International
Le casse-tête américain – Par Ahmed Charaï
Malgré la force de l’actualité, la Russie, aux yeux de Biden n’est qu’une menace militaire pour l’Europe, allié important pour les USA. Les bruits de botte en Ukraine peuvent être contenus, parce que la Russie a des faiblesses économiques
Joe Biden a une expérience inégalée des questions internationales. Sénateur, il a été président de la commission des Affaires Étrangères ; Vice-Président, il était aux premières loges. A la tête d’une Administration, dont la majorité des membres est expérimentée, c’est lui, qui fixe les priorités. Son adversaire stratégique, c’est la Chine.
L’empire du silence, trop agressif commercialement, surtout avec son programme route de la soie, challenge la puissance américaine et tente de la supplanter dans plusieurs régions du monde. Pour Biden, la priorité des priorités, c’est de contenir cette puissance montante qu’il juge menaçante.
Malgré la force de l’actualité, la Russie, aux yeux de Biden n’est qu’une menace militaire pour l’Europe, allié important pour les USA. Les bruits de botte en Ukraine peuvent être contenus, parce que la Russie a des faiblesses économiques, et l’Administration compte bien jouer dessus en menaçant Poutine de lourdes sanctions.
L’Iran, au-delà du dossier nucléaire qui menace la sécurité d’Israël, est une menace pour l’ensemble de la stabilité régionale, via ses créatures armées en Irak, au Liban, en Palestine et surtout au Yémen.
Le vrai casse-tête américain, c’est le comportement vis-à-vis de ces entités surarmées par l’Iran. Les choix politiques sont compliqués par la dimension humanitaire, et le poids moral des USA.
Comment éviter une tragédie humanitaire en Afghanistan sans maintenir un minimum de relations avec le régime des Talibans ?
Les Houthis menacent les Émirats et l’Arabie saoudite, mais là aussi les décréter organisation terroriste menace l’aide humanitaire. Le Hizbollah libanais tient en otage le fonctionnement de l’État et les groupuscules irakiens empêchent toute stabilité et toute indépendance, même relative, vis-à-vis de l’Iran.
Le choix de se désengager du Moyen-Orient a un coût, celui de composer avec ces groupes, qui malheureusement sont souvent représentatifs d’une partie de la population.
Il faut dealer avec Téhéran, ce qui n’est pas simple, renforcer les États centraux, ce qui n’est pas une réussite depuis 20 ans et surtout impliquer d’autres acteurs intéressés par la stabilité de la région.
L’Administration Biden doit prouver son habileté sur ce dossier dans le mi-mandat à venir. Le Moyen-Orient ne peut pas être totalement abandonné, même si l’obsession c’est la Chine.