L’Omigrant français – Par Naïm Kamal

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Avec Eric Zemmour, c’est une autre paire de langage, encore plus fleuri que celui d’Emmanuel Macron.

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Si ça avait été une gaffe, on aurait pu dire qu’Emmanuel Macron est moins drôle que le Gaston de la BD. Mais il semble que son coup est calculé par une envie subite de se faire, contrairement à ce qu’il assurait quelques jours auparavant, moins rassembleur et plus clivant. 

Reste qu’un hôte de l’Elysée qui se met à avoir des envies, ça interroge et ça inquiète. Passe qu’il ait envie de prendre la tête à nouveaux aux Français. C’est pour ainsi dire un besoin naturel.  Mais qu’il ait comme une ‘’envie d’emmerder les non-vaccinés’’ de ses compatriotes qui n’en peuvent plus déjà de cette merde de pandémie, il y a de quoi rendre circonstipects ses potentiels électeurs. 

Si l’expression cash et le parler cru sont chez lui un mode de communication auquel les Français se sont habitués sans vraiment s’y faire, il n’est pas certain que ce soit un bon plan pour se faire réélire. Indécent même ; même pour le lointain successeur qu’il est de ce Roi Soleil qui avait pour habitude de recevoir en trônant sur son pot de chambre. 

Pourtant c’est la France, si attachée dans son langage à ses figures de style, métaphorique, euphémique, litotique, parabolique…, qui a trouvé le moyen de donner comme synonyme à merde et au verbe qui en dérive, pour éviter de les prononcer, le nom d’un général, devenu ainsi célébrissime : le mot de Cambronne.

Et elle a bien fait. Avoir envie de cambronner les non-vaccinés, par exemple, n’a-t-il pas une plus sensuelle con sonnance que les emmerder.

L’Omigrant

Avec Eric Zemmour, le variant français de l’extrême droite, baptisé l’Omigrant par l’OMS (organisation mondiale des suprémacistes), c’est une autre paire de langage fleuri. Au pays de la plus grande avenue de la planète et des plus beaux parfums du monde, il trouve chaque jour les mots pour, bouchez-vous le nez, faire chier les musulmans et particulièrement les immigrés d’entre eux. En parlant un langage châtié jusqu’au (pure) sang.

L’extrême droite française, comme le coronavirus, est une famille virale qui a existé de tout temps et qui de temps en temps libère un agent plus infectieux que les autres. Rien que pour les deux premières décennies du 21ème siècle, la France a eu droits à trois variants dont deux particulièrement pathogènes et singulièrement contagieux. Le J-MLP02 (pour Jean-Marie le Pen qui a causé une première vague à la présidentielle de 2002) et le MLP17 (pour Marine Le Pen à l’origine de la vague du second tour de 2017). Le troisième variant, MM-LP (pour Marion Maréchal-Le Pen) n’a pas provoqué de vague notable, et n’a donc pas mérité le suffixe chiffré pour dater son apparition. 

Pour l’Omigrant, qui a transfiguré les spicules originales de l’extrême droite, les épidémiologistes qui peuplent les rédactions et écument les plateaux de télévision lui prédisent une grande dangerosité. Mais échaudés par les précédents variants, ils restent prudents sur l’ampleur de sa vague à la présidentielle d’avril 2022.  Néanmoins, ses dégâts, visibles et invisibles, sont déjà irrémédiablement là.    

PS pour un oubli qui n’en est pas un : 

Autrefois, quelqu’un a écrit un délicieux opus cul, Français, votre français fout le camp. Tellement bien dit que nous aussi on a une envie, le paraphraser : Français, votre France part à vau-l’eau.