chroniques
En Egypte on annule les examens, en Algérie on les confie à l’armée, au Maroc on poursuit les fraudeurs, mais où va-t-on ?
Le baccalaur?at est devenu un drame national au Maroc, en Alg?rie, et en Egypte. Chez nous des dizaines d?arrestations ont ?t? op?r?es, des circuits ont ?t? d?mantel?s, mais la triche reste massive. Nos voisins de l?Est ont ?t? oblig?s de confier ? l?arm?e une nouvelle session, en Egypte les examens ont ?t? annul?s.
L?ampleur de la triche fait peur, si des circuits mafieux se sont constitu?s c?est que la demande existe. Une soci?t? qui a une jeunesse aussi prompte ? frauder est une soci?t? en danger, parce que les valeurs du travail, du m?rite ne font pas partie du r?f?rentiel de ses g?n?rations futures. Encore faut-il pr?ciser que ceux qui sont arriv?s au baccalaur?at sont l??lite de la jeunesse, le d?crochage ?tant le plus massif.
Il ne faut pas traiter ce ph?nom?ne comme un fait divers. Il n?existe que chez les pays d?Afrique du Nord et ceux qui leur ressemblent. Cela nous interpelle quant aux champs r?f?rentiels r?els de nos soci?t?s.
Des soci?t?s Islamis?es?? L?Islam n?a jamais permis la triche. Occidentalis?es?? L?Occident promeut les valeurs de l?effort et du m?rite et non pas celles de l?usurpation. Ce sont des soci?t?s schizophr?nes ne valorisant que la survie, le syst?me D, qui produisent des jeunes gens sans dignit?, parce que ?sans valeurs et donc sans attachement ? la collectivit?.
Le syst?me ?ducatif dans son ensemble a failli. L??cole est au centre mais qu?ont transmis les familles, le tissus associatif, les m?dias?? C?est un ?chec collectif qui en appelle d?autres car qui peut penser que celui qui triche au baccalaur?at sera un fonctionnaire int?gre, refusera la corruption ou un salari? consciencieux??
Dans les trois pays la seule r?ponse est s?curitaire. C?est une erreur grossi?re parce qu?elle nie la vraie source du probl?me qui est l?absence d?un r?f?rentiel de valeurs au sein de la jeunesse.
Cela ne s?invente pas en 24 heures. Dans ces soci?t?s, seules les ?lites se disputent autour de projet de soci?t? qui en fait n?atteint pas les masses. Celles-ci sont travers?es par des courants centrifuges. Le m?me jeune qui triche au baccalaur?at fr?quente la mosqu?e. Il n?y a plus de consensus sociaux, les anciens ont saut? sous l?effet de la pr?tendue urbanisation, et il n?y a pas de nouveaux, parce que le devenir collectif n?est plus au centre des conversations.
Dans les ann?es 30 du si?cle derniers, un psychiatre fran?ais a ?tudi? la population ouvri?re de Casablanca. Il notait que ces ouvriers, se d?barrassaient des valeurs impos?es par la pression sociale dans les campagnes mais n?adoptaient pas les valeurs citadines. Ils sombraient dans l?alcool, la drogue, l?individualisme, il voyait un danger pour la cit? si elle se montrait incapable de les int?grer. La ruralisation des villes donne la pleine mesure de ces effets en nous offrant une jeunesse sans attache qui n?a de respect pour aucune r?gle, le vivre ensemble est en danger.