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Paniqué, Al Mouradia offre l’Algérie à Trump - Par Talaa Saoud al-Atlassi

La direction algérienne, dans ses deux composantes – l’apparente et la dissimulée, continue d’exercer son « raisonnement » politique en passant par le prisme Maroc
L’Algérie, obsédée par son hostilité envers le Maroc, dilapide ses ressources dans des manœuvres politiques et militaires inutiles. Pendant que son économie stagne et que son isolement diplomatique grandit, elle tente un revirement stratégique en ouvrant ses portes aux États-Unis sous l’ère Trump. Talaa Saoud al-Atlassi s’interroge :Opportunisme ou panique face à une influence déclinante ?
La direction algérienne a limité les ressources nourrissant son « esprit stratégique » en faisant de son hypersensibilité à l’égard du Maroc l’axe central de son fonctionnement. J’ai écrit, et d’autres avec moi, à maintes reprises, que ce phénomène n’est ni accidentel ni de simples réactions sporadiques et dispersées. Il s’agit d’un dysfonctionnement structurel dans la formation de cet « esprit » depuis sa conception et son « équipement » dans les laboratoires des premiers gouvernements du Front de libération nationale (FLN), juste après l’indépendance de l’Algérie, et jusqu’à aujourd’hui.
Le prisme Maroc
La direction algérienne, dans ses deux composantes – l’apparente, représentée par la présidence et le gouvernement, et la plus importante, dissimulée, constituée des généraux de l’état-major et de leurs ramifications dans les services de sécurité et de renseignement – continue d’exercer son « raisonnement » politique en passant par le prisme Maroc. Elle a pris l’habitude de nourrir sa haine envers le Maroc comme moteur de son « esprit » dans la hiérarchisation de ses priorités et de ses relations avec les autres pays, y compris dans la gestion de ses affaires sociales internes.
C’est une vieille habitude devenue addiction dont la direction algérienne ne peut plus se passer. On pourrait en parler longuement et les preuves en sont abondantes, jaillissant des fissures de ses politiques, qui sont nombreuses. Par conséquent, cette direction a consacré une grande partie de son énergie à tenter d’entraver l’essor du Maroc, avec son histoire séculaire, ses ressources humaines et naturelles, et ses avancées en matière de développement. Plus encore, elle s’est confrontée à une monarchie clairvoyante, qui a adopté des politiques propices au progrès social et économique, et des relations extérieures sages, ouvertes et pragmatiques.
Ces tentatives se sont traduites par des politiques imprégnées de haine, et n’ont fait que gaspiller, durant des décennies, les opportunités de la direction algérienne d’être véritablement au service de son peuple et du développement du pays.
Depuis des décennies, cette direction « investit » les revenus colossaux des hydrocarbures, estimés à plusieurs dizaines de milliards de dollars par an (les recettes moyennes des exportations de pétrole et de gaz de l’Algérie ces dernières années avoisinent les 50 milliards de dollars), dans des domaines qui ne sont d’aucun bénéfice au pays ni à son peuple. D’ailleurs, le mot « investissement » n’est pas approprié ici, car il s’agit plutôt de dilapidation dans deux directions principales :
Pour les ressources algériennes, deux débouchés
Accaparés par les généraux du régime, les revenus de l’Algérie leur permettant de s’enrichir grâce à cette rente, dans une sorte de « compensation » pour les « sacrifices » qu’ils endurent en exerçant le pouvoir. Il s’agit en quelque sorte d’un tribut qu’ils prélèvent des ressources du peuple. Dans les années 1960 et 1970, les premiers colonels du régime se sont réparti le butin de manière si flagrante que l’Algérie s’est retrouvée avec des « colonels du sable », des « colonels du café », des « colonels du textile », des « colonels du ciment » et même des « colonels des boissons alcoolisées », tous promus entretemps généraux quand ils ne sont pas éliminés ou emprisonnés dans des règlements de compte récurrents. La plupart des secteurs, souvent monopolisés par l’État, ont été transformés en sources de rente pour ces élites militaires, sous le couvert d’un socialisme d’État hybride, confus et mensonger, qui n’était en réalité qu’un nom de code pour le pillage.
L’autre partie des milliards issus de la rente pétrolière est utilisée pour activer à l’excès les mécanismes de l’État contre le Maroc, en multipliant les manœuvres hostiles et les conspirations. Cela commence par l’obsession du régime pour l’armement, saturant les casernes avec un arsenal démesuré d’armes russes, au point de perdre toute rationalité stratégique. Tout cela est justifié par la prétendue nécessité de se préparer à affronter « l’ennemi marocain », un prétexte que la direction militaire utilise pour légitimer son emprise sur l’Algérie et son accaparement des richesses du pays. Pourtant, elle sait pertinemment que le Maroc ne prendra jamais l’initiative d’attaquer l’Algérie.
L’histoire en témoigne : le Maroc, État et peuple, a largement contribué à la victoire du combat algérien pour l’indépendance. Il n’a jamais nourri de mauvais desseins contre l’Algérie et a toujours appelé sa direction, avec insistance et constance, à la compréhension mutuelle, à la solidarité et à la coopération. Outre les considérations fraternelles et de bon voisinage, le Maroc met en avant l’intérêt concret et mutuel des deux pays à collaborer et à s’intégrer, que ce soit à l’échelle bilatérale ou dans le cadre plus large de l’Union du Maghreb.
Mais la direction algérienne refuse d’en tenir compte, feint l’ignorance et détourne le regard, car elle cherche à provoquer une réaction hostile du Maroc afin de justifier son agressivité et de l’exacerber. Une telle attitude relève de dynamiques psychologiques complexes, analysables par des experts en psychologie politique, notamment dans sa dimension pathologique.
Ce gaspillage insensé de ressources dans des politiques hostiles au Maroc se retrouve également dans les vastes sommes allouées à la « corruption diplomatique » de certains pour le ralliement à la cause algérienne. Cette pratique remonte aux années 1960 et prend diverses formes : pots-de-vin en espèces transportées dans des valises, ou avantages matériels déguisés sous prétexte de « coopération » économique et commerciale.
En fin de compte, l’Algérie s’enferme dans un cercle vicieux où la haine du Maroc devient l’unique boussole de son action politique et diplomatique, au détriment du développement du pays et du bien-être de son peuple.
Complot, propagande et ruades
L’intelligence opérationnelle et la propagande constituent un autre canal par lequel s’écoulent les revenus pétroliers et gaziers de l’Algérie. La plus grande partie de ce gaspillage est consacrée à l’entretien du Polisario, notamment depuis que la Libye a cessé de le financer en 1984, après la signature du Traité d’Oujda entre le colonel Kadhafi et le roi Hassan II. L’Algérie prend en charge les besoins des camps de Tindouf, finance les déplacements de ses dirigeants, représentants et milices contre le Maroc.
Une autre partie des ressources nationales est dilapidée dans la propagande anti-marocaine, notamment via la multiplication de comptes numériques hostiles, soutenus par des campagnes médiatiques dans la presse algérienne et amplifiés par des agents placés dans certaines plateformes occidentales, y compris des mercenaires marocains rejetés par plusieurs services de renseignement étrangers en raison de leur compromission.
Pendant ce temps, la direction algérienne abandonne son peuple à des pénuries politiques, économiques et sociales alarmantes, nécessitant une volonté et des efforts considérables pour y remédier. La situation appelle à des réformes profondes : garantir les libertés publiques, libérer l’économie nationale du joug de la rente pétrolière (90 % des exportations algériennes sont des hydrocarbures) et assurer durablement l’approvisionnement en produits de base. Tout cela doit être mené en parallèle avec une modernisation de l’économie algérienne pour suivre le rythme des économies africaines émergentes, parmi lesquelles celle du Maroc, dont l’essor inquiète profondément la direction algérienne.
Poussée par une hostilité viscérale envers le Maroc, l’Algérie s’est aliénée plusieurs puissances internationales sans raison valable. Elle s’est mise à dos, gratuitement, des pays majeurs comme les Émirats arabes unis, la France et, auparavant, l’Espagne – uniquement à cause de leur rapprochement avec le Maroc. Mais pas avec les Etats Unis qui sont pourtant allés le plus loin dans la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Aujourd’hui, elle est même en tension sourde avec la Mauritanie, et en conflit ouvert avec le Niger et le Mali, plaçant le pays dans une posture de crispation vis-à-vis de son environnement géopolitique. Pourtant, la direction algérienne persiste à se vanter d’être une « puissance incontournable » et un « acteur central de la stabilité et de la coopération régionale ». Mais les faits seuls suffisent à discréditer ces prétentions.
L’obsession maladive de l’Algérie envers le Maroc lui a coûté des pertes considérables, creusant davantage l’écart entre les deux nations. Pendant que le Maroc accumule des avancées significatives dans son développement, la direction algérienne s’agite en vain, tentant tantôt de le rattraper, tantôt d’apaiser ses tensions avec des pays ayant reconnu la légitimité de sa cause nationale.
Il suffit de regarder la crise entre l’Algérie et l’Espagne pour mesurer cette contradiction. Après une rupture brutale liée au soutien espagnol au plan marocain pour le Sahara, Alger a fini par ravaler sa colère et ignorer son propre ressentiment, mendiant un retour à la normale. Le même scénario se répète aujourd’hui avec la France : malgré une crise qui semble plus profonde, les médias algériens laissent entrevoir un espoir de réconciliation. Ces derniers jours, la presse officielle fouille chaque déclaration des responsables français à la recherche du moindre signe d’apaisement.
La France occupe l’esprit de la direction algérienne, qui ne tardera pas à revenir quémander son attention, incapable de la délaisser au profit du Maroc. Nous assisterons bientôt à un nouvel épisode de cette course désespérée derrière Paris.
Trump : un cauchemar pour Alger ?
L’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche a provoqué une véritable onde de choc au Palais d’El Mouradia. L’Algérie a plusieurs raisons de redouter l’attention de Trump… et, en grande partie, le Maroc est à l’origine de cette panique.
Anticipant une possible tempête « trumpienne », la direction algérienne a cette fois choisi de prendre les devants. Elle a chargé son ambassadeur à Washington, Sabri Boukadoum, ancien ministre des Affaires étrangères, de mener une offensive de séduction. Son message ? Offrir à Trump une coopération sans limites.
Mais « coopération » n’est pas le mot juste. En réalité, l’Algérie s’offre entièrement aux États-Unis. Dans une interview publiée par un média américain – plus proche d’un communiqué de relations publiques que d’un entretien journalistique –, l’ambassadeur algérien a supplié Washington de vendre des armes à l’Algérie, lui proposant même des territoires à exploiter selon ses besoins et l’incitant à s’implanter en Afrique via la porte algérienne, en opposition à la présence russe.
Dans ce discours, il ne s’agissait pas simplement d’ouvrir des « portes » aux Américains, mais de se livrer armes et bagages.
Pendant longtemps, l’Algérie a fait semblant d’adopter une posture « progressiste » et « non-alignée ». En réalité, elle était bien incapable d’assumer cette ligne. Aujourd’hui, elle est prête à jeter aux orties même son masque de fierté et sa rhétorique souverainiste.
L’Algérie se courbe devant Trump avant même qu’il ne tourne son regard vers elle. Son simple isolement grandissant lui fait peur.
L’alignement du régime sur Washington n’a qu’un seul but : contrer le Maroc. Son hostilité est si ancrée qu’elle le pousse à brader tout sur quoi il s’est construit et à s’offrir sans réserve.