chroniques
LE G7 SE TROMPE D’ENNEMIS
Les chefs de la diplomatie des pays du G7 réunis depuis lundi 3 et 4 mai à Londres, au Royaume-Uni.
Les grandes puissances se disent ''très préoccupées'' par l'''attitude irresponsable'' de Moscou. Ils devraient plutôt s’inquiéter des ravages économiques et sociaux auquel tous les Etats du monde, sans exception, doivent faire face, du fait de la pandémie.
Au lieu de faire des effets de manches destinés à la consommation domestique, le G7 devrait par exemple s’inquiéter des difficultés que les pays en voie de développement, particulièrement ceux d’Afrique, ont à se procurer des vaccins, difficultés d’être servis avec la même promptitude que les pays riches du G7, et le manque de moyens financiers pour faire face à ces achats imposés.
Réunies pour la première fois en personne, depuis plus de deux ans, les grandes puissances du G7 ont adopté mercredi, un ton ferme à l'égard de la Russie, de la Chine et l'Iran, sans annoncer l'aide supplémentaire au partage des vaccins, demandée par l'OMS. Curieux agenda où la pandémie et ses problèmes soulignés par l’OMS (ONU) passent après l’annonce de leur alignement sur les gesticulations de Washington.
A un mois du sommet des chefs d'État et de gouvernement du G7 en Angleterre, cette rencontre de leurs chefs de diplomatie à Londres, marquait le retour des contacts directs après des mois de visioconférences, et celui du multilatéralisme revendiqué par la nouvelle administration américaine. On attendait des décisions, tout au moins des gestes vers les pays d’Afrique.
Les rencontres se sont déroulées à huis clos et suivant un strict protocolaire sanitaire. Les principales conclusions sont venues par le communiqué final mis au point par l'Allemagne, avec l’aval e Canada, des États-Unis, de la France, de l'Italie, du Japon et du Royaume-Uni.
L’Afrique aura besoin de 1,5 milliard de doses pour vacciner 60% de sa population et atteindre l’immunité collective selon les estimations.de l’OMS.
La plupart des pays du continent, comptent sur l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Union africaine (UA) pour s’approvisionner. Grâce aux dispositifs de ces deux organisations, l'OMS table sur 30% de la population africaine vaccinée d’ici la fin 2021.
Il va de l’intérêt bien compris des pays riches, de voir universaliser la vaccination, car isolés dans leur tour d’argent, ils ne pourront pas sécuriser leurs populations, quand plus d’un milliard de personnes reste encore contaminables.
Si les États-Unis ont apporté leur soutien à l’OMS demandant de lever temporairement la barrière des brevets sur les vaccins contre le coronavirus, le G7 aurait dû se saisir du problème. Chez les laboratoires occidentaux, c'est le branle-bas de combat depuis l'annonce de la décision américaine.
En pleine crise sanitaire, cette réunion des pays riches s'est tenue dans un contexte de pression accrue pour se montrer plus solidaires. Alors que les campagnes de vaccination en Europe ou aux États-Unis permettent une levée progressive des restrictions, les pays pauvres manquent encore cruellement de doses à injecter pour lutter contre la pandémie. Lundi, le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est d'ailleurs inquiété d'un déficit de financement de 19 milliards de dollars (sur les 22 nécessaires cette année), sans compter plus de 35 milliards nécessaires l'année prochaine pour la vaccination, et avait appelé le G7 à combler ce manque.
On ne comprend pas pourquoi les rencontres se sont déroulées à huis clos. Avaient-ils peur d’étaler au grand jour leur égoïsme ?