La semaine de Naïm Kamal – Au Bal des Si

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Le panier de la discorde ou de la mauvaise cause

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Aziz Akhannouch et son RNI font-ils si peur à l’approche des élections ? Des journaux qui nous apprennent qu’entre le PJD et le RNI rien ne va plus (comme si des fois ça allait), au tir groupé des parti de l’opposition, Istiqlal, PAM et PPS qui n’ont de commun que de ne pas être du gouvernement, en passant par le concours bienveillant de la starlette des bloggeuses Mayssa Salama Naji  qui a reçu en vedette américaine Hamid El Mahdaoui, c’est un chœur soigneusement accordé. Il n’y en a que pour le parti de la colombe ramenée à son statut de pigeon dans un tarpshooting et son président, dans la salle d’échauffement électoral, à celui de pushing ball. En garde-t-il quelques bosses ou des bleus ? Allez savoir, mais depuis le temps qu’elle court qu’elle court la maladie des élections, il devrait être aussi imperméable qu’une peau dont les célèbres et mythiques tanneurs de Fès auraient pris grand soin. 

En pleurer, en rire, s’en plaindre, dire que c’est tout ce que vous avez à nous servir en guise d’entrée électorale ne serviraient, las, à rien. Si j’avais été un antiparti primaire, j’aurais dit que si les formations politiques pouvaient produire du sens, ça se saurait. Et si elles pouvaient réfléchir, le Souverain du pays n’aurait pas eu besoin de créer une commission spéciale pour penser le nouveau modèle de développement. Mais il se trouve que je crois au rôle des partis, aux instances d’intermédiation et en la démocratie quand bien même ne serait-elle pas le meilleur des systèmes à l’exclusion de tous les autres.

Tant et si bien que nous voici contraints de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Trouver du bon à ce brouhaha qui se veut branle-bas de combat. Chercher du plaisir dans cette veillée d’armes en bois. Trinquer à la lie du vide sidéral. Ça meuble nos nuits ramadanesques maussades comme un couvre-feu. Nous distrait de nos angoisses coronavurlesques à en mourir de rire. Nous amuse autant que la production dramatique - c’est comme ça qu’on dit, n’est-ce pas ?- dont nous gratifient nos chaines publiques. 

De l’eau dans un panier

De quoi accuse-t-on Aziz Akhannouch et le RNI (RNI étant ici un pléonasme) ? De faire distribuer par une fondation sienne, des paniers d’aides pendant ce mois de Ramadan ? Et après ! Un tiens ne vaut-il pas mieux que deux tu l’auras, tant il est établi et admis que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient. Demandez à Abdalilah Benkirane qui a promis monts et merveilles pour finir dans un rockingchair confortablement calé. 

Mettons les i sous les points. Le procédé du panier serait mal si offrir un panier ne revenait pas à mettre de l’eau dans un panier et pouvait sérieusement assurer les voix des électeurs. Or, rein n’est moins sûr depuis que pour soustraire le votant au contrôle du candidat, on a substitué aux couleurs les symboles, pour plupart une faune de gentils animaux qui n’ont rien demandé. Un bulletin unique comportant tous les prétendants avec des cases à cocher et à laisser sur place dans l’urne, n’était-ce pas la trouvaille qu’on a trouvée pour préserver à l’électeur toute sa latitude de prendre le beurre et l’argent du beurre sans pour autant, s’il ne le désire pas, voter pour le bon samaritain ? Sous cet angle, toute cette polémique se réduit à un brassage de vent pour produire une tempête dans un panier qui sera vide longtemps avant que le jour du scrutin survienne pour que l’on s’en souvienne.  

Ce serait mal encore si et seulement si les accusateurs n’en faisaient pas autant. Si l’efficacité de l’appareil électoral du PJD ne reposait pas sur son réseau de bienfaisance. Si par leurs tissus associatifs les autres ne marchandaient pas les voix des électeurs. Si tous les partis n’acceptaient pas (avec qui vous savez) des arrangements pré et postélectoraux pour s’assurer des sièges ou se garantir un groupe parlementaire. Si les élus communaux de tous les partis n’utilisaient pas les services sociaux (passe-droit, ambulances, fourgons mortuaires, bons alimentaires etc.) de leurs communes pour s’attacher la fidélité des électeurs sur le dos de l’habitant. Si toutes ces grosses tuiles de l’intégrité refusaient les subventions de l’Etat pour les verser au Fonds d’aides Covid, qui en a vraiment besoin… Si et si et encore si et seulement si avec un panier on pouvait mettre les résultats des urnes dans sa poche. Si bien qu’avec autant de Si on se retrouve autant de tristes luron au bal masqué des faux derches. s

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