Culture
Chronique ''Cinéma, mon amour'' de Driss Chouika: TOSHIRO MIFUNE, UNE FIGURE MARQUANTE DU CINÉMA JAPONAIS
La collaboration entre Kurosawa et Mifune a toujours été qualifiée de légendaire en raison des films emblématiques qu'ils ont fait ensemble. Parmi ces œuvres, "Rashomon" a particulièrement marqué les esprits, "Les Sept Samouraïs" (Photo) aussi, où Mifune joue le rôle de Kikuchiyo,
« Je ne veux déranger personne, et je continuerai aussi longtemps que je pourrai marcher ».
Toshiro Mifune.
Toshiro Mifune, considéré comme l'un des plus grands acteurs du cinéma japonais, est une figure emblématique qui a marqué l'industrie du cinéma international. Connu surtout pour ses collaborations avec le célèbre réalisateur Akira Kurosawa, Mifune a incarné des rôles qui ont transcendé les frontières culturelles et ont laissé une empreinte indélébile sur le cinéma mondial. Sa rencontre avec Akira Kurosawa a été déterminante dans sa carrière. Impressionné par l'intensité et le charisme de Mifune, Kurosawa l'a immédiatement adopté comme acteur, marquant le début d'une collaboration qui allait redéfinir le cinéma japonais. Sa première découverte dans le monde du cinéma, alors exclusivement réservé au monde blanc, a eu lieu en 1950 avec la projection du film “Rashomon“ de Akira Kurosawa qui a alors recu le Lion d’Or à La Mostra de Venise, permettant au cinéma japonais de gagner une reconnaissance internationale.
Né le 1er avril 1920 à Qingdao en Chine, où ses parents japonais étaient missionnaires, Mifune a grandi dans un contexte multiculturel. Pendant son adolescence, il n'avait pas l'intention de devenir acteur. Il était plutôt intéressé par la photographie, suivant les traces de son père. Cependant, le destin en a décidé autrement.
UNE COLLABORATION LÉGENDAIRE AVEC KUROSAWA
La collaboration entre Kurosawa et Mifune a toujours été qualifiée de légendaire en raison des films emblématiques qu'ils ont fait ensemble. Parmi ces œuvres, "Rashomon" a particulièrement marqué les esprits, "Les Sept Samouraïs" aussi, où Mifune joue le rôle de Kikuchiyo, un guerrier ronin grossier mais héroïque, qui reste l'un de ses rôles les plus célèbres. Il y a aussi "Yojimbo" et "Le Château de l'Araignée" qui sont des témoignages de son talent et de sa capacité d'adaptation à divers types de personnages. Chaque rôle magnifie sa capacité à fusionner charisme brut et profondeur émotionnelle, offrant des performances qui captivent les publics du monde entier.
L'alchimie entre Kurosawa et Mifune a reposé sur un respect mutuel et une compréhension artistique profonde. Kurosawa voyait en Mifune un acteur capable de donner corps à ses visions les plus complexes. En retour, Mifune admirait le génie cinématographique de Kurosawa, composant des personnages avec une intensité et un réalisme inédits. Cette synergie créative a permis de réaliser des films qui sont non seulement acclamés par les critiques, mais aussi appréciés par les cinéphiles et le grand public en général.
UNE CARRIÈRE INTERNATIONALE
Après la fin mystérieuse de sa collaboration avec Kurosawa en 1965, Mifune a continué à prospérer en tant que comédien international. Hollywood l'a accueilli à bras ouverts, et il a trouvé le succès dans des films comme "Grand Prix" (1966) de John Frankenheimer, où il a joué aux côtés de James Garner, et "Duel dans le pacifique" (1968) de John Boorman, avec Lee Marvin. La performance de Mifune dans ces films a démontré sa capacité à transcender les barrières linguistiques et culturelles, confirmant son statut d'icône cinématographique mondiale.
Dans les années 1970 et au-delà, Mifune a un répertoire diversifié, apparaissant dans des séries télévisées ainsi que des productions internationales. Il a également fondé une société de production, « Mifune Productions », ce qui lui a permis de produire et de réaliser ses propres films. Toutefois, bien que certains de ces projets aient été acclamés, ils n'ont pas tous connu un succès commercial. Cela n'a pourtant en rien terni l'aura légendaire de Mifune dans le monde du cinéma.
L'impact de Toshiro Mifune sur le cinéma ne peut être sous-estimé. Les performances mémorables de Mifune dans les rôles de samouraï et de guerrier intrépide ont défini un des archétypes du héros japonais au cinéma. De nombreux réalisateurs occidentaux, tels que George Lucas et Quentin Tarantino, ont cité les films de Kurosawa avec Mifune comme sources d'inspiration majeures.
Aussi, plusieurs acteurs et réalisateurs contemporains rendent hommage à Mifune en soulignant son influence durable sur leurs travaux. Sa façon unique de combiner une forte présence physique avec une sensibilité émotionnelle subtile reste une référence pour les acteurs souhaitant captiver et émouvoir leur public. En 2016, le documentaire « Mifune : The Last Samurai », réalisé par Steven Okazaki, a été produit pour célébrer la vie et l'œuvre de ce grand acteur, illustrant ainsi son impact durable et son importance dans la culture cinématographique internationale.
Mais, malgré son immense carrière internationale, il est resté jusqu’à la fin fidèle à ses principes de vie simple, sans fioritures ni luxe, répondant invariablement à tous ceux qui lui reprochaient sa modestie légendaire, qui ne contrastait qu’avec sa non moins légendaire addiction à l’alcool : « Je ne veux déranger personne, et je continuerai aussi longtemps que je pourrai marcher ».
FILMOGRAPHIE SÉLECTIVE DE TOSHIRO MIFUNE (LM)
« L'Ange ivre » (1947) de Akira Kurosawa ; « Le Duel silencieux » (1949) de Akira Kurosawa ; « Le Chien enragé » (1949) de Akira Kurosawa ; Rashomon (1950) de Akira Kurosawa ; « Évasion » de Kajiro Yamamoto ; « L'Idiot » (1951) de Akira Kurosawa ; « Les Sept Samouraïs » (1954) de Akira Kurosawa ; « Le Château de l'araignée » (1957) de Akira Kurosawa ; « La Forteresse cachée » (1958) de Akira Kurosawa ; « Yojimbo » (1961) de Akira Kurosawa ; « Sanjuro » (1962) de Akira Kurosawa ; « Entre le ciel et l'enfer » (1963) de Akira Kurosawa ; « L’héritage des 500.000 » (1963) de Tosiiro Mifune ; « Barberousse » (1965) de Akira Kurosawa ; « Grand prix » (1966) de John Frankenheimer ; « Duel dans le pacifique » (1968) de John Boorman ; « Soleil rouge » (1971) de Terence Young.
DRISS CHOUIKA