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Grèce: troisième jour de lutte contre l'incendie près d'Athènes
Les volontaires se tiennent devant une petite poche de feu alors que des incendies de forêt brûlent près de Penteli, le 12 août 2024. Les autorités grecques chargées de la protection civile ont ordonné l'évacuation de plusieurs villes de la banlieue nord-est d'Athènes, menacées par un violent incendie qui s'est déclaré la veille et qui ne cesse de s'étendre. (Photo par Angelos TZORTZINIS / AFP)
La Grèce continuait mardi pour le troisième jour consécutif à lutter contre l'incendie dans la banlieue nord-est d'Athènes, qui a fait un mort, forcé des milliers de personnes à quitter leur domicile tout en polluant l'air de la capitale.
Mardi matin, le corps d'une Moldave sexagénaire, a été trouvé dans une usine calcinée, à Halandri, près d'Athènes, selon les autorités. Un bouquet de fleurs blanches a été déposé en son hommage au milieu d'un chaos d'acier brûlé et de chaises et tables calcinées.
Soixante-six personnes ont été soignées pour des blessures et cinq pompiers ont également été blessés, de source officielle.
Alimenté par des vents violents, le pire incendie de forêt de l'année en Grèce s'est propagé sur un territoire asséché et a ravagé 10.000 hectares, détruisant d'innombrables bâtiments et véhicules.
Le maire de Halandri, Simos Roussos, a dit à la télévision publique ERT qu'il avait vu une dizaine de maisons détruites par le feu. Commerces, parcs de voitures d'occasion, dépôts de charbon et entrepôts de peinture ont également été touchés. "Le feu a parcouru 50 kilomètres et a changé de direction 10 fois", a affirmé M. Roussos.
Comme la plupart des usines incendiées contenaient des produits chimiques toxiques, le ministère grec du Travail a ordonné une interruption temporaire des travaux en extérieur dans la région.
La majeure partie de la capitale a été recouverte d'une fumée âcre pendant deux jours consécutifs et les scientifiques ont signalé une augmentation alarmante des particules dangereuses en suspension dans l'air, en particulier dans la nuit de dimanche à lundi.
Le feu a touché les villes de banlieue de Nea Penteli, Palaia Penteli, Patima Halandriou et Vrilissia, d'où ont fui des milliers de personnes.
"Jamais de la vie je n'aurais imaginé que le feu viendrait ici", a dit à l'AFP Sakis Morfis, devant sa maison éventrée dans les faubourgs de Vrillisia. "On se retrouve sans vêtements, sans argent, tout a brûlé à l'intérieur", a ajouté cet homme de 65 ans.
"Il y a du mieux sur tout le front", a indiqué mardi matin Costas Tsigkas, chef de l'association des pompiers grecs, sur ERT. "Mais les conditions resteront toujours difficiles. Il y aura des vents à partir de midi" et "chaque heure qui passe sera plus difficile", a-t-il ajouté.
Alimenté par des vents violents, le feu s'est transformé en un front de flammes de 30 kilomètres de long et de plus de 25 mètres de haut par endroits, selon ERT.
La température devrait avoisiner les 38 degrés Celsius à Athènes mardi, avec des vents de 39 km/h, a avancé l'Observatoire national de Grèce, dont le siège est lui-même menacé par l'incendie et qui avait déclaré lundi qu'au moins 10.000 hectares avaient été dévastés par le feu.
Dans la capitale, des habitants portant des masques pour se protéger des fumées suffocantes aspergeaient leurs habitations d'eau, dans l'espoir de les rendre moins vulnérables aux flammes.
Pompiers européens
Environ 700 pompiers, accompagnés de 200 véhicules et neuf avions, selon leur département, se retrouvent pour le troisième jour d'affilée à lutter contre le feu qui s'est déclenché dimanche après-midi dans la ville de Varnavas, à quelque 35 kilomètres au nord-est d'Athènes.
Près de 300 pompiers supplémentaires, ainsi que d'autres hélicoptères, véhicules d'incendie et camions-citernes, sont attendus mardi en provenance de six pays (France, Italie, République tchèque, Roumanie, Serbie, Turquie), après l'appel à l'aide des autorités grecques, notamment l'activation du mécanisme de la protection civile de l'Union européenne. Un premier contingent de 91 sapeurs-sauveteurs est parti de France mardi à l'aube pour la Grèce, a constaté l'AFP.
Le gouvernement conservateur a été attaqué par la presse de mardi.
"Trop c'est trop", tonne le quotidien centriste Ta Nea, le plus vendu du pays, tandis que le journal libéral Kathimerini estime que ce feu "hors de contrôle" laissait "une destruction immense et des questions qui attendent toujours réponse".
Beaucoup d'autres médias dépeignent un "cauchemar", y compris le journal pro-gouvernemental Eleftheros Typos, et le quotidien de gauche Efsyn, en référence au bâtiment abritant le bureau du Premier ministre, lance pour sa part: "Evacuez Maximou".
Le chef du gouvernement, Kyriakos Mitsotakis, a interrompu ses vacances pour rentrer dans la capitale dimanche. Des images le montrent se rendre au ministère de la Protection civile lundi, mais il ne s'est pas encore exprimé publiquement.
Ce feu ravive les souvenirs de la catastrophe de l'incendie de Mati, la zone côtière proche de Marathon où 104 personnes sont mortes en juillet 2018 dans une tragédie imputée aux retards et aux erreurs d'évacuation.
La Grèce est particulièrement vulnérable aux incendies de forêt après un hiver très sec. Les mois de juin et de juillet ont été les plus chauds depuis le début de la collecte des statistiques en 1960.
D'autres régions d'Europe sont également aux prises avec la canicule actuellement, comme la France et l'Italie. Les scientifiques avertissent que les émissions de combustibles fossiles aggravent la durée, la fréquence et l'intensité des vagues de chaleur dans le monde entier. (AFP)