billet
Encore un, pour la route
Ce que tout le monde attendait, est advenu. Abdelaziz Bouteflika est candidat à sa propre succession pour un cinquième mandat sans que personne ne s’en étonne. Ce qui surprend vraiment, c’est la résignation par laquelle les citoyens algériens ont accueilli cette annonce.
La presse, en dehors de celle qui dépend directement du « cercle présidentiel » dénonce presque unanime cet état de fait, mais elle le fait comme une clause de style.
La candidature de Bouteflika sans que personne n’y puisse rien, dit l’amplitude du vide politique que le pouvoir a créé autour de lui. Vingt ans après la fin officielle de la guerre civile, l’opinion publique algérienne est encore comme tétanisée, sans le reflexe même de manifester sa mauvaise humeur.
La messe est dite. Et Abdelaziz Bouteflika, si Dieu lui prête encore vie, continuera à présider aux destinées de l’Algérie sans que nul, en dehors du « cercle présidentiel » ne puisse dire qui est réellement aux commandes et quel est le processus de décision en Algérie.
Sauf grosse surprise, la voie du seigneur étant impénétrable, on n’aura même pas besoin de suivre le ronronnement d’une campagne électorale dont l’issue est connue. Le candidat du pouvoir n’a pas de compétiteurs en face de lui, et le nombre ainsi que la qualité de ses rivaux dont se gaussent les web-tv désarçonne. Ce pouvoir a tellement aseptisé le paysage politique que le valeureux peuple algérien, réduit à l’autodérision, n’est même plus capable de générer un homme capable de gérer ses affaires autre qu’un personnage avancé dans l’âge, malade et handicapé.
Il y a bien sûr ce général-major à la retraite qui a osé « braver » le système en se portant candidat au renouveau de l’Algérie. S’il est vraiment le candidat qu’il prétend, il est bien téméraire. Mais on ne connait pas vraiment ses ressorts, ni ses tenants et aboutissants. Certains l’imaginent comme le candidat « roue de secours » du pouvoir au cas où, à Dieu n’en plaise, surviendrait en cours de route un malheur. C’est dire le degré d’incrédulité dans lequel est tombée l’Algérie.