Cinéma, mon amour ! de Driss Chouika - LE CAS « ZANKA CONTACT », UNE NOUVELLE TENDANCE DANS LE CINEMA NATIONAL ?

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Le genre auquel appartient le film « Zanka contact » ne fait pas partie de mon “pain cinématographique quotidien“, si on peut s’exprimer de la sorte.

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Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika : DE L'HISTOIRE DU CINEMA MAROCAIN

« Rien de plus facile que d’effrayer un spectateur. On peut littéralement l’affoler, car la plupart des gens ont dans quelque partie de leur être une peur toute prête à éclore ». Ingmar Bergman.

Rarement un film marocain aura sucsité des débats et des polémiques aussi larges et passionnés que “Zanka contact“ de Ismael El Iraki, Grand Prix du Festival National du Film, finalement interdit d’exploitation et de diffusion, son réalisateur se retrouvant sans Carte d’Identité Professionnelle et la société productrice menacaée du retrait de son autorisation d’exercice et son agrément de prestation de services !

La question essentielle que pose ce débat et cette polémique réside dans le fait suivant, comportant deux volets : le CCM a-t-il le droit, éthique et légal, d’attribuer une aide, donc de l’argent public, à un film qui ne respecte nullement les principes fondamentaux composant l’Identité Nationale du pays dans toute sa diversité, ou cette responsabilité incombe exclusivement aux deux commissions, en principe indépendantes et souveraines dans leurs décisions, la Commission du Fonds d’Aide à la Production Nationale et le Jury Longs-Métrages de la 22ème édition du Festival National du Film ? Le CCM, dans son communiqué, s’en défend en avançant justement le fait que les commissions sont supposées être totalement indépendantes, et en plus toujours composées d’éminentes personnalités artistiques et intellectuelles du pays. Personnellement, je suis de ceux qui considèrent que la responsabilité est bien partagée entre les deux parties. En plus, depuis le changement de la direction du CCM en 2014, tout le monde connait la mauvaise et néfaste politique de gestion mise en place depuis, et dont tout le secteur continue à subir les catastrophiques conséquences.

Le principe de la liberté d’expression, faisant partie des principes généranx des droits de l’homme, est un droit à respecter. Mais, il faut aussi trouver un saint équilibre entre ce droit universel et celui, tout aussi légitime et éthique, du respect des principes fondamentaux qui composent l’identité nationale de tout un peuple, dans toute sa richesse et sa diversité.  

Et puis, il y a tout de même une remarque de taille à faire : deux des membres du Jury LM du FNF, assumant pleinement et clairement leur responsabilité, se sont retirés du jury refusant de cautionner la décision d’octroyer le Grand Prix du festival à un film aussi “bas“. Voici par ailleurs ce qu’avait déclaré Lahcen Zinoun, l’un des deux membres en question, dans un communiqué : « Tout le monde se pose la question pourquoi nous deux, Mme Bouchra Boulouiz et moi même, étions absents à la cérémonies de la clôture. Nous avons commencé la délibération tardivement au-delà de minuit, je ne vous dis pas la torture psychologique de subir 4 projections de longs métrages par jour avec un total de 28 films. Au fur et à mesure le stress et l'angoisse nous hantent intensément. Je ne suis pas un rétroactif parce que je défends la culture profonde et ancestrale marocaine. Avec la danse classique que j'ai pratiquée depuis l'âge de 14 ans j'ai été élevé dans la beauté et l'esthétique en tant que professionnel dans le Ballet et l'Opéra lyrique. Ceux qui ont déjà vu mes créations scéniques ou filmiques me comprennent parfaitement. Il y avait de très belles œuvres dans notre festival national. J'étais malgré tout heureux pour ces belles créations. Au sein des membres nos avis divergent malheureusement. Ma conscience ne me permet pas de consigner un choix et des propos qui sont contre ma dignité. Donc je ne suis pas responsable du palmarès ainsi que d'ailleurs Mme Bouchra Boulouiz. Nous avons quitté la Réunion tous les deux et au lieu de remettre au lendemain cette réunion, le reste des membres du jury ont préféré continuer seul. Le soir de la clôture j'ai proposé que si nous nous présentions avec l'ensemble du jury sur scène de pouvoir faire cette déclaration : "Mme Bouchra Boulouiz et Lahcen Zinoun n'ont pas donné leur aval au Palmarès de ce festival national du film 2022 à Tanger". La réponse malheureusement fût négative. Je regrette le manque de démocratie, je reste digne et je n'ai rien à me reprocher ».

La position de Lahcen Zinoun est effectivement bien claire et clairvoyante.

Maintenant j’en viens à ma position personnelle sur la question.

UN CINEMA NEGATIF

Le genre auquel appartient le film « Zanka contact » ne fait pas partie de mon “pain cinématographique quotidien“, si on peut s’exprimer de la sorte. Pour moi, il y a, en gros, deux principales approches du cinéma :

- Celle qui considère le cinéma, principalement, comme un moyen de divertissement et de propagande.

- Et celle qui considère le cinéma, en premier lieu et en tant que moyen universel de communication, comme un excellent moyen d’échanges interculturels, d’initiation et de sensibilisation aux diverses problématiques de l’Humanité, sur tous les plans, historique, politique, social, religieux… Autrement, un cinéma qui donne à voir et comprendre.

Or, le film en question fait justement partie de ce genre vil et détestatble que j’ai toujours détesté de voir. D’abord, il est d’une violence méchante et gratuite. Ensuite, fait hautement nuisible, il réduit le Maroc, et en tant que peuple pas uniquement en tant qu’Etat, à trois catégories de personnes : les prostituées, les maquereaux et les drogués ! En regardant le film, on sort avec ce constat-là. Le peuple marocain est ainsi constitué, et rien de plus (had chi li ata Allah !). Un cinéma totalement négatif, qui ne donne pas seulement rien d’intéressant à voir, mais dont la vision maladive risque de contaminer les plus vulnérables, surtout les jeunes générations. J’ai simplement peur que ce genre de film devienne cas d’école et donne naissance à une nouvelle tendance, bien néfaste, dans le cinéma national. Surtout, quand on remarque, de par son générique, toute l’armada qui a été derrière (producteurs, distributeurs...). Un cinéma “zankaouiya“, pourrais-je être tenté de dire.

Quant à l’autre aspect directement politique, et qui concerne le fait de porter atteinte à l’unité nationale, sacrée pour l’ensemble du peuple marocain, je laisse le soin aux politiques d’y répondre. Mais, j’exprime tout de même, en tant que marocain, ma totale désapprobation de cette honteuse traîtrise, qu’elle ait été commise sciemment ou inconsciemment.

C’est bien dur à dire, mais comme a dit Michel Audiard « La vérité n'est jamais amusante sinon tout le monde la dirait ».