salariés de la société La Samir. Le Mouvement ne comprend pas les motivations réelles à la passivité du gouvernement dans le traitement de ce dossier; attitude qui conduit inéluctablement ce joyau de l'industrie nationale au collapse définitif. Le Mouvement exprime sa solidarité avec les initiatives citoyennes du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine et soutient sa démarche pour défendre tant les emplois directs et indirects liés à la raffinerie de Mohammedia, que l'indépendance énergétique de notre pays, le pouvoir d'achat des citoyens et la compétitivité de nos TPME. Enfin, Le Mouvement Damir exprime sa grande inquiétude quant à la politique mal pensée de libéralisation des prix des hydrocarbures, qui a conduit à une hausse vertigineuse des prix à la pompe et à une explosion indue des marges et des profits des distributeurs.
La profondeur de la crise sociale dans les domaines de l'emploi, du logement, de la santé et de l'éducation, constatée et reconnue aujourd'hui par tout un chacun, une crise qui alimente constamment les manifestations, témoigne de la légitimité des luttes enregistrées depuis un moment sur la scène nationale. C’est ce qui légitime l’insistance du mouvement Damir sur la revendication formulée depuis un certain temps sur la nécessité de libérer tous les détenus condamnées suite aux manifestations sociales pacifiques dans toutes les régions du pays: Jerada, Al Hoceima, ...
Sur un autre sujet, le bureau a examiné les informations qui circulent à propos du traitement inacceptable par les autorités d’un certain nombre de migrants africains qui ont été conduits dans des zones reculées et livrés à eux-mêmes, face à l’inconnu.