chroniques
Une solution simple pour l’impasse algérienne
Saïd Chengriha, la face visible de ce qui reste de l’armée au pouvoir en Algérie, est frappé des mêmes travers que « son » président.
Tous ceux qui pensent que l’impasse algérienne n’a aucune issue possible, autre qu’une nouvelle guerre civile ou une implosion aux conséquences incalculables du système, ont tort. La solution est très simple : il faut que les vieux militaires qui ont « spolié » l’Algérie depuis l’indépendance et préempté sans vergogne ses ressources s’en aillent. C’est simple comme bonjour. On ne va ici dire comment même si avec un peu d’imagination on peut mettre Alger en bouteille. Mais on peut déjà dire pourquoi.
Abdelmadjid Tebboune est une farce. Il n’imprime pas. Ni à l’intérieur, ni à l’extérieur de l’Algérie. La dernière créature civile des vieux militaires est décevante à tous les niveaux. Ni charisme, ni leadership. Ni légitimité, ni dignité. Ni compétence, ni expertise. Il ne sert à rien : c’est un organe sans fonction. Il ferait même, en cas de nécessité, un très mauvais bouc-émissaire. Son obsolescence programmée est arrivée avant l’heure. Et il ne remplit plus aucune fonction. Une partie de la solution serait déjà de le renvoyer à son anonymat natif.
Saïd Chengriha, la face visible de ce qui reste de l’armée au pouvoir en Algérie, est frappé des mêmes travers que son président. En participant à l’élimination de Gaid Salah - manifestement assassiné -, il a accéléré un « spoil system » qui n’a plus de personnel pour se nourrir. Le moule qui fabriquait des généraux octogénaires, plus ou moins viables, avec l’onction extrême d’une guerre de libération fantasmée, est cassé. Il ne reste que les sous-fifres. Les forts en gueule, les sanguinaires, les stratèges, les sous-offs de l’armée française, les vicieux, les assassins, les calculateurs, les psychopathes etc., il y en a presque plus.
Le rappel du général Nezzar de sa fuite hispanique et l’absolution pénale tardive du général Toufik Mediène est une tentative misérable de reconstituer une « dream team » susceptible d’intimider, mais sans succès jusqu’à présent, le Hirak ou d’impressionner des voisins qui marquent ces derniers temps des points qui font la différence. Ça ne marche plus !
Les Algériens sont clairs et nets : « Nous voulons un Etat civil et non militaire ! ». Et les voisins voient la légitimité de leur cause nationale avancer vite - les Etats-Unis ont reconnu la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara - et la mascarade du Polisario devenir une risée internationale à cause des convulsions pathétiques des généraux algériens, de Figuig à Addis-Abeba.
A cause de tout cela, le poids actuel de l’Algérie dans le monde est nul, son influence insignifiante, sa force de projection financière réduite aux acquêts. Sa capacité de nuisance s’est largement diluée à cause de la bêtise de ses vieux généraux et d’une prise de conscience universelle qui fait qu’aujourd’hui l’Algérie est perçue dans sa vraie réalité intrinsèque : un tigre en papier.
Un régime qui ne peut offrir à sa population ni le lait, ni le beurre, ni la semoule, ni la banane...etc, ne peut en définitive lui offrir un avenir décent. Ni taper sur la table dans les enceintes internationales autres, bien sûr, que la malheureuse et pitoyable Union africaine !
Si personne ne craint plus l’Algérie, c’est parce que la junte militaire au pouvoir a durablement décrédibilisé le pays. La seule fonction de l’Algérie aujourd’hui est de servir de variable d’ajustement dans le positionnement des grandes puissances dans la région. Bras de fer discret franco-allemand au Sud de la méditerranée, rapport de force ouvert UE-USA dans le Sahel, manœuvres hégémoniques turques en cyrénaïque, projection de puissance des pays du Golfe au Maghreb, offensive chiite iranienne en Afrique de l’Ouest, etc. La manipulation de l’Algérie et son instrumentalisation, à cause notamment du Sahara marocain et de la rivalité ouverte entre les deux pays, sert de marqueur dans toutes ces affaires dont l’issue probable obérera sans doute l’avenir d’une région comme la nôtre. Mais le problème aujourd’hui, c’est que l’Algérie des généraux n’est pas du bon côté de l’Histoire. Ni au Sahara, ni en Lybie, ni en Tunisie, ni au Mali, ni au Sahel... etc. Elle a tout faux. Un logiciel obsolète. Et un hardware suranné dépassé par des avancées technologiques fulgurantes.
Et pourtant les solutions sont là. Une partie de ces questions se discutent sérieusement à l’Ambassade de France à Alger, le lieu naturel le plus avancé dans la réflexion sur une transition possible en Algérie. Une sorte de « pax franca ». La France qui a créé l’Algérie par décret dans sa dimension actuelle a une grande partie du génome de ce pays. Son ADN est français. La France est au cœur, et à la croisée, de tous les chemins qui peuvent apporter une solution concrète à la crise actuelle. C’est le seul pays qui peut pousser habilement les généraux — ses anciens affidés — à rentrer dans leur caserne ou à les protéger d’un TPI. Et il est aussi le seul à pouvoir faire émerger une élite de jeunes militaires susceptibles de conduire une transition pacifique limitée dans le temps vers un Etat civil. Il peut aussi créer les conditions pour une conférence nationale qui tournerait intelligemment les pages douloureuses du passé et lancerait les bases d’un nouvel Etat moderne et démocratique, et les fondements d’une nouvelle économie qui bannirait la rente et la prédation.
Mais tout cela ne peut advenir sans une conscience profonde et définitive qui établirait que seule une unité, ou une intégration régionale, sérieuse et volontaire, peut raccourcir le chemin des réformes et contribuer à mutualiser les efforts pour une région enfin pacifiée et un Maghreb démocratique, fédéré, diversifié et prometteur.