L’impérative et urgente harmonisation de la prise en charge thérapeutique de la schizophrénie au Maroc

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L’OMS classe cette psychose parmi les 10 maladies les plus handicapantes. Elle peut avoir des répercussions négatives sur tous les domaines de la vie, y compris le fonctionnement personnel, familial, social, éducatif et professionnel.

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La schizophrénie est une maladie mentale déroutante. Le malade en souffre. Sa famille proche en souffre. Tout son entourage en souffre. Jusqu’à récemment, il n’y avait pas de traitement standardisé contre cette maladie, dont le principal trait est la coupure totale avec le monde réel. La communauté scientifique internationale a fait beaucoup de recherche. Des médicaments ont été développés. Mais la prise en charge thérapeutique de la maladie reste inégale, d’un pays à l’autre, d’un hémisphère à l’autre.

Harmoniser la prise en charge thérapeutique de la schizophrénie au Maroc, c’est le défi que s’est lancée la société marocaine de psychiatrie(SMP), association scientifique regroupant tous les psychiatres du Maroc, pour son mandat 2022-2023. 

On estime à 340.000 Marocains qui souffrent de schizophrénie. Alors que le monde entier en compte 24 millions, soit 1 personne sur 300.

C’est ce que’indique le Pr Abderrazzak OUANASS, président de la société Marocaine de Psychiatrie, qui tient son prochain congrès national, à Marrakech, les 27 et 28 mai 2022.

Le principal enjeu de cette édition nationale de formation médicale continue en psychiatrie est l’élaboration, pour la première fois au Maroc, des premiers protocoles thérapeutiques de la schizophrénie au Maroc, tient à préciser Pr OUANASS, Médecin directeur adjoint de l’hôpital universitaire psychiatrique du CHU de Rabat-Salé. 

Ces protocoles thérapeutiques seront élaborés après des concertations approfondies et consensuelles entre les psychiatres marocains et étrangers, tous les secteurs confondus, universitaire, public, privé et militaire et en se basant sur des recommandations internationales d’institutions comme l’OMS.

Par conséquent ce guide thérapeutique constituera dorénavant une référence scientifique nationale pour toute prise en charge thérapeutique de la schizophrénie. 

De même, le respect de ses protocoles par les médecins prescripteurs, sera le garant et la base sur lesquels les Organismes de remboursement des frais de soins psychiatriques, vont pouvoir accepter ou rejeter une prescription psychiatrique contre cette pathologie très complexe qu’est la schizophrénie, de longue durée.

Il faut rappeler que plusieurs études parcellaires marocaines montrent que 75% des familles marocains vivant avec un malade schizophrène, ne comprennent pas la nature cette maladie et se retrouve impuissants devant une situation qui les dépasse/

 Certains parents, par nécessité ou par fausses croyances ont tendance à faire appel à la sorcellerie plutôt qu’à la médecine moderne. 

Ces mêmes études révèlent que 70% des personnes souffrant de cette pathologie mentale sont passés par la case guérisseurs traditionnels, herboristes, fqihs ou toute autre forme de charlatanisme. 

Faut-il le rappeler, par manque de moyens aussi, beaucoup de familles atteintes par cette maladie dans l’un de ses membres se rabattent sur Bouya Omar et autres pseudo saints 

Toutes les rencontres scientifiques marocaines sur la psychiatrie, régionales ou nationales, remettent sur le tapis, cette réalité sociale, face à l’incompréhension de la maladie psychiatrique par les familles, regrette le Pr OUANASS. 

Cette maladie mentale qui touche 1% des Marocains, est une psychose caractérisée par la perte de contact avec la réalité. 

L’OMS classe cette psychose parmi les 10 maladies les plus handicapantes. 

Elle peut avoir des répercussions négatives sur tous les domaines de la vie, y compris le fonctionnement personnel, familial, social, éducatif et professionnel.

La schizophrénie reste une maladie méconnue, parfois des malades eux-mêmes. Ainsi, environ un tiers des personnes schizophrènes ne bénéficient pas du suivi médical qui pourrait améliorer considérablement leurs souffrances et leur existence.

Car, la schizophrénie se caractérise par des manifestations qualifiées d’étranges (hallucinations auditives et visuelles, idées délirantes, propos incohérents), mais également par des symptômes tels que la dépression, l’apathie et des troubles cognitifs (troubles de la mémoire, de la motricité et de l’attention). 

L’impact sur la vie quotidienne est important, et engendre bien souvent repli sur soi et désinsertion sociale. Jusqu’à l’envie d’en finir : 40% des personnes atteintes tentent de se suicider et 10% y parviennent.

Jusqu’à récemment on qualifie cette pathologie mentale d’incurable.

Mais, depuis, d’énormes progrès thérapeutiques ont fait leurs apparitions. Les innovations thérapeutiques sur cette maladie psychiatrique seront au rendez lors du congrès national de psychiatrie de mai 2022 à Marrakech. 

Pour le Pr A. OUANASS, il existe plusieurs options thérapeutiques efficaces pour les personnes atteintes de schizophrénie : les médicaments, la psychoéducation, les interventions familiales, la thérapie cognitivo-comportementale et la réadaptation psychosociale, par l’acquisition de nouvelles compétences pratiques.

Il ajoute que l’aide à la vie quotidienne, le logement avec services de soutien et l’emploi aidé sont des possibilités essentielles qui devraient être proposées aux personnes atteintes de schizophrénie.  Des concepts nouveaux sous nos cieux marocains. 

Enfin, une approche axée sur le rétablissement – visant à donner aux personnes la possibilité de prendre des décisions au sujet de leur traitement – est essentielle pour les personnes atteintes de schizophrénie et pour les familles et/ou les aidants, insiste le président de la société marocaine de psychiatrie.

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