Confiné, le street art trouve un second souffle en ligne

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Ils ont d'ordinaire pour terrain de jeu les murs des grandes villes. Confinement oblige, c'est via les réseaux sociaux que les street artistes communiquent et font part de leurs préoccupations, en pleine épidémie de coronavirus.

"J'ai réalisé cette mosaïque de Docteur House il y a quatre ans sur le mur d'un hôpital parisien, mais ça n'a jamais été aussi pertinent. Bravo aux soignants qui sauvent des vies", a publié une des stars du milieu, Invader, sur Instagram.

Comme lui, de nombreux artistes à travers le monde voient leurs œuvres passées prendre une nouvelle dimension avec l'actualité.

"Les gens me demandent si c'est en lien avec le coronavirus", affirme Eddie Colla, à propos d'une de ses œuvres représentant une femme portant un masque, avec des idéogrammes chinois autour de son visage.

"Je l'ai faite il y a huit ans", raconte à l'AFP l'artiste confiné en Californie. C'est une œuvre "qui traite de la peur et de l'isolement, de l'extérieur qui se met à menacer votre environnement immédiat", des préoccupations qui paraissaient moins "pertinentes" à l'époque.

Angoisses du moment 

Même sentiment pour Ender (ender.artiste), qui peuple les rues de l'est parisien d'angelots, de gargouilles et d'enfants.

Le travail que j'ai réalisé l'an dernier colle tout à fait à ce qu'on est en train de vivre", estime le pochoiriste qui a fait le portrait, sur un pan de mur, d'une femme prostrée, les yeux bandés, comme otage d'une situation qui lui échappe.

"Elle correspond tout à fait à cette idée de confinement puisqu'elle est sur un tout petit espace. Elle est oppressée, complètement dans l'idée actuelle". 

A ses pieds, figure une étiquette marquée "fragile", comme le nom du projet d'Ender, portant sur la vulnérabilité. Une thématique faisant écho aux angoisses du moment, entre crainte de l'épidémie, peurs pour l'avenir et difficultés à vivre le confinement.

De quoi regretter de ne pas être dans la rue pour afficher ? Pas vraiment, affirme l'artiste, confiant être un peu en panne d'inspiration, même s'il travaille sur toile à domicile. 

"J'ai besoin de marcher pour avoir des idées, de prendre les transports, d'avoir le corps en mouvement pour avoir l'esprit en mouvement et là c'est un peu plus compliqué", dit-il.

C'est tout le contraire pour Angel Crow (angelcrow95) qui ne cesse de dessiner en lien avec l'actualité, même s'il ne peut plus "exposer".

"J'ai beaucoup de trucs à coller parce depuis tout ce temps (le début du confinement, NDLR), j'ai créé plein de choses", dit-il, montrant des personnages derrière des barreaux et des hommes virus faisant partie de ses dernières réalisations.

L'artiste s'est emparé du sujet "quand le virus commençait à gagner du terrain dans le monde", via un personnage représentant un médecin de la peste noire ("Señor cuervo señora peste"), le dernier qu'il ait collé dans les rues parisiennes, avant qu'elles ne soient désertées. 

Exposition numérique  

Résultat: c'est sur les réseaux sociaux que les amateurs de street art s'en donnent à coeur joie. "Les gens repartagent les photos qu'ils ont prises les mois précédents, ils réagissent beaucoup plus aux photos... ce qui est très bien pour montrer notre travail différemment", estime Ender.

Pas question pour lui de défier le confinement pour coller sur les murs. et pousser les curieux "à aller les rechercher". 

D'autant plus que la culture se vit actuellement sur le mode numérique, renchérit Eddie Colla. Une tendance à laquelle n'échappe pas le street art. Lui-même va être impliqué dans des projets d'exposition numérique. «Ça va être une première", lance-t-il. 

Conscients qu'ils peuvent jouer un rôle, les street artistes n'hésitent à s'impliquer: c'est le cas d'Invader. A ceux qui profiteraient du confinement pour partir sur les traces de ses mosaïques et les répertorier via son application FlashInvaders, il réserve une surprise: un message simple et efficace: "respectez le confinement!".

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