Quoi que je n’en tombe pas de nues, baz est le premier mot qui m’est venu à l’esprit à l’annonce par la chaine israélienne i24 de la livraison d’un lot de vaccins, Pfizer s’il vous plait, à l’Algérie. D’après la chaine israélienne, c’est à travers un tour de passe-passe aérien que la transaction s’est faite : le 9 mars un avion militaire brésilien décolle de l’aéroport Ben Gourion pour atterrir à l’aéroport international d’Alger où il livre les doses miracles.

Je ne tombe pas des nues, parce que pour avoir longtemps fréquenté le pouvoir algérien (de loin), j’ai eu à mesurer la dose de duplicité dont il est capable. Pour autant, je ne prends pas les informations de i24 pour argent comptant. Je sais aussi que l’intox israélienne ne fait ni dans la mesure ni dans les scrupules. Le Quid s’est donc abstenu de servir à cette information d’amplificateur trop content de tomber sur du grain à moudre.

Au haro sur le baudet, et même si en théorie il n’y a pas de fumée sans feu, j’ai préféré attendre la réaction officielle de l’Algérie, un démenti en bonne et due forme, la dénonciation outrée d’une manipulation, les cris d’orfraie habituels ou les hurlements de la sainte nitouche forcément faussement effarouchée…. Au bout d’une semaine d’attente ardente, rien. Ce qui fait que sous roche, il doit bien y avoir anguille. Seul, à ma connaissance, le très patriotique site Algériepatriotique du présumé retraité général Khaled Nezzar et fils, s’est lancé dans une diatribe antisioniste et infirme, citant des « sources autorisées ». Ces sources dont on ne sait qui les a autorisées affirment « qu’aucun avion ne s’est posé à Alger en provenance de la capitale israélienne, qualifiant cette information de «pur mensonge».

C’est possible. Mais cette source ne dit pas que l’Algérie n’a pas reçu de vaccins d’Israël, certainement réservés à la ploutocratie militaire et associés. Seulement qu’aucun avion ne s’est posé à Alger en provenance de la capitale israélienne (Tel-Aviv NDLR). Ce qui n’est pas la même chose. Peut-être que l’aéronef brésilien, les voies aériennes du seigneur étant insondables, est parti de Haifa, ou a fait escale quelque part, à Chypre par exemple, avant de redécoller pour Alger. Qui pour l’occasion vient d’inventer le vrai-faux démenti estampillé fausse-vraie source.

PS : Baz, un terme da la darija marocaine. Je n’ai pas pu reconstituer son étymologie, tout ce que j’en sais c’est que c’est une exclamation qu’on utilise face à une énormité, au grotesque, à l’effronterie, ou encore en présence une attitude impudique ou d’une mythomanie avérée…