Afin que le scénario de la guerre irako-iranienne ne se répète entre l'Algérie et le Maroc – Par Hatim Bettioui

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De G à droite, l’ancien empereur éthiopien  Haïlé Sélassié  Haut du formulaire  Haïlé Sélassié, le défunt Roi Hassan II, Modibo Keita, ex-président du Mali et Ahmed Ben Bella alors président de l’Algérie à Bamako où un accord de cesser le feu entre le Maroc et l’Algérie a été signé en octobre 1963

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L'Algérie a atteint le comble en persistant à provoquer des batailles sportives autour de "la carte marocaine", ou ce qui est appelé la "crise des maillots", avec l’espoir désespéré de marquer enfin un but dans le match qui l’oppose au Maroc et à son unité de territoriale. Elle s’est ainsi retirée du 6ème championnat arabe de handball des jeunes, du championnat d'Afrique de gymnastique, et auparavant, du match de la Coupe de l'Union africaine de football contre l'équipe marocaine Renaissance Berkane.

L'Algérie a recouru à toutes les méthodes possibles et imaginables pour provoquer le Maroc, tellement qu’il ne lui reste plus d'autre choix que de se risquer une guerre avec son voisin de l’ouest. Car lorsque la sagesse fait défaut, en particulier dans les affaires sportives, tout devient permis et concevable, y compris le pire.

La guerre comme extension de la politique

Il y a un aphorisme du général et stratège prussien Carl von Clausewitz qui dit que la guerre "est le prolongement de la politique par d'autres moyens", et il est aujourd’hui nécessaire de s'y arrêter.

Les écrits de Clausewitz sur la tactique et la stratégie ont eu des répercussions profondes dans le domaine militaire des pays occidentaux, et ses théories sont enseignées dans de nombreuses académies militaires.

Beaucoup de dirigeants dans le monde qui ont conduit des guerres ne les ont pas menées pour l'aventure et le jeu, mais parce qu'ils étaient convaincus qu'elles seraient des guerres à court terme, et qu'elles étaient en effet une extension de l'action politique et diplomatique par d'autres moyens, visant à réaliser une victoire particulière imposant des conditions victorieuses à travers une guerre a priori brève. Sauf que si quand et comment commencer une guerre, il est réellement très que l’on sache comment en sortir. 

Ainsi, l'Algérie doit se rappeler le scénario de la guerre irako-iranienne (1980-1988) pour éviter de répéter ses malheurs avec le Maroc. C'est une guerre où Bagdad comme Téhéran ont perdu plus d'un million de vies humaines et des dizaine de milliers de blessés, en plus de la dilapidation en feu des milliards de dollars pour acheter des armes et du matériel pour le seul bonheur et enrichissement des sociétés productrices ainsi que des intermédiaires et les courtiers. Cette guerre a même engendré une autre guerre (la guerre du Golfe), qui a plongé l'Irak jadis prospère dans les abîmes.

L’option marocaine

Le Maroc a choisi la voie du développement et a misé sur la création d'un État de bien-être social et sur l'élimination des zones grises qui perturbent la tranquillité de ses citoyens, malgré l'état de guerre qui lui est imposé depuis 1975, en représailles du recouvrement de son Sahara du colonisateur espagnol. Par conséquent, il se refuse à être l'instigateur d'une quelconque guerre avec son de l’est. Le Roi du Maroc, Mohammed VI, a réaffirmé à maintes reprises son attachement à une politique de la main tendue à l'Algérie, lui assurant qu'elle ne verra jamais le mal lui venir du Maroc.

Cette politique marocaine visant la paix n'est pas née d’aujourd'hui, le Maroc l'a déjà adoptée. Sous le règne du feu roi Hassan II dans des circonstances où le territoire du royaume était menacé après une attaque des milices du Front Polisario séparatistes le 28 janvier 1979 sur la ville de Tan-Tan, située au sud du Maroc, dans une zone non contestée, une attaque qui a duré trois heures et demie et a vu la destruction, le chaos et l'enlèvement de civils dans la ville, l’attitude marocaine a été celle de la tête froide et de la retenue.

De l’inutilité de la guerre chez Hassan II

Peu de temps après les événements de Tan-Tan, une réunion a été organisée au siège de la préfecture de la ville de Marrakech, présidée par le Roi défunt, et à laquelle ont assisté des membres de la Commission des affaires étrangères, des frontières, de la défense nationale et des régions marocaines occupées au Parlement, ainsi que des chefs d'état-major des forces armées royales marocaines.

L'objectif du roi Hassan II lors de cette réunion était d'expliquer aux députés où le Maroc en était de cette hostilité que l'Algérie affiche constamment envers le Maroc, au point qu'elle a osé envoyer les milices du Front Polisario occuper des territoires marocains la nuit, fut-ce pour quelques heures.

Feu Hassan II a décliné sa réflexion, affirman son opposition à la guerre avec l'Algérie quelles que soient les circonstances, notamment parce que deux partis d'opposition, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et le Progrès et le socialisme (PPS) (anciennement communiste), demandaient le recours à la réciprocité face aux provocations algériennes.

Un député du Parlement marocain qui assistait à la réunion à l'époque rapporte que le Roi Hassan II avait demandé en ouverture de la réunion : si Mohammed El Yazghi et Ali Yata étaient présents ?" El Yazghi était un leader éminent du parti de l'USFP et député, tandis que Yata était le secrétaire général PPS et unique représentant de son parti au Parlement.

Le Roi Hassan II leur a alors adressé la parole en ces termes : "Vous deux, qui souhaitez que je m'engage dans une guerre avec l'Algérie, je tiens à vous dire que je ne veux pas le faire, et je vais vous expliquer pourquoi."

Le même député rapporte que le Roi a prononcé une phrase pleine de sagesse et de réflexion : "Dans la guerre, le perdant est vaincu, et le vainqueur est aussi vaincu, et la défaite est insurmontable, et le retour à la situation d'avant-guerre est impossible avant au moins 30 ans."

Ensuite, le Roi a commencé à détailler les capacités militaires du Maroc et de l'Algérie, mises en évidence sur un écran, soulignant que "quelle que soit la situation, je ne m'engagerai pas dans une guerre avec l'Algérie."

Les conséquences d’un embrasement

On pourrait avancer sans risque de se tromper que l'Occident, sérieusement impliqué dans la guerre en Ukraine, ne permettrait pas l'éclatement d'une guerre entre le Maroc et l'Algérie pour plusieurs raisons.

Premièrement, le point marocain le plus proche de la côte espagnole n'est qu'à 14 kilomètres, ce qui signifie que toute guerre qui éclate aurait des répercussions en Europe.

Deuxièmement, l'Occident ne permettra pas de compromettre ses intérêts dans le détroit de Gibraltar, comme c'est le cas actuellement dans le détroit de Bab-el-Mandeb, par lequel passent 17 mille navires marchands chaque année, représentant 12 % du commerce mondial, un tiers du pétrole mondial et 8 % du commerce du gaz naturel liquéfié.

Troisièmement, étant donné qu’un embrasement a des implications humaines, la question se pose de savoir quelle serait la réaction des Marocains et des Algériens dans les pays d'accueil européens tels que la France, l'Espagne, l'Italie, et d'autres ? Ces pays deviendraient certainement un champ de bataille entre Marocains et Algériens, ce qui menacerait leur sécurité nationale et sociale.

Le nombre d'Algériens résidant en France, par exemple, dépasse les cinq millions de personnes, tandis que le nombre de Marocains résidant dans le même pays dépasse un million cent cinquante mille personnes.

Quatrièmement, la région du nord de l'Afrique ne manque pas de tensions et de crises qui sont sur le point d'éclater, en particulier dans la région du Sahel et du Sahara, et par conséquent, toute étincelle de guerre entre l'Algérie et le Maroc compliquerait davantage la situation en Méditerranée.

Washington a répété à plusieurs reprises à l'Algérie, depuis l'époque du président Bill Clinton, des messages selon lesquels la sécurité et la stabilité du Maroc restent une ligne rouge pour elle, et il incombe aux sages d'Algérie de se demander combien de temps leur pays continuera à avoir besoin de l'intervention des grandes puissances pour l'empêcher de commettre tout acte suicidaire ?

La situation erratique actuelle est intenable, et la paix doit prévaloir entre le Maroc et l'Algérie, tant ce qui unit les deux pays est plus important que ce qui les divise.

D'après Annahar al-arabi, traduit et adapté par Quid.ma

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