Un voleur de b?tail a ?t? battu ? mort par une foule que le mois du Ramadan, mois de la mis?ricorde et de la paix, n?a fait qu?exciter. Le mois sacr? n?a pas r?ussi ? se passer sans qu?advienne ce ? quoi ont ?chapp?, en d?finitive miraculeusement, les deux filles d?Inzgane et l?homosexuel de F?s. Je dis le mois sacr? n?a pas r?ussi, c?est juste pour ne pas d?roger aux r?gles et traditions marocaines qui veulent que la faute incombe toujours ? l?autre m?me quand c?est de l?immat?riel comme une p?riode de je?ne pieux. Je dis je?ne pieux comme j?aurais dit un v?u arrim? au m?me adjectif. Le rapport des Marocains aux forces de l?ordre a beaucoup chang? depuis quelques ann?es et la seule vue de la tenue ne produit plus le m?me effet sur les citoyens (Cf. la chronique de A. Chara?). Les d?linquants qui prenaient leurs jambes ? leur cou ? l?apparition d?un v?hicule de police n?h?sitent plus ? les affronter ? l?arme blanche. C?est une ?volution naturelle des choses ? laquelle les forces de l?ordre et de s?curit? finissent forc?ment par s?adapter, sous peine de perdre tout contr?le de la situation. Mais avec les actes d?Inezgane, de F?s, aujourd?hui de Midelt et aussi, tout r?cemment, l?acharnement de la foule ? Safi contre une adolescente en short, on passe dans une autre dimension. Ces violences collectives s?inscrivent dans un autre registre que l?affrontement avec la police auquel se livre la d?linquance. Se sont en v?rit? les pr?mices des milices et de la police de l?ordre moral en dehors de l?Etat et de ses lois. Ce sont in fine les pouvoirs r?galiens de celui-ci sur l?ordre et la s?curit? qui lui sont par touches subtilis?s. Certains faucons de l?ordre absolu peuvent voir dans ces glissements le moyen d?un retour en force de la politique des biceps et des pectoraux ? la demande des paisibles citoyens apeur?s. Il faut toutefois se m?fier de la premi?re maille du tricot qui s?effile. ?Si on ne la recoud pas d?s son apparition, elle peut induire ?l?effilochement ?de toute la construction.