Quand Mamoun a appris que le thé n’était pas autochtone mais naturalisé marocain

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L'endroit exact où la plante est apparue n'est à ce jour pas connu. Par contre, plusieurs pays ont leurs propres traditions pour consommer ce breuvage aux mille et un bienfaits.

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Quid avec Fadwa EL GHAZI (MAP)

Rabat –‘’ Le thé est une plante marocaine. Née au Maroc. C’est une tradition spécifiquement marocaine et j’aurais pu militer pour qu’on l’inscrive au patrimoine national et universel de l’UNESCO comme marocain. Jusqu’à  ce que plus tard, adulte, j’apprends que ce n’est qu’au XVIIe siècle, pendant le règne du Sultan Moulay Ismaïl, que le thé a fait son entrée au Maroc par le bais des ambassadeurs anglais. C'était alors une boisson rare, réservée au Sultan et aux notables’’, raconte Mamoun qui a appris très jeune que vivre de thé et de pain était synonyme de pauvreté. C’est que de thé a coulé sous les ponts depuis.

Le thé n’en reste pas moins un art de vivre ancestral. Du vert au rouge en passant par le noir, le jaune ou encore le blanc, le thé représente, dans les quatre coins du monde, l’hospitalité et la convivialité. Avec ou sans sucre, le thé est la boisson la plus consommée au monde, après l'eau. Il y a le "tea time" des Anglais, la cérémonie du thé japonaise ou encore le cérémonial du thé propre aux Marocains. Le thé existe depuis des millénaires : il était déjà consommé en Chine il y a 5000 ans !

Fait à partir des feuilles du théier, le thé serait originaire du nord-est de l'Inde, du nord du Myanmar et du sud-ouest de la Chine, mais l'endroit exact où la plante est apparue n'est à ce jour pas connu. Par contre, plusieurs pays ont leurs propres traditions pour consommer ce breuvage aux mille et un bienfaits.

La production et la transformation du thé constituent l’une des principales sources de revenus pour des millions de familles dans les pays en développement.

Cette plante, qui joue un rôle considérable dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), est consommée pour ses bienfaits pour la santé qui sont nombreux, notamment prévenir de certains cancers, aider à garder la ligne, réduire le risque d’accidents mais aussi aider à bien faire fonctionner le cerveau.

Le thé, qui contient également des antioxydants qui luttent contre les radicaux libres, responsables du vieillissement prématuré des cellules de l’organisme, offre une convivialité entre amis et familles. Il occupe ainsi une place importante dans les cultures de certains pays dont le Maroc.

Interrogé par la MAP sur ce volet, le sociologue Ali Chaâbani a souligné que les rituels du thé sont devenus l'un des piliers du renforcement des relations sociales, précisant qu’aucune maison marocaine ne manque de thé qui se veut un symbole d’hospitalité et de convivialité.

Il s’est transformé, au fil des années, en une boisson populaire pour laquelle les Marocains ont imaginé des rituels lors des fêtes et de diverses occasions, à tel point que l'on ne peut plus imaginer une rencontre entre familles ou amis sans thé, a-t-il renchéri dans une déclaration à l’occasion de la journée internationale du thé (21 mai).

Consommé à toute heure, le thé est aujourd’hui une composante essentielle du système alimentaire marocain.

Jeune amatrice de thé, Safaa commence sa journée par boire un café avant d'enchaîner avec une théière de thé marocain.

Pour elle, c'est un indispensable au menu du petit-déjeuner. Son rituel quotidien est complété par une pause familiale pour déguster un verre de thé avec des gâteaux marocains après le déjeuner.

"Quand j'étais petite je détestais le thé mais avec le confinement, j'ai appris à l'apprécier, particulièrement le thé marocain qui n'a pas d'égal", a-t-elle soutenu.

Safaa aime aussi le thé noir et les tisanes médicales telles que celles pour les détox et contre les ballonnements.

Pour elle, le thé est plus qu'une boisson. C'est une tradition ancestrale de détente et bien-être qui resserre les liens familiaux et amicaux.

Pour Soumia, son histoire avec le thé a commencé il y a longtemps. "Cette plante est pour moi un booster, une source de bonheur et un cérémonial gai qui incarne les valeurs de la solidarité, du partage et de l'écoute”.

"Depuis que j'étais petite, j'affectionnais les réunions familiales autour d'un plateau de thé. C'était le moment propice à chacun de nous pour raconter des anecdotes de la journée, commenter l'actualité, résoudre un problème qui taraude les esprits et trouble la quiétude ou même faire des confidences que l'on ne pouvait pas faire au cours d'un repas collectif”, a tenu à préciser cette grande amatrice de thé vert.

“J'admirais aussi comment cette plante s'imposait dans les rituels des familles marocaines, surtout dans le passé”, a-t-elle dit, se disant éblouie par le prestige et l'élégance qui marque le cérémonial du thé au Maroc.

Dans ce rituel empreint de convivialité et d’hospitalité, "chaque hôte s'efforçait de mettre le thé dans la plus grande et belle théière qu'il possède, de choisir le plus beau plateau argenté ou cuivré qu'il a dans la 'vitrine', des verres 'hayati' ou de 'înba' (des grappes de raisin sont imprimées sur ces verres), des boîtiers argentés élégants où étaient gardés jalousement des morceaux du pain de sucre, de la menthe bien lavée et coupée aussi bien que le thé sélectionné avec finesse”, décrit-elle.

“J'admirais aussi le fait que la mission de préparer le thé était accomplie dans le salon et confiée au plus grand de la famille ou le sage des invités”, a relevé Soumia. “Ce rituel m'intriguait quand j'étais enfant et ce n'est qu'à l'âge adulte que j'ai compris sa symbolique et sa signification”.

Si au Maroc le thé accompagne aussi les fêtes, les Sahraouis des provinces du sud lui consacrent un cérémoniale particulier et lui ont inventé un verbe ‘’n’tiyioue’. A Londres, c’est un rendez-vous quotidien en milieu d’après-midi. Une coutume qui aurait été instaurée au XIXe siècle par la septième duchesse de Bedford. On déjeunait, à l'époque, très tôt et l'on dînait très tard, et la duchesse avait pris l'habitude de déguster entre trois et quatre heures de l'après-midi une tasse de thé accompagnée d'une collation. En Chine, l’une de ses supposées terres natales, qui en est le plus grand producteur dans le monde, la cérémonie du thé, appelée aussi Gong Fu Cha qui signifie « prendre le temps pour le thé, est née sous la dynastie des Song (960 – 1279). C’est une méthode de préparation et de dégustation du thé essentiellement utilisée pour les thés Wulong et les thés Pu-erh. Mais quel que soit le rituel de sa consommation, ici ou à Istanbul ou encore New York en passant par Tunis où on l’aromatise de jasmin, le thé reste la boisson la plus bue après l’eau

 

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