chroniques
Garder la mesure – Par Ahmed CHARAÏ
Le gouvernement fait face à des crises exogènes, il comporte des compétences indéniables qui font face à l’image de Leila Ben Ali (photo), à la fois une tête bien faite et bien pleine. L’opposition au sein du Parlement, au lieu de mettre en doute, en permanence, de façon parfois folklorique, la bonne foi des membres de l’exécutif, devrait faire des contre-propositions claires et réalistes. Faute de quoi, elle s’exclut elle-même du débat démocratique.
L’architecture institutionnelle est clairement définie par la constitution. Le Roi est le garant de l’unité de la Nation, mais aussi des options stratégiques. Ce rôle transcende tous les clivages et est considéré par les citoyens comme définissant le cap.
Il y a le gouvernement qui est issu des urnes puisque c’est le parti sorti premier des élections qui dirige le gouvernement. L’exécutif actuel ne déroge pas à la règle, c’est une coalition entre les trois partis ayant recueilli le plus de voix. Le programme gouvernemental et la loi de finances ont été approuvés par une large majorité au parlement.
Les institutions fonctionnent, il n'y a pas l’ombre d’un grain de sable. Indépendamment des conjonctures, c’est l’une des forces principales du Maroc, que cette construction démocratique qui fonctionne.
Qui dit démocratie ne dit pas unanimisme. Il est donc naturel et sain que le débat ait lieu, que les divergences s’expriment. Ce débat peut même être vif, car la politique, la vraie, est une affaire de convictions mais aussi de tripes. Que des opposants, des commentateurs, critiquent l’action de l’exécutif, est l’essence même du jeu démocratique.
Encore faut-il que ces critiques soient argumentées, s’appuyant sur des faits, avant de proposer des alternatives. C’est cette attitude qui permet d’éclairer les citoyens sur les enjeux, les nuances et les divergences quand elles existent, et renforce leur attachement aux institutions représentatives et donc à la vie politique.
C’est le rôle premier de l’opposition au sein du Parlement, qui au lieu de mettre en doute, en permanence, de façon parfois folklorique, la bonne foi des membres de l’exécutif, qui n’a que quelques mois d’existence, devrait faire des contre-propositions claires et réalistes. Faute de quoi, elle s’exclut elle-même du débat démocratique.
Ce gouvernement fait face à des crises exogènes. Le cycle inflationniste est mondial, le prix des hydrocarbures crève tous les plafonds. Cette tendance sera renforcée par la guerre en Ukraine et la sécheresse est un phénomène qui risque de se reproduire. Pour une économie qui sort du Covid, ce n’est pas un contexte simple.
Les résultats du dialogue social sont à juger avec cet éclairage. Ils ne sont pas mirobolants mais pas négligeables non plus. Il faut que le débat sur les réponses de l’exécutif au contexte actuel soit rationnel et apaisé.