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Afrique du Sud: Inculper les auteurs de la capture de l’État, une tâche de longue haleine selon la Procureur Shamila Batohi
La directrice de l’Autorité des poursuites pénales (NPA), Shamila Batohi.
Johannesburg - De nombreux responsables de la "capture de l’État" en Afrique du Sud n’ont pas encore été traduits en justice, car la complexité de certains cas nécessite un travail de longue haleine, a indiqué jeudi la directrice de l’Autorité des poursuites pénales (NPA), Shamila Batohi.
"Les poursuites pénales prennent du temps et beaucoup de préparation pour avoir une chance raisonnable de succès", a déclaré Mme Batohi lors d’une session de questions orales devant la Commission de la justice du Parlement, signalant que "les rouages de la justice tournent lentement".
La "capture de l’État" est un phénomène qui renvoie aux vastes détournements de fonds et de fraude qui avaient marqué les deux mandats de l’ex-président Jacob Zuma.
Dans un rapport de 5.000 pages, la Commission judiciaire d’enquête sur la capture de l’État a révélé en 2022 que la corruption était devenue systémique dans toutes les administrations de l’État et impliquait de hauts responsables du Congrès national africain (ANC au pouvoir).
Elle a également fait savoir que presque tous les bras de l’État ont été étouffés et laissés en faillite par les dirigeants de l’ANC, qui gouverne le pays depuis la fin du régime de la minorité blanche en 1994.
"Nous sommes conscients du fait que trop d’architectes de la capture de l’État restent toujours en liberté et qu’il y a encore beaucoup de travail à faire", a souligné Mme Batohi.
Notant que "le chemin jusqu’ici a été extrêmement difficile", elle a estimé que "même si 2023 n’a pas eu autant d’enregistrement de nouveaux cas que 2022, un certain nombre d’arrestations critiques ont quand même eu lieu".
Elle a rappelé que les autorités judiciaires du pays ont déjà engagé des poursuites pénales contre l’ancien chef de l’État Zuma, l’ancien Secrétaire général de l’ANC, d’anciens ministres, ainsi que certains PDG et hauts responsables du secteur privé.
"Beaucoup de ces affaires sont parmi les plus difficiles à traiter (…), car elles impliquent souvent plusieurs accusés, plusieurs juridictions et des preuves numériques complexes qui mettraient à l’épreuve les moyens de l’autorité des poursuites pénales", a-t-elle conclu.