Culture
‘’Connaître l’image - De la pensée visuelle, l’imaginaire, le cinéma’’ de Mohammed Noureddine Affaya
Mohammed Noureddine Affaya, chercheur et essayiste, auteur de plusieurs ouvrages, est professeur universitaire de philosophie moderne, d'esthétique et de communication.
Après la publication de son livre « Image et signification. Le cinéma et la réflexion en acte » en 2019, Mohammed Noureddine Affaya revient avec un autre ouvrage intitulé « Connaître l’image » où il est question d’approfondir les enjeux complexes de la perception à la lumière des bouleversements conceptuels et matériels impressionnants auxquels on assiste et que l’on subit, généralement malgré nous. L’auteur tient, aussi, à revisiter les enjeux de la pensée visuelle, souvent rejetée par les différentes formes de cartésianisme scolaire, et les effets de l’imaginaire dans la réception des images et des images cinématographiques en particulier.
Le livre comporte deux parties en quatre chapitres. Dans la première partie l’auteur repose la question du visuel dans ses articulations avec les mutations sémantiques à l’œuvre quant à la question de la perception telle que traitée par la production philosophique et théorique contemporaine. Il se focalise, ensuite, sur le sujet de l’image relatant ses significations, ses paradoxes et ses déterminants, ainsi que les modes d’interaction qui se tissent avec ceux qui la reçoivent, en insistant sur le rôle important de l’imaginaire dans les processus de réception et de compréhension de l’image.
Dans la deuxième partie du livre, Noureddine Affaya revient aux premières tentatives de réfléchir, philosophiquement, sur le cinéma. Que ce soient de la part de philosophes professionnels comme Henri Bergson ou Maurice Merleau-Ponty, ou à la lumière des écrits des cinéastes qui ont, les premiers, considéré que le dispositif cinématographique permet de construire des interrogations existentielles pouvant atteindre des dimensions profondément philosophiques, comme c’est les cas dans les Écrits de Jean Epstein ou de Serguei Eisenstein. L’auteur a, aussi, exposé un ensemble de contributions sur les articulations possibles entre le cinéma et la philosophie dans les écrits de grands critiques et théoriciens, tels André Bazin ou Christian Metz et bien d’autres qui ont, d’une façon ou d’une autre, introduit de riches ouvertures aux philosophes dans l’approfondissement d’une pensée sur le cinéma.
Mohammed Noureddine Affaya n’est, nullement, guidé dans ce livre par des considérations purement théoriciennes de la question de l’image et du visuel. Il reconnaît, dès le départ, la complexité de la mission et la nécessaire humilité face à un tel objet. Mais il est motivé par le désir de comprendre les nouveaux enjeux de l’image, du visuel, de l’imaginaire et du cinéma dans un monde en accélération acharnée provoquant des échos insaisissables et le tumulte des émotions. Nous sommes, selon Affaya, devant une dialectique renouvelée de rapprochement et de distanciation, du simple et du complexe, du subjectif et de l’objectif, du conscient et de l’inconscient, de l’expérimental et du rationnel, de l’unification et les stratégies de scissions et de brisures, et bien d’autres dimensions sous-terraines qui sont à l’œuvre au moment de regarder l’image, aussi bien que dans l’acte de réfléchir lui-même.