Comment l’Algérie cherche à déposséder le Maroc de son identité ? Par Abdelahad Idrissi Kaitouni (2ème partie)

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A croire les élucubrations cd cartains « historiens » algériens, un officier algérien aurait profité de la confusion généralisée provoquée par la mort des trois rois à la fois, pour se faire passer pour Ahmed, le frère de Abdelmalek, et avait de ce fait réussi à se faire proclamer Roi à sa place. Ainsi le grand Ahmed Al Mansour n’aurait été autre qu’un audacieux officier algérien !

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Mont Tropic ou houris au paradis, le tropisme des Marocains – Par Abdelahad  Idrissi Kaitouni

Avec truculence et humour, mais non sans indignation, Abdelahad Idrissi Kaitouni traque dans cette article en trois parties, comment l’Algérie officielle tente désespérément de se construire une histoire et un récit national en puisant sans retenue dans ceux des autres pays. Jusqu’à trouver des origines algériennes à des Pharaons d’Egypte ou encore de faire du roi marocain de la dynastie saâdienne, Ahmed Al Mansour Eddahbi, un algérien qui se serait substitué par un tour de passe-passe au vrai Ahmed. Dans la première partie, à tout seigneur tout honneur, il a tenté de psychanalyser « L’Algérie, et l’obsession marocaine ». Dans la troisième il évoque « Le Maroc, et la malédiction algérienne ! » Dans cette deuxième partie, il traite de « La démence de l’historiographie officielle algérienne ». 

2ème partie

La démence de l’historiographie officielle algérienne !

Abou El Kacem Saâdallah était-il si prolifiques que ça ? En quelques années il a publié un grand nombre d’ouvrages dont dix ont été compilés sous le titre : « L’Histoire Culturelle de l’Algérie ». De son propre aveu, il a été confronté à l’absence de sources historiques. Car, prétendait-il, au lendemain de l’occupation française, les érudits « algériens » se sont volatilisés un peu partout dans le monde en emportant avec eux toutes les sources qui témoigneraient de l’existence d’une « histoire algérienne ». Il a donc été amené à sillonner le monde, avec de fréquents séjours au Maroc, pour recueillir un maximum de documents de cette histoire imaginaire. 

Passe encore qu’il cite le Maroc comme le point de ralliement par excellence de ces érudits qui auraient fui l’occupation, et par conséquent le pays qui abriterait le plus de manuscrits perdus. Mais le plus grotesque c’est qu’il prétend, avec l’aplomb qui sied à un menteur professionnel, avoir consulté dans des bibliothèques aux États Unis et au Japon des manuscrits retraçant l’histoire des peuplades qui constituent ce qu’on appelle aujourd’hui l’Algérie. Mensonge d’autant plus gratuit qu’il est aisé de vérifier auprès de ces bibliothèques qu’il n’existe pas de manuscrits de ce genre.

La question lancinante est de savoir comment, en l’absence de sources historiques, a-t-il pu, en si peu de temps, édité cette « œuvre » monumentale ? A-t-il tout simplement appliqué mécaniquement le recette Boumediene, consistant à faire du copié-collé avec la substitution systématique du nom Algérie à celui du Maroc ?

Lire aussi : Première partie de COMMENT L’ALGÉRIE CHERCHE À DÉPOSSÉDERLE MAROC DE SON IDENTITÉ ? PAR ABDELAHAD IDRISSI KAITOUN 

Avec lui, et pour ses disciples, tout est manifestement algérien, y compris pendant les millénaires pendant lesquels le mot Algérie n’existait pas encore. Ainsi par exemple, ont-ils affligé Ibn Battouta d’une origine algérienne au mépris d’écrits avérés de sa naissance à Tanger. Que n’ont-ils pas été plus précis en lui donnant une origine de Kabylie, des Aurès, de la Mitidja ou de Tlemcen ? Affirmer une algérianité alors que l’Algérie n’existait pas jette un sérieux doute sur les méthodes très approximatives des disciples de Saâdallah dans leur vaine tentative d’écrire une « histoire de l’Algérie ». 

L’épisode Ibn Battouta est connu d’un large public, mais quand on s’aventure sur les chaînes YouTube algériennes qui diffusent des « cours d’histoire », on tombe sur des choses tellement grotesques qui vous figent de sidération. C’est ce qui m’était arrivé une fois en ayant céder au titre racoleur d’un cours sur la bataille des Trois Rois. J’ai appris que les vainqueurs de cette bataille, dite aussi de Oued Al Makhazine, étaient des Algériens !

Démonstration : la dynastie Saâdienne aurait demandé l’aide des Ottomans d’Alger, lesquels auraient dépêché un bataillon de janissaires turcs constitué majoritairement d’Algériens. Grâce donc à l’Algérie, qui n’existait pas encore, le Maroc a pu échapper à la colonisation portugaise et qu’il est resté musulman. Comme quoi l’Algérie, ou son mystérieux avatar, survient toujours au bon moment pour sauver arabité et Islam. 

Le plus sidérant c’est que le professeur qui rapportait ces faits - qu’il disait irréfutables - a été plus sournois en prétendant qu’il existeraient (le conditionnel est de lui) des sources qui prouveraient qu’un officier algérien aurait profité de la confusion généralisée provoquée par la mort des trois rois à la fois, pour se faire passer pour Ahmed, le frère de Abdelmalek, et avait de ce fait réussi à se faire proclamer Roi à sa place. Ainsi le grand Ahmed Al Mansour n’était autre qu’un audacieux officier algérien ! 

Pour épaissir le doute, ce professeur, de la manière la plus docte, conclut son cours en disant que l’histoire ne saura jamais si Ahmed Saâdi avait été liquidé par l’officier algérien qui aurait pris sa place, ou s’il avait péri à son tour dans la confusion qui avait entraîné la mort des trois rois. Qu’importe les preuves pour notre sordide professeur, il voulait juste accréditer l’idée qu’une des périodes fastes de l’histoire du Maroc porte l’imprimatur de l’Algérie.

J’étais complètement groggy à la fin de la vidéo, et j’imaginais que la demande de rétrocession à l’Algérie du Palais Badiaa avec les Tombeaux saâdiens ne saurait tarder. Sinon, cela viendrait grossir le passif déjà lourd entre les deux pays, et peut-être même reléguera-t-il le conflit du Sahara au second plan.

Quand la démesure atteint de tels sommets, on ne peut qu’en rire. C’est ce que j’essaie de faire, même si j’appréhende le vertige qui va m’éteindre à chaque fois qu’un disciple du sieur Saâdallah ira puiser chez d’autres un pan de leur l’histoire pour tenter l’édification d’une hypothétique gloire algérienne. 

Souvent les disciples veulent faire mieux que les maîtres. La plupart de ces faussaires restent focalisés sur le Maroc. Cependant d’autres, dans leurs recherches désespérées d’une gloire passée à ce qu’on appelle aujourd’hui l’Algérie, n’hésitent pas à lancer des hold-up sur l’histoire et le patrimoine culturel des autres pays arabes. Après avoir tout pioché au Maroc, ils se sont même attaqués à l’Égypte, l’héritière d’une des plus grande civilisation humaine. Sans honte et sans pudeur, les disciples de Saâdallah disent avoir trouvé des origines algériennes à certains Pharaons. Mais si ! Si, si si, l’Algérie existait bel et bien du temps des Pharaons ! 

Plus récemment, pendant la guerre du Sinaï en 1973, l’héroïsme du corps expéditionnaire algérien aurait évité à l’Égypte un effondrement certain, et dont elle ne se serait jamais relevée. Et les inepties de ce tonneau jalonnent les écrits des historiographes dits algériens. Jusqu’à croire que ce n’est qu’en dehors de l’Algérie que nos voisins de l’Est savent marquer l’Histoire, jamais chez eux. Curieux : pas de gloire à l’intérieur, mais leur gloriole ne se retrouve qu’à l’étranger !

Moins soucieux du voisinage que les Marocains, les Égyptiens réagissent souvent très sévèrement aux affabulations algériennes. Il y a même un journaliste égyptien, du nom de Emad Fawaz, truculent youtuber, qui s’est fait une spécialité pour détecter les hold-up algériens sur l’Histoire des pays voisins. Il a développé une véritable expertise pour dénoncer les agressions quotidiennes perpétrées par les médias algériens sur le patrimoine culturel des voisins

En effet, en quelques décennies, ils se sont appropriés des pans entiers de ces patrimoines pour désespérément chercher à édifier un supposé savoir-vivre à l’algérienne. Tout y passe : art culinaire, art vestimentaire, art de vivre tout court, et tout le raffinement qui va avec.

Cependant aucun greffon ne semble prendre. Comment expliquer alors ce phénomène de rejet ?

Comme Emad Fawaz dans ses vidéos, toujours bien travaillées, documentées et plaisantes à voir, il s’interroge sur l’incapacité de cette société à s’imprégner des cultures qu’elle a côtoyées des siècles durant. Aussi n’a-t-elle rien retenu de l’occupation turque, alors que des pays du pourtour méditerranéen avaient été assez féconds en intégrant une certaine influence ottomane pour se forger une nouvelle identité culturelle. De la même manière, on ne retrouve aucun marqueur majeur de la culture française malgré une présence qui a duré 132 ans. Au même moment, des pays africains sont en passe de générer des cultures propres à partir de l’apport des influences exogènes. 

On ne retrouve même pas des traces significatives de culture andalouse comparativement avec les autres pays du Maghreb. Pourtant, ce qu’on appelle aujourd’hui l’Algérie, avait reçu d’importants flux de réfugiés andalous à la fin du XV ème siècle.

Très pertinemment, E. Fawaz qui s’étonne du manque de porosité de l’Algérie aux autres cultures, suggère subtilement qu’il n’y a rien à influencer. Autrement dit que si une culture n’arrive pas à influencer l’autre, c’est qu’il y en a une qui n’existe pas ! Pas étonnant que cette vacuité culturelle ait poussé les dirigeants de l’ex-département français à vouloir inventer un histoire, une culture ex-nihilo. A défaut, et face à l’impossibilité de créer une culture-éprouvette, il n’y pas d’autre choix que de tenter un hold-up sur une histoire et une culture existantes. Quitte à se montrer d’une extrême agressivité !

Telle est la diabolique machination que le Maroc subit depuis six décennies de la part de ses voisins de l’Est. (A suivre)

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