Le Maroc et les Emirats Arabes Unis : si loin, si proches – Par Talaa Saoud ATLASSI

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Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane a reçu, lundi dernier à Abou Dhabi, Mohammed VI, Roi du Royaume du Maroc, lors d’une cérémonie d’accueil solennelle et grandiose, en hommage autant au Souverain qu’au Maroc dont il est l’incarnation. Elle a été marquée par l’intensité émotionnelle de la fraternité

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Le 2 décembre 1971 naissait l’État des Émirats arabes unis sous la présidence du gouverneur d’Abou Dhabi, Cheikh Zayed Al-Nahyane. Quelques années plus tard, les Marocains allaient sentir dans leur quotidien la présence de Cheikh Zayed et celle des Émirats arabes unis, en même temps que le Maroc gagnait en présence dense et agissante aux Émirats, comme si les deux États étaient des voisins limitrophes et non pas deux pays séparés par des milliers de kilomètres de distance et des caractéristiques géographiques distinctes. 

Feu Hassan II et Cheikh Zayed ont tissé une relation fraternelle, sincère et chaleureuse, qui s’est répercutée sur les rapports entre les deux pays et les deux peuples, de plus en plus empreints de solidarité fraternelle et d'échanges bénéfiques. Au fil du temps, ces relations ont ciselé leur “géographie” propre, ponctuée par des rapports féconds dans une interaction qui se joue des frontières. Ces rapports ont poursuivi leur processus d’approfondissement sous le règne du Roi Mohammed VI et de la direction émiratie, particulièrement sous la présidence de Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, toujours avec la même fraternité sincère, la même entente profonde et la même interaction pragmatique. Il s’agit en fait de relations presque exceptionnelles entre deux pays arabes. Loin de céder aux slogans dithyrambiques dont l’effet pompeux s’évapore aussitôt consigné dans une déclaration, ces relations sont gérées avec la sagesse de “l’intelligence émotionnelle”. Elle induit un réalisme politique et économique qui transforme les sentiments fraternels en une mécanique des intérêts bien compris.

Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane a reçu, lundi dernier à Abou Dhabi, Mohammed VI, Roi du Royaume du Maroc, lors d’une cérémonie d’accueil solennelle et grandiose, en hommage autant au Souverain qu’au Maroc dont il est l’incarnation. Elle a été marquée par l’intensité émotionnelle de la fraternité. Durant l’accueil, Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane a passé en revue un pan de l’histoire de son pays, le temps d’un spectacle où les cavaliers émiratis ont exprimé les marques authentiques de l’hospitalité arabe.

La teneur inédite de la Déclaration « Vers un partenariat novateur, renouvelé et enraciné entre le Royaume du Maroc et l’État des Émirats Arabes Unis », s’articule autour de « partenariats économiques agissants » au profit des deux peuples. La Déclaration constitue à coup sûr un bond qualitatif dans le processus des relations bilatérales, mais aussi dans le registre des relations interarabes, en ce sens qu’elle traduit de la manière la plus éloquente la solidarité arabe. Portée par le réalisme et la rationalité, elle donne corps à la coopération arabe sur la base de la réciprocité des intérêts et la fidélité aux engagements.

Ce dont Abou Dhabi a été le théâtre à l’occasion de cette visite s’inscrit dans le projet de réforme et de modernisation que mène le Roi Mohammed VI et vient le consolider. Ce projet de réforme a atteint un niveau de maturation fort avancé dans ses déclinaisons sociales et économiques, au point de fournir des leviers et des structures solides en mesure d’accueillir ce type de partenariat avec les Émirats arabes unis. Résultat des courses : le deal scellé promet d’être fructueux pour les deux pays et servira de force motrice pour le développement qualitatif des infrastructures socioéconomiques à l’œuvre dans le Royaume. Certains, toujours sceptiques, ont mis en doute l’aptitude du Maroc à concrétiser ses aspirations au développement, en s’interrogeant sur les milliards nécessaires qu’il faudrait mobiliser pour se donner les moyens de ces ambitions. 

On est effectivement en présence d’un chantier titanesque : création et développement des ports, élargissement et extension des voies ferrées, création d’une flotte maritime, contribution au gazoduc transatlantique Maroc-Nigeria, extension des autoroutes, construction de nouveaux terrains pour la Coupe d’Afrique et la Coupe du monde, mise à niveau du tissu industriel, modernisation des infrastructures de la santé publique pour fournir le soutien social direct aux veuves et aux catégories démunies, le soutien du droit au logement de ces catégories, la lutte contre les effets du séisme dévastateur d’Al Haouz, la reconstruction des zones affectées par le tremblement de terre… 

À supposer la bonne intention derrière le scepticisme de certains, du reste légitime, la réponse n’est pas à rechercher sur un terrain philosophique en lui opposant un autre questionnement. Mais dans la dynamique de développement vécue et dans les réalisations politiques et économiques dont elle est la promesse ; celle-là même qui a convaincu les Émirats arabes unis d’y adhérer, via le « partenariat novateur, renouvelé et enraciné » signé à Abou Dhabi. Le Maroc doit son attractivité en matière d’investissements, en partie, à la clarté de sa vision du développement, couplée à la précision d’une feuille de route déclinée en étapes graduelles, mais également adossée à des leviers de développement concrets et prometteurs. À cela s’ajoute la stabilité politique, sociale et sécuritaire du Royaume. 

Last but not least, la sagesse et la constance, qui caractérisent les relations étrangères du Maroc, lui confèrent la résilience et l’immunité nécessaires pour faire face sans frémir aux secousses internationales.

Dans le tourbillon des conflits mondiaux, y compris les différends arabes, Rabat a imposé le respect de ses décisions souveraines, tout en s’érigeant comme un acteur dans les liens féconds et mutuellement bénéfiques entre les nations. Adossé aux relations politiques et fraternelles unissant le Maroc et les Émirats arabes unis, ce deal est historique de par ses dimensions, sa globalité, son pragmatisme, sa précision et sa diversité. Ce partenariat a été patiemment brodé dans les coulisses chaleureuses des relations bilatérales, loin des projecteurs, sans tapage, sans bruit. Jusqu’au jour de la visite royale à Abou Dhabi où tout le monde a découvert le volume de ce partenariat, sa profondeur et sa grande portée. Si ce deal a fait le bonheur des peuples marocain et émirati, il ne manquera pas de plonger dans la stupeur certaines parties pas forcément amicales avec les deux pays, surtout que ce deal englobe tout l'espace marocain, de Nador à Dakhla.

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