Samarcande reine de la terre ? – Par Samir Belahsen

5437685854_d630fceaff_b-

Mal aimé parmi le peuple à cause de sa conception très particulière de la religion. La vie de Khayyam et de la ville est liée au redoutable ordre des « Assassins »

1
Partager :

« Lorsque l'esprit des hommes te paraîtra étroit, dis-toi que la terre est vaste. N'hésite jamais à t'éloigner, au-delà de toutes les mers, au-delà de toutes les frontières, de toutes les patries, de toutes les croyances. »

Amin Maalouf / Léon l’Africain

« Et le destin? [...] J'ai l'habitude de répondre que, pour l'homme, le destin est comme le vent pour un voilier. Celui qui est à la barre ne peut décider d'où souffle le vent, ni avec quelle force, mais il peut orienter sa propre voile. Et cela fait parfois une sacrée différence. »

Amin Maalouf / Les Identités meurtrières

C’est plus ma curiosité pour l’Asie centrale que la fascination que j’avais pour Amin Maalouf qui m’a conduit à revenir vers Samarcande.

Samarcande la ville 

C’est une ville de l’actuel Ouzbékistan, à la limite des mondes turcs et persans. L'UNESCO l’a proclamée à juste titre « carrefour de cultures » et site du patrimoine mondial.

La fameuse Route de la soie, entre la Chine et la Méditerranée, passait par là, Samarcande en était l’une des plus grandes et prospères cités . Le long des différentes occupations que la ville a subie, elle a abrité des communautés religieuses diverses :le bouddhisme, le zoroastrisme, l'hindouisme, le manichéisme, le judaïsme, l'Église de l'Orient et l'islam.

C’est aussi à Samarcande que Omar Khayyam, scientifique et grand poète a vécu une partie de sa vie. 

Samarcande le livre 

Amin Maalouf consacre la première partie de son livre à ce grand poète réputé pour ses quatrains. Il a toujours gardé ses distances avec les conflits politiques. Mal aimé parmi le peuple à cause de sa conception très particulière de la religion. La vie de Khayyam et de la ville est liée au redoutable ordre des « Assassins », secte fanatique religieuse qui bouleverse  la région par des assassinats politiques. 

Amin Maalouf nous parle d’un manuscrit, un volume mythique de poèmes que Omar Khayyam aurait rédigé tout au long de sa vie. 

Dans la deuxième partie , on saute à la fin du XIXe avec la redécouverte de ce manuscrit, ce qui permet à  Amin Maalouf d’explorer l'histoire extrêmement troublée de toute la région. 

A la recherche du manuscrit on découvre l'Iran.

Le pays subit une grande période de trouble chaque fois qu'il tente de s'émanciper de ses protecteurs .

Il évoque avec la subtilité et la délicatesse qu’on lui connait les similitudes dans les troubles politiques entre les deux périodes décrites dans ce livre. Il démontre notre besoin permanent de poésie…
Amin Maalouf nous emmène avec son talent de conteur dans une réflexion assez fine sur les hommes, leurs âmes, leurs cultures et leur soif de pouvoir. 

La soif de pouvoir 

Dans la littérature contemporaine, plusieurs textes ont traité de la soif du pouvoir qui mène à tout. Trois exemples :

  1. "La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert" de Joël Dicker : Ce roman explore les secrets et les mensonges qui entourent la disparition d'une jeune fille de 15 ans. Il met en lumière les ramifications du pouvoir, de la célébrité et des relations complexes entre les personnages.

    2. "La Servante écarlate" de Margaret Atwood : Cette dystopie met en scène une société totalitaire où les femmes sont réduites à des rôles très limités. Le récit dévoile comment le pouvoir est utilisé pour opprimer et contrôler les individus, en particulier les femmes.

    3. "American Psycho" de Bret Easton Ellis : Ce roman provocateur suit la vie d'un jeune financier New-Yorkais obsédé par le pouvoir, la superficialité et la violence. À travers le portrait de ce personnage narcissique, l'auteur explore les excès du monde matérialiste.

Les personnages concernés réunissent l’apparence de sincérité, la persévérance, le cynisme et l’obsession du pouvoir.

Loin de la littérature, dans notre monde « réel », sans citer d’exemple, le côté sombre du désir de pouvoir prévaut avec un pur cynisme lorsqu’on n’a plus d’idéal, lorsque la politique se résume aux deux questions de Machiavel :

  • Comment conquérir le pouvoir ?
  • Comment le conserver ?