Halima Bousadik ou la douce chasse aux animaux

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Fascinée par les oiseaux, leurs mouvements, leurs élans, leurs comportements

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Par Fouad BENJLIKA (MAP)

Marrakech – Elle chasse les animaux, mais avec l’objectif de son appareil photo/Militante depuis de longues années en faveur de la protection de l’environnement, Mme Halima Bousadik est reconnue par ses pairs, comme étant l'une des femmes marocaines pionnières qui s'est donnée, cœur et âme, à l'exercice de la photographie animalière, un domaine si passionnant et si singulier.

Réputée par son courage, son dynamisme, sa rigueur et sa persévérance, cette artiste confirmée, qui a réussi à contribuer au développement de cet art au Maroc, voue un amour sans limites pour la photographie de la vie sauvage ainsi que des animaux, notamment les oiseaux.

"Je suis fascinée par les oiseaux, leurs mouvements, leurs élans, leurs comportements, que je tente de transmettre et de partager avec le public, à travers mes clichés", a-t-elle déclaré à M24, la chaine télévisée de l’information en continu de la MAP.

Halima Bousadik, actuelle présidente de l’Association Marocaine des Photographes Animaliers (AMPA), raconte que sa passion pour la vie sauvage et les oiseaux datait de son bas- âge, d’autant plus qu’elle avait choisi par amour et passion, de devenir enseignante des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT).

Durant son riche parcours professionnel, elle assurait l'animation au sein des clubs d’environnement depuis les années 80 du siècle dernier. Une passion, dont elle ne se lasse toujours pas même si elle est partie à la retraite depuis 2018.

Cette mordue de la nature et de la vie sauvage ne cache pas sa fierté d’avoir réussi, en tant qu’enseignante des SVT, à transmettre cet amour pour la nature, à plusieurs générations d'élèves et surtout, à les sensibiliser sur le respect de la vie sauvage et partant, sur la nécessité impérieuse de sauvegarder la biodiversité et la richesse de l'environnement.

Armée de son téléobjectif fétiche qu’elle veille à garder soigneusement, en plus d’autres matériels nécessaires (monopied, trépied, chaise) et vêtue d’un treillis vert pour le besoin de camouflage, avec bottines femmes style militaire, Mme Bousadik sillonne les différents parcs, zones humides, et réserves naturelles situés dans les quatre coins de la planète, pour immortaliser l'instant et capturer des photos époustouflantes du monde naturel.

Cette artiste confie à M24 qu’elle passe de longues heures dans les parcs et réserves naturels pour s’adonner à sa passion, sans se soucier ni de la faim, ni des mauvaises conditions climatiques. Au contraire, elle estime que "la photographie de la vie sauvage et des animaux est une thérapie", qui lui procure sérénité et quiétude et une énergie positive, à même de lui permettre de faire face aux tracasseries et au stress de la vie quotidienne.

Cette amoureuse de l’environnement a indiqué aussi avoir profité de cette période de la pandémie de la Covid-19 pour se consacrer à sa passion préférée.

"Je n’ai jamais regretté de ma vie d’avoir exercé cet art", a-t-elle dit, assurant son intention de le pratiquer jusqu’au dernier jour de sa vie, même si elle a reconnu que la photographie animalière demeure un exercice qui n'est pas de tout confort pour une femme, étant donné que cela nécessite des déplacements permanents entre les montagnes, plaines, déserts, lacs, au Maroc et à l’étranger tout au long de l’année.

Et de poursuivre qu’avant 2013, ce domaine était monopolisé au Maroc par les hommes, dont le nombre se comptait au bout des doigts.

"Aujourd’hui et grâce aux formations que j’ai pu organiser, nous comptons beaucoup de femmes s’adonnant à cet art passionnant, à l'instar de Leila Dinar qui vit en Egypte, Ouafaa Mehdi (Fès), Anissa Khattabi (Tétouan), Leila Benchekroun (Casablanca) et Saida Bouna (Marrakech)", a-t-elle indiqué.

Tout en insistant sur l'importance de la coordination à favoriser entre photographes animaliers et ornithologues, pour sensibiliser sur la nécessité de préserver la biodiversité au Maroc, Mme Bousadik s’est réjouie de l’engouement du public pour les expositions qu’elle organise à travers toutes les régions du Royaume.

"A travers mes clichés, j’essaie de faire connaitre et de valoriser le patrimoine naturel de mon pays (faune et flore, et milieux naturels) et de contribuer à sa sauvegarde. Je sensibilise aussi sur le devoir moral et l'impératif de léguer ce patrimoine naturel et cette biodiversité, aux générations futures", a expliqué avec verve cette militante de la protection de l’environnement, qui a grandi à l’ancienne médina de Marrakech.

"A travers mes différentes expositions, j’œuvre sans répit à faire connaitre les milieux naturels dont regorge le Maroc mais aussi, la faune et la flore, qu’ils abritent et que nous sommes tenus de préserver pour les générations montantes", a-t-elle ajouté.

Cette passionnée de la vie sauvage compte aussi à son actif une série de périples dans des pays connus pour leur biodiversité, tels que le Sénégal où elle a été fascinée par la faune et la flore du parc national Djoujj, la Mauritanie (parc national du Diawling), l’Inde (parc national Keoladeo Bharathpur), la France (Le Parc naturel régional de Camargue) et le Kenya (La réserve nationale du Masai Mara).

Dans le cadre de son militantisme continu en faveur de la nature et la biodiversité, Mme Bousadik se donne pleinement à la diffusion des valeurs esthétiques, à la sensibilisation sur le respect et la préservation de l’environnement, aux côtés d'autres artistes photographes-membres de l’AMPA, mais également sur l'impératif de lutter contre "l’analphabétisation visuelle".

Devenue une connaisseuse habile et avertie des espèces d’oiseaux, de leurs comportements, leurs migrations, et des milieux naturels qui les abritent, Mme Bousadik garde beaucoup de beaux souvenirs dont le plus marquant et émouvant reste sans aucun doute, une excursion en 2015 à Dayet Aoua qui avait coïncidé avec la période de nidification des oiseaux et la couvaison des oeufs. Ce jour-là, elle se souvenait avoir pris des photos inédites de près de 200 différentes espèces d’oiseaux.

En évoquant ce souvenir, les larmes aux yeux, Mme Bousadik a déploré le fait que certaines zones humides du Royaume, soient menacées de disparition, en raison des périodes récurrentes de sécheresse, de l’exploitation irrationnelle des ressources hydriques et de l’urbanisation galopante.

Mme Bousadik qui défend jalousement le patrimoine matériel et immatériel de sa ville natale, n'a pas manqué de plaider pour la promotion d'un tourisme durable au service de la protection de l'environnement.

S’agissant de la Journée internationale de la femme, Halima Bousadik a reconnu que la situation de la femme au Maroc a connu énormément de progrès et s’est nettement améliorée comme en témoigne, l’accès de la gent féminine aux postes de prise de décisions et l’amélioration de plusieurs indicateurs de développement, dont l’accès des filles rurales à la scolarité.

En guise de conclusion, Mme Bousadik n'hésite guère à afficher son ambition de voir beaucoup plus de femmes accéder à de hauts postes de responsabilité, et voir la situation de la femme et de la fille rurales s’améliorer davantage, à travers l’accès à l’éducation, la lutte contre le mariage précoce et contre l’exclusion et la précarité.