En nous propulsant à la demi-finale de la coupe du Monde, l'équipe nationale du football du Maroc nous a beaucoup inspiré. Nombreux sont les éléments qui sont issus de l'immigration marocaine. On peut réussir le même challenge dans d'autres domaines, l’investissement, la culture et la contribution au développement de notre pays

En tant que Marocain résidant à l'étranger, je ne peux, plus que ne pas réagir, que me réjouir de la teneur du dernier discours de sa Majesté. Concis, précis et percutant, ce discours se décline en deux temps.

Le 6 novembre, jour férié, est celui de la célébration de la question nationale et pour le Monarque l’occasion de faire le point sur le dossier. Ces dernières années ont été, pour les Marocaines et les Marocains, de l’intérieur comme de l’extérieur, l’occasion, et à maintes reprises, de se réjouir des multiples reconnaissances de la marocanité du Sahara par les grandes puissances. Les Marocains de France ont goûté avec gourmandise, la reconnaissance de l’État français et ont suivi, avec fierté, la visite d’État d’Emmanuel Macron et la pléthorique délégation française.

Et puis, il y a eu la question des Marocains du monde. Moi qui en fait partie, il me plait de souligner que, le fait même aborder le sujet qui nous concerne, en même temps, que celui de notre question nationale est, en soi, un puissant témoignage de la considération royale. 

Si l’évolution des Marocains du monde est quantitative, elle est aussi et désormais qualitative. Estimée à environ 5 millions, établie dans plus de 100 pays à travers les 5 continents, cette communauté, en constance mutation, recèle en elle un puissant dynamisme, beaucoup d’intelligence et des nouvelles générations qui réussissent dans tous les domaines. Ils accèdent, de plus en plus, à des postes et à des responsabilités significatives. L’immigration marocaine acquiert, de plus en plus, une importance économique, culturelle et géopolitique. Le Monarque marocain l'a bien compris.

Il faut revenir à son discours du 20 août 2022, à l'occasion du 69è anniversaire de la révolution du Roi et du Peuple. Le souverain avait tiré la sonnette d'alarme, sur la gestion publique et institutionnelle des affaires de la diaspora marocaine. Il avait établi un bilan négatif sous une forme interrogative : « Qu'avons-nous fait pour renforcer le sentiment patriotique de nos immigrés ? Le cadre législatif en place et les politiques publiques tiennent-ils compte de leurs spécificités ? Les procédures administratives sont-elles adaptées à leurs attentes du moment ? Leur avons-nous assuré l'encadrement religieux et éducatif nécessaire ?  Leur avons-nous apporté l'accompagnement requis et les conditions favorables à la réussite de leurs projets d'investissement ? »

 L’intervention du Souverain, mercredi 6 novembre 2024, est l’attestation que rien n'a été fait depuis. C’est que on appelle une reprise en main du dossier ou, de manière plus triviale, prendre le taureau par les cornes. Il a dans son discours livré, pour les années à venir, une feuille de route stratégique. Avec deux principaux axes :

• Une loi cadre du CCME (Majliss Al Jalia), inscrit dans la constitution, et qui doit être renouvelé, redynamisé, et qui tient compte des expériences cumulées et des erreurs du passé, tant au niveau de sa représentativité MRE, qu'au niveau de son fonctionnement. Et ceci « dans les meilleurs délais ». Il est effectivement plus que temps de sortir le CCME de sa léthargie.
• La création d’une Fondation Mohammedia pour les Marocains du Monde:

C'est une nouveauté, la surprise et certainement la réponse adéquate, au cafouillage des multi-intervenants sur le dossier MRE. Cette nouvelle fondation aura pour mission de coordonner les politiques publiques et de répondre aux besoins de la « diaspora » en mutation permanente. Tout en veillant au maintien des liens culturels, religieux, linguistique avec le Maroc, la fondation devra « ouvrir la voie aux compétences et aux expertises marocaines installées à l'étranger et d'accompagner les porteurs d'initiatives et de projets ». 

C’est un pari pour l’avenir. A mon sens, la réussite de cette fondation à réaliser les objectifs fixés, dépendra de sa capacité d’intégrer et d’impliquer des acteurs de la communauté marocaine, aussi bien dans son fonctionnement que dans l’édification de ses orientations stratégiques. 

Le Maroc, le nouvel Eldorado pour les MRE

De plus en plus des jeunes issus de l'immigration marocaine, lassés par l'ambiance islamophobe et xénophobe des sociétés d'accueil, repartent ou pensent repartir au Maroc. Ils rêvent de pouvoir investir, créer des entreprises, tout en profitant d'une meilleure qualité de vie. Nul n’ignore les possibilités d'investissement qu'offre l'essor et le boom économique du Maroc. Pour certains, ce n'est pas seulement un retour aux sources affectif mais aussi parce qu’ils ressentent intuitivement que c’est bel et bien le nouvel Eldorado économique. Pour preuve, le pays n'attire pas seulement les jeunes issus de l'immigration marocaine, mais aussi des européens et même des franco-algériens.

Cependant, il faut protéger nos MRE désireux d'investir et encourager les expertises à s'installer au Maroc, les conseiller, leur faciliter la tâche y compris par des mesures réglementaires et administratives.

En matière de politique publique, le lien culturel et identitaire, la gestion des affaires religieuses, le dialogue inter-religieux, n'ont de sens que lorsqu'ils sont mis au service d'une économie porteuse d'emplois, de prospérité, de développement et de paix sociale. Construire la confiance, développer un nouveau récit, changer de paradigme, voilà quels sont les objectifs que doit se fixer la future fondation Mohammedia.

En nous propulsant à la demi-finale de la coupe du Monde, l'équipe nationale du football du Maroc nous a beaucoup inspiré. Nombreux sont les éléments qui sont issus de l'immigration marocaine. Certains ne parlent même pas l’arabe ou difficilement. Mais ils nous ont donné une leçon en quoi la nation marocaine leur est chevillée au corps. On peut réussir le même challenge dans d'autres domaines, l’investissement, la culture et la contribution au développement de notre pays.

Nice - France Le 08/11/2024