L'IA et le journalisme d’opinion - Par - Dr Samir Belahsen

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Les journalistes apportent souvent une perspective humaine unique à leurs articles, y mettent leurs savoirs particuliers, leurs expériences, leurs faiblesses, leurs choix ; en un mot leur humanité.

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Je dois d’abord expliquer que je suis déjà un utilisateur de l’intelligence artificielle, elle m’est d’une aide précieuse pour combler des trous de mémoire, retrouver une date, un roman…

Je suis toujours amené, par respect à mes lecteurs, à vérifier ses informations car l’IA n’est pas encore une source sûre. Le problème c’est qu’elle ne me facilite pas la tâche, elle ne cite que rarement ses sources. Le comble c’est qu’elle remet en cause le principe même de la propriété intellectuelle.

Un ami m’a transmis quelques articles « rédigés » ou plutôt produits par intelligence artificielle en me demandant mon avis. 

Moins rapide qu’une IA, c’est vrai, mais le voici :

  1. Manque d'originalité et de créativité : 

Les articles rédigés par des IA me semblent sans charme et fades en raison de leur style d'écriture souvent trop générique et prévisible parfois scolaire. 

L'IA suit des modèles basés sur des données existantes pour produire du contenu, ce qui entraîne le manque d'originalité si ce n’est le plagiat tout court.

  1. Absence de perspective humaine : 

Les journalistes apportent souvent une perspective humaine unique à leurs articles, en les contextualisant et en les analysant de manière critique. 

Ils y mettent leurs savoirs particuliers, leurs expériences, leurs faiblesses, leurs choix ; en un mot leur humanité. 

En revanche, les IA manquent de la capacité à comprendre et à intégrer les spécificités de l'expérience humaine, ce qui ne peut qu’affaiblir la qualité et l'engagement des articles.

En recevant les articles « produits » par intelligence artificielle j’étais en train d’écrire un papier sur l’Afrique et l’esclavagisme.

J’étais convaincu que sur ce sujet on n’allait pas avoir les mêmes sources ni les mêmes positions… Mais il y a un élément additionnel, c’est que moi, contrairement à l’IA, j’ai visité la maison des esclaves de l’ile de Gorée ( dans la baie de Dakar) et j’ai senti, au sens propre du terme, cette odeur de la barbarie que l’IA ne peut pas percevoir…

Un Sage Sénégalais m’avait dit à l’époque : C’est ici que le nouveau président devrait prêter serment…

  1. Manque d'éthique et de responsabilité : 

Les IA peuvent propager des informations erronées ou biaisées, car elles se basent principalement sur les données disponibles sans pouvoir exercer de jugement critique. Cela soulève des questions d'éthique et de responsabilité lorsque des contenus inappropriés, trompeurs ou partisans sont publiés. D’ailleurs sur plusieurs sujets, l’IA en choisissant ses sources, a choisi sa terminologie et son camp idéologique.

  1. Perte de diversité éditoriale : 

Avec l'utilisation croissante de l'IA dans le domaine du journalisme, il y a un risque de réduction de la diversité des voix et des perspectives. Les algorithmes peuvent privilégier certaines idées ou ne pas prendre en compte des angles d'approche alternatifs, ce qui entraînerait une uniformité des articles, une dilution du pluralisme des médias et une absence de singularité.

Toutefois, les IA sont en constante évolution et certaines de ces critiques peuvent être atténuées à mesure que la technologie et les algorithmes s'améliorent. Il reste également crucial de maintenir un équilibre entre l'utilisation de l'IA et le maintien de l'intégrité journalistique, afin de garantir un journalisme de qualité et une diversité d'opinions.

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