''Si vous voulez lire un slogan accompagné de quelques émojis, ne lisez pas cet article''

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Je vais tenter de faire une petite analyse de ce que j’ai vu et lu ces derniers jours sur le thème du racisme et de la police en France. Les Etats Unis ont une Histoire et un rapport entre leurs communautés qui leur sont spécifiques. 

Je vais donc me concentrer sur ce que je connais : la France. 

Avant tout, il me semble important de rappeler qu’un raisonnement d’adulte responsable doit s’inscrire dans la perspective de l’intérêt général. Et je constate avec regret que cette notion d’intérêt général est aujourd’hui reléguée, au profit de diviseurs conscients comme Zemmour (qui a tenté de ternir l’image de George Floyd pour faire diminuer, voire cesser la vague d’empathie envers celui-ci), ou de diviseurs inconscients et immatures comme Camelia Jordana (la porte-parole médiatique qui « nous » est attribuée, visiblement), qui a récemment chanté devant des dizaines de milliers de personnes un chant des Black Panthers, « time to pick up the gun » (comme si elle savait de quoi elle parle) et qui a appelé à faire une révolution (qu’elle fuira dès la première égratignure).

Essayons donc, pour commencer, de ne pas tomber dans le piège de la division, que ce soit dans la généralisation qui est faite par les zemmouriens de la jeunesse immigrée ou celle qui est faite par les jordaniens (sans majuscule) de la police.
Cela n’a strictement rien de constructif et ne contribue qu’à faire perdurer un folklore stérile, un clivage sans intérêt pour le plus grand nombre d’entre nous.
J’ajouterai que prendre parti aveuglément pour un camp revient à accentuer les tensions, ce qui participe à augmenter le nombre futur de blessés ou de morts.

Que les diviseurs prennent donc leurs responsabilités. 

J’ai lu pas mal de gens écrire à propos d’un racisme systémique, d’un racisme d’Etat, qui serait le principal, voire l’unique responsable du rapport qu’entretiendrait la police française avec les Français d’origine immigrée.

Ce point de vue est, jusque dans une certaine mesure, plutôt bien accueilli par les catégories dominantes et nous chercherons plus loin à comprendre pourquoi.

J’ai aussi lu qu’il n’y avait aucun problème de racisme et que le conflit était uniquement social. 

Voici mon point de vue :

Il existe encore aujourd’hui des discriminations ethniques, que ce soit dans la recherche de logement, dans la recherche d’emploi dans certaines industries (comme le luxe par exemple), à l’intérieur de certains métiers (comme la police par exemple, où les témoignages sont nombreux) et lors des contrôles de police. Ces faits sont prouvés mille fois et ne sont pas sérieusement discutables.

Mettons maintenant en perspective ces faits sur les quatre dernières décennies.  Que constate-t-on ?

On constate avant tout que l’évolution scolaire et sociale des enfants d’immigrés les a mécaniquement installés dans les différentes catégories du monde du travail, alors que leurs parents étaient, dans leur écrasante majorité, concentrés dans des usines. En 2020, dans la quasi-totalité des universités, des grandes écoles, des métiers du secondaire et du tertiaire vous aurez des collègues de confession musulmane, d’origine africaine, indienne, asiatique, etc. Par conséquent, plus rares sont ceux qui aujourd’hui voudraient voir un sketch où un humoriste confondrait les narines d’un Noir avec des lunettes de soleil et plus rares sont ceux qui voudraient écouter des chansons type « la Zoubida ». Du fait de l’évolution scolaire puis sociale des enfants d’immigrés, les mentalités ont mécaniquement évolué et cela a considérablement fait chuter les discriminations à l’embauche par exemple, qui étaient à un tout autre niveau au début des années 80, faut-il le rappeler. D’ailleurs, dans la police aussi il y a eu du changement ; les policiers des années 80/90, qui avaient l’accent du sud et sentaient le ricard à chaque souffle sont partis à la retraite et ont été remplacés par des jeunes qui ont une mentalité moins archaïque.

Ainsi, malgré le fait que des discriminations ethniques subsistent, que les représentants politiques n’aient jamais rien fait de sérieux pour les combattre et que l’image de certaines communautés soient constamment salies par certains diviseurs, plus les enfants d’immigrés progresseront socialement et travailleront avec les autochtones, plus le racisme ou les à priori diminueront ; c’est un effet mécanique. Evidemment, tout irait beaucoup plus vite si le pouvoir politique prenait des mesures fortes, mais même sans cela, la tendance sur ces quatre dernières décennies montre une amélioration (qu’on peut juger trop lente évidemment) qui devrait se poursuivre durant les prochaines décennies comme cela s’est déroulé avec les vagues d’immigration précédentes.

L’argument du racisme systémique a donc à mes yeux une valeur très relative, à moins de l’articuler convenablement avec celui de la classe sociale, qui est de loin le critère le plus important en France, comme je vais tenter de le démontrer.

L’écrasante majorité des enfants d'immigrés victimes de contrôles abusifs et de bavures policières ne sont pas seulement enfants d'immigrés. Ils sont aussi jeunes, hommes et pauvres. Pourtant, si la police était foncièrement raciste, autrement dit, si la couleur ou l’ethnie était leur critère de référence, il y aurait une répartition égale parmi les victimes immigrées. On trouverait donc parmi les victimes autant de femmes, d’hommes riches, de personnes âgées et d’enfants que de jeunes hommes pauvres.
Mais ce n’est pas le cas.

Quelle est donc l’hypothèse la plus probable ?

L’hypothèse la plus probable est que le policier lambda, qui a grandi dans une province paisible et qu’on envoie dans les zones les plus « sensibles » de France, arrive avec des intentions qui peuvent être très bonnes mais que très rapidement se construit dans son esprit un modèle type du délinquant, à partir de la récurrence des profils qu’il a vus. Le profil le plus courant du délinquant dans la région parisienne est le jeune homme pauvre, noir ou arabe (et il faut être totalement stupide pour laisser Zemmour s’accaparer cette évidence). Le policier a donc de fortes chances de commencer un raisonnement inductif, qui consiste à faire une loi générale à partir de cas particuliers. De là viennent les contrôles systématiques de jeunes hommes pauvres, arabes ou noirs et les dérives qui peuvent en découler. Cette discrimination me semble donc être avant tout statistique.

Quelle est la solution ?

D’abord, il faut bien évidemment réprimer très sévèrement les bavures policières et en particulier celles qui entrainent la mort. Quel que soit le casier judiciaire de celui qui est victime d’une bavure, dans un Etat de droit, cela reste inacceptable. Réprimer sévèrement un policier qui commet une bavure est dans l'intérêt général.
Mais n’oublions pas que la police essentiellement répressive était une idée de Sarkozy. Il a fait fermer les commissariats de quartier et mis un terme à la police de proximité, ce qui est une erreur majeure. La police de proximité, implantée dans un quartier, permet aux policiers de faire la différence entre les délinquants et les autres jeunes qui auraient le même profil aux yeux d’un individu lambda. La police de proximité permet surtout de créer un lien social, un lien de confiance entre les policiers et les habitants du quartier, tout en ayant accès à une quantité d’informations, aussi bien sur les trafics que sur le terrorisme. Au lieu de cela, on a aujourd’hui une police qui ignore tout de ce qui se passe dans certains quartiers et qui considère chaque jeune homme pauvre issu de l’immigration comme un ennemi potentiel. Tout le monde est perdant dans la situation actuelle.

Pourquoi la classe sociale est le critère le plus important en France ?

Prenons un exemple : un jeune Maghrébin, travaille dans une banque (donc porte un costume), a de bons revenus, habite dans un appartement en centre-ville et se fait, par malchance, contrôler par la police. Il n’aura même pas besoin de parler ; le costume seul agira sur les policiers. Ceux-là comprendront instantanément qu’il ne correspond pas au profil type du délinquant et lui parleront avec courtoisie.
Un Gilet Jaune (un Blanc, autochtone) a infiniment plus de chance de se faire mutiler par la police que ce Maghrébin n’en a de se faire contrôler abusivement.

Autrement dit, le social surpasse évidemment le racial.

Bien sûr, dans un société globalement dominée par une bourgeoisie mondialiste qui éprouve la plus grande satisfaction d’avoir des amis (de la même classe sociale qu’elle) aux quatre coins du globe, le racisme est une idée vieillotte, une faute de goût avant d’être une faute morale. Le mondialisme, cet internationalisme de la bourgeoisie, est intrinsèquement antiraciste.

Il ne faut donc pas s’étonner de voir toute cette bourgeoisie « de gauche », qui depuis l’épisode des Gilets Jaunes, a compris qu’elle n’avait rien de gauche, en faire des caisses avec le racisme sur les réseaux sociaux avec leurs petits slogans minables.

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si les manifestations contre le racisme sont « interdites mais tolérées » par Castaner. La tolérance à géométrie variable de ce pouvoir envers les manifestations suffit à confirmer mon propos.
Troquer les manifestations sociales contre des manifestations dénonçant le racisme est un calcul politique qui rappelle les années 80 et la funeste opération SOS racisme.

Quant à ceux qui parlent de « privilège blanc », allez expliquer aux Gilets Jaunes mutilés qu’ils sont des privilégiés.
En réalité, ce que vous appelez « privilège », n’est que le fait de ne pas être victime d’une discrimination raciale quand on est pauvre. Quel privilège ! De sacrés aristocrates ces Gilets Jaunes éborgnés !