Pour le Mali, le modèle algérien – Par Naïm Kamal

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L’Algérie où des généraux gouvernent le pays au vu et au su de tout le monde en créant l’illusion qui ne trompe personne qu’à la tête de l’Etat il y a un civile

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Les Etats de la Cédéao où le pouvoir a été légitimement consacré par la voie et les voix des urnes, même s’il y a par-ci et par-là des choses à redire, ont sévèrement sanctionné la junte militaire qui a pris le pouvoir au Mali. N’entendant pas remettre le pouvoir aux civiles dont les délais initialement impartis sur injonction de Paris, les chefs d’Etat de la Cédéao n’avaient d’autre choix que de le mettre Bamako au ban de leur cercle.  

Seul Conakry où le colonel Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir le 5 septembre 2021, non sans une certaine bénédiction de l’Elysée, ne semble pas vouloir lui tourner le dos. Du moins pas encore.

La détermination des Etats de la Cédéao à sanctionner la junte de Bamako s’explique autant par le respect de la résolution de l’Union Africaine sur la prise de pouvoir par les armes que par un certain alignement sur la France malgré l’allergie que provoque en eux la diplomatie injonctive de Paris. Leur crainte que la mode des coups d’Etat, en vogue autrefois en Afrique, ne revienne perturber les fragiles « démocraties » de la région n’est pas non plus étrangère à cette fermeté. L’arrestation mardi 21 janvier de huit militaires au Burkina Faso, accusés d'avoir projeté de "déstabiliser les institutions", est tombée comme à point nommé pour les conforter dans leur position.

Comme on pouvait s’y attendre, la France, les Etats-Unis et …l’Algérie ont aussitôt apporté leur soutien aux exigences de la Cédéao pour un retour rapide des civils au pouvoir. Un peu plus conciliante toutefois sur les délais, jugeant «raisonnable et justifiable une période de transition d’une durée ferme de douze à seize mois" au lieu de six, l’Algérie a tout de même conforté la position française sur le Mali en appelant à "une attitude responsable et constructive". 

L’audibilité de la voix d’Alger dans ce concert ne peut dans ce contexte qu’être remarquable. La qualité de ses conseils à Bamako vient de leurs plus fortes chances d’être entendue par les militaires maliens qui ont beaucoup à apprendre de leur grand voisin. Tel, par exemple, l’aptitude des généraux qui gouvernent d’une main de fer le pays au vu et au su de tout le monde en créant l’illusion qui ne trompe personne, même pas le capitaine de l’équipe nationale de football, qu’à la tête de l’Etat algérien il y a un civile. Une prouesse, il faut l’admettre.