Quand des ministres ne protestent pas - Par Seddik Maâninou

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C’est une expérience unique que de rassembler un certain nombre de photographies et de les publier avec des légendes succinctes, tout en étant en possession de milliers de photos prises lors d’occasions diverses, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays

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Les médias se sont intéressés à mon nouvel ouvrage intitulé "Bassamat" (Traces), un livre que je me suis engagée à ne pas mettre en vente dans les kiosques, mais que j’ai décidé d’offrir à ceux qui possèdent les six volumes de mes mémoires intitulées "Ayyam Zaman" (Jours d’antan). 

Dans l’introduction, j’ai écrit :  "C’est une expérience unique que de rassembler un certain nombre de photographies et de les publier avec des légendes succinctes, tout en étant en possession de milliers de photos prises lors d’occasions diverses, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. J’ai ressenti la difficulté du choix et j’ai craint que cela ne soit interprété comme une préférence pour une photo par rapport à une autre, ou comme une mise en avant de certaines personnes aux dépens d’autres, ou d’un événement aux dépens d’un autre."

L'image et la mémoire

Le livre contient, dans ses 235 pages, plus de 300 photographies, pour la plupart en couleurs. J’ai considéré que "Bassamat" en images, après "Bassamat" en lettres, était une concentration sur une période décisive dans l’histoire du Maroc, une période marquée par des défis et des solutions incertaines. Le destin a voulu que je sois témoin de cette époque, et que j’en laisse ces ‘’Traces’’.

J’ai reçu des réactions de la part de ceux qui ont consulté le livre, et certains des articles soulignent la particularité de cet ouvrage et le rôle de la photographie dans la préservation de la mémoire.

La quête du document

Dans le quotidien "Al Ittihad Al Ishtiraki", l’écrivain Oussama Zougari lui a consacré un long article où il relève que "Dans ce livre, il y a un changement dans le style d’écriture que l’auteur a adopté pour structurer les six volumes de ses mémoires. On peut considérer qu’il s’agit d’un septième volume, qui publie une quantité importante de documents et de photographies. De cette manière, Maaninou a réussi à ancrer son parcours d’écriture spécialisée, en tant que chercheur de documents et passionné de témoignages matériels. C’est une exploitation de sa formation journalistique, basée sur la collecte, la vérification et le souci du détail dans les récits. L’auteur a ainsi réussi à relier deux éléments indissociables : l’apport du journaliste professionnel et celui de l’historien spécialisé. On peut donc dire que ce type de travaux pourrait constituer une précieux matériau pour les historiens qui vont se pencher sur l’époque contemporaine, grâce aux vastes perspectives ouvertes par la matière documentaire fournie" apporte l’auteur.

Une autre forme d’écriture

La docteure Najat Al-Marini a de son côté écrit :  "Bassamat est un livre fascinant, dans lequel j’ai trouvé ce que la plume a raconté avec brio, un souvenir splendide et une chronique réussie de moments importants de l’histoire du Maroc, de la vie de l’auteur, et de son accompagnement d’époques spécifiques à travers des récits gravés dans l’esprit dans "Ayyam Zaman", avec ses multiples volumes. "Bassamat" est une autre forme d’écriture artistique à travers le document – la photographie. Peu d’écrivains, à ma connaissance, ont suivi cette voie. L’image révèle le caché, dévoile ce qui est tu avec délicatesse et beauté. Merci beaucoup pour votre effort, pour avoir exploré vos souvenirs, pour votre réserve de photos et de documents qui ont revitalisé la mémoire éveillée et nous ont gratifiés de cette œuvre précieuse, belle et utile à la fois.’’

Les traces de la télévision

Il ne fait aucun doute que mes vingt années d’expérience à la télévision marocaine, et mon intérêt pour les images accompagnant les nouvelles, ainsi que les défis quotidiens dans le choix de ce qui peut être présenté au public, et les erreurs que j’ai commises par manque de discernement ou de compréhension, ont souvent fait en sorte que je m’intéresse davantage à l’image qu’au texte qui l’accompagne. Et pour ne pas m’attarder, je répète ce que d’autres ont déjà écrit : l’image est une partie essentielle du travail journalistique, et souvent, l’image seule suffit, sans qu’il soit nécessaire de l’accompagner d’un commentaire.

Sabotage

Dans mes mémoires, je raconte de nombreuses histoires étranges qui ont poussé des personnalités éminentes à me contacter par téléphone pour protester contre le fait de ne pas avoir mis en avant leurs activités et les efforts qu’elles déployaient. Parmi les protestataires figuraient des conseillers du roi, des ministres, des gouverneurs, et d’autres... Sans exception, ils considéraient cela comme un "sabotage" délibéré, accusant la télévision de les viser dans le cadre d’un complot cherchant à déprécier leurs réalisations.

Leurs réactions étaient marquées de tension et d’agitation. Et comme je m’étais habitué à ce genre de protestations, je m’étonnais lorsque aucun responsable ne m’appelait pas pour m’accuser de conspiration contre lui en l’effaçant de l’image télévisée, dans une tentative de minimiser ses efforts et ses réalisations.

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