La force d’un cheveu

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Narjis Rerhay faisant ce don de soi de se couper une mèche de cheveux

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Rabat - La journée nationale de la femme marocaine, célébrée comme chaque année un 10 octobre, allez savoir pourquoi, s’est distinguée cette année par la coupe d’une mèche de cheveux. Geste insignifiant ? Si vous prétendez ça c’est que vous ignorez la force qu’il y a dans une chevelure capable de soulever jusqu'à 12 tonnes avant de casser. Chaque cheveu peut supporter un poids de 50 à 100 g. Faites vos calculs et vous tomberez pile poil sur le sens lourd de cette mèche prétendument symbolique.   

Autant de femmes que de cheux contenus une mèche se sont livrées à ce petit geste : Les comédiennes Mouna Fettou, Latéfa Ahrrare, Qods Joundoul, les productrices Lamia Chraibi, Bahija Lyoubi et Bouchra Malak, la monteuse Zineb El Hardouz, les auteures Bahaa Trabelsi et Narjis Rerhaye, les militantes associatives Khaoula Assebab Benomar, Naima Senhadji, Rhizlaine Benachir, Laila Ouachi, Nadia Doghmi, les journalistes et chroniqueuse Samira Sitaïl, Hasna Daoudi, Ghizlaine Taibi, Aicha  Zaimi Sakhri, Rita Touzani et Nadia Larguet, la parlementaire Neila Tazi et enfin les activistes politiques Fatiha Layadi et Naima Farah ont fait école largement suivies sur les réseaux par une armée d’anonymees. 

On a jouté un ‘’e’’ à anonyme pour porter la symbolique de sa féminisation. Le temps d’une célébration.

« Pour Mahsa Amini, Meriem et toutes les autres… » : C’est sous ce titre qu’une courte vidéo fait le tour des réseaux sociaux depuis le 10 octobre, journée nationale des droits des femmes.

Mahsa Amini, vous ne connaissez pas ? Encore une grosse lacune dans vos connaissances. Mahsa Amini est cette jeune fille morte dans les sombres locaux de la politique des mœurs iranienne le 16 septembre 2022 à Téhéran. Une étudiante, 22 ans qui ne supportaient plus le voile, interpelée et violentée pour « port de vêtements inappropriés »..

L'annonce de son décès a provoqué de nombreuses réactions de protestations dans un Iran à cran, au Kurdistan iranien, mais aussi dans les universités et dans les rues. Bilan : Une centaine de morts !

Mais Mahas Amini n’est que le fichu, ainsi parlait Hassan II du voile, brandi comme un extrait de la sémiologie qui résume la phallocratie et dit en bref les revendications féminines. 

Ce 10 octobre aurait pu passer comme tous les autres dix octobre, une journée internationale, une de plus, terne de routine commémorative. Mais une mèche de femmes des milieux du cinéma, du théâtre, des lettres, du journalisme, de la télévision, de la communication en ont décidé autrement… 

Manquait malheureusement une ménagère ou une femme de ménage, pour bien compléter le tableau. 

Ces femmes qui n’ont pas les moyens matériels ou intellectuels de se défendre, qui ne se défendent pas et qui subissent d’une manière ou d’une autre les violences faites aux femmes, des plus pernicieuses aux plus vulgaires quand ces violences deviennent carrément physiques, féminicides, handicapantes, déformatrices et en définitive cherchant à réduire au silence la moitié de la société pour laquelle ces femmes allument la mèche.

La vidéo dédiée à l’évènement s’achève, sobrement, sur un appel à créer une chaîne de solidarité : « Le 10 octobre 2022, on se coupe les cheveux pour les droits de la moitié de la société ». 

PS : Le 10 octobre coïncide, comme don dit, avec la journée internationale pour l’abolition de la peine de mort

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