Essaouira veut ''Réinventer Toumliline''

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Le projet "Réinventer Toumliline", porté par la Fondation Mémoires pour l’Avenir (FMA), consiste à faire découvrir l’histoire du Monastère de Toumliline, près d’Azrou, bâti en 1952 par des moines bénédictins et à mettre en lumière les "Rencontres Internationales" qui s’y sont tenues de 1956 à 1968, à travers des expositions, des livres et des documentaires.

Essaouira - La deuxième table ronde du projet "réinventer Toumliline : consolider des espaces de débat et de dialogue", a tenu ses travaux, samedi à "Dar Souiri" à Essaouira et ce, à l'initiative de la Fondation Mémoires pour l'Avenir (FMA).

Placé sous la thématique "interroger le savoir-faire du vivre-ensemble", ce rendez-vous intellectuel de grande envergure est organisé en partenariat avec plusieurs partenaires, dont l'association Essaouira-Mogador. Il s'inscrit dans le cadre des efforts visant à engager la réflexion autour des modalités adéquates pour "réinventer" ce que furent dès 1956 "Les Rencontres Internationales de Toumliline".

La méthode proposée pour cette seconde table ronde est de rassembler les partenaires de la FMA, institutionnels et associatifs, marocains comme étrangers, qui l'ont accompagné sur le projet "Réinventer Toumliline : consolider des espaces de débat et de dialogue" depuis 2015, mais également des nouveaux, afin de discuter comment le projet de la relance de ces Rencontres Internationales peut s'articuler sur des problématiques contemporaines.

Cette rencontre a laquelle a pris part André Azoulay, Conseiller du Roi et Président-Fondateur de l'Association Essaouira-Mogador, de Mmes Amina Bouayach, présidente du Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), et Lamia Radi, Présidente de la Fondation Mémoires pour l'Avenir (FMA), ainsi que d'autres personnalités.

Intervenant à cette occasion, M. Azoulay a souligné l'importance de cette rencontre qui, au-delà d'être axée sur l'aspect et la portée historique particulière de Toumliline, espace de convivialité et d'échange, se tient à Essaouira où la résistance à l'amnésie et à la pensée unique est l'un des points cardinaux de la démarche de la société civile souirie.

"Nous faisons de notre mémoire à la fois un outil de résistance et puis un gage pour l'avenir, pour le Maroc de demain que nous voulons transmettre, ce Maroc qui ne sait pas s'oublier", a dit M. Azoulay, notant que "le Royaume, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, constitue cette boussole de l'altérité, du dialogue et du respect de la pensée de l'autre".

"Ce déterminisme, à la fois mémoriel et historique, prend toute sa signification et revêt toutes les raisons d'être quand on pense, on se souvient et on se réfère à l'esprit de Toumliline. Toumliline pour les Marocains de ma génération est l'espace le plus emblématique de ce que notre société peut à la fois rêver de maintenir en activité et en vie. Elle est aussi cet espace qui devrait encore inspirer plus fortement et de façon bien structurée et organisée, tout un chacun de la société civile", a enchaîné M. Azoulay.

"Toumliline n'a pas été circonstancielle pour un moment donné. En ces temps où tous les archaïsmes et les régressions sont autour de nous, à nos portes, l'esprit de Toumliline peut nous servir de source d'inspiration", a-t-il conclu.

Mme Bouayach s'est félicitée, quant à elle, de la tenue de cette rencontre à Essaouira, "microcosme de la cité historique marocaine, humainement cosmopolite et culturellement riche et diversifiée". "La ville d'Essaouira est digne de cet honneur non seulement pour sa valeur patrimoniale, mais parce qu'elle a vocation à incarner les valeurs de cette rencontre", a-t-elle dit.

Et de poursuivre que "cet événement majeur réitère les espoirs et les engagements des acteurs des droits de l'Homme, pour l'ancrage de la culture des droits humains et du dialogue interculturel qui constituent les fondements nécessaires à la paix''.

"Notre pays, terre de cohabitation avec une identité plurielle, nourrie et irriguée autour d'affluents divers, nous appelle, chaque jour, à veiller tous à la perpétuation de cette richesse que le contenu des droits de l'Homme vient étoffer et consolider davantage", a rappelé Mme Bouayach.

De son côté, Mme Radi a donné un aperçu détaillé sur l'importance et l'esprit de Toumliline, une alliance entre l'exigence intellectuelle, l'esprit de partage et la dimension humaine, pour penser la question de l'action de l'individu dans le monde.


"Le projet +réinventer Toumliline+ c'est rassembler pour défendre ce qui fut, et agir pour que le monde de demain soit ce que nous en faisons aujourd'hui", a-t-elle expliqué, insistant sur le fait que "Toumliline ne fut pas simplement une utopie, Toumliline a existé. A nous d'apprendre de son histoire pour mettre en place à nouveau cette fraternité agissante et créatrice".

Et de noter que cette deuxième table ronde, tournée vers l'avenir, offre l'opportunité de donner la parole aux jeunes, afin de les entendre sur les problématiques actuelles qui les intéressent, débattre avec eux et entendre leurs questionnements.

En rapport avec la thématique de cette rencontre, Mme Radi a fait savoir que le vivre-ensemble c'est identifier l’Autre comme différent, mesurer cette différence, prendre la décision de l’accepter et enfin de s’y ajuster. "C’est aussi se connaître suffisamment pour reconnaître dans l’Autre ce qui m’est semblable. Ce processus semble être devenu un effort démesuré hors d'atteinte, voire sans intérêt pour beaucoup", a-t-elle dit.

Dans un mot adressé aux participants à cette table ronde, Vito Rallo, Archevêque Tit d'Alba, Nonciature Apostolique au Maroc, a rappelé que "la deuxième table ronde +Rencontres Internationales de Toumliline+ est une occasion privilégiée pour donner suite aux rencontres internationales qui se sont tenues au monastère de Toumliline entre 1956 et 1968. "Celles-ci furent des moments décisifs dans l'histoire du Maroc et des indépendances africaines'', a-t-il expliqué.

"La visite de Sa Sainteté le Pape François au Maroc et les deux messages qui ont été prononcés par le Souverain Pontife et Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, peuvent, j'en suis certain, vous conforter au regard de l'initiative que vous avez promue et des thématiques que vous avez à coeur d'approfondir et de développer pendant ce Colloque", a-t-il souligné.

Mme Louisa Babaci, directrice de l'Institut Français d'Essaouira, au nom du service de Coopération et d'Action Culturelle (Ambassade de France à Rabat), a mis en avant la pertinence scientifique et académique de cette rencontre, destinée à jeter la lumière sur l'importance intellectuelle des rencontres organisées dans le monastère de Toumliline à partir de 1950.

Mme Babaci s'est attardée aussi sur la pertinence de l'exposition "Toumliline 56/57" qui se tient parallèlement à Dar Souiri et à l'Institut Français d'Essaouira et met en lumière Toumliline comme "carrefour de rencontres et d'échanges interculturels et économiques pour un dialogue autour de l'éducation, la culture ou encore l'émancipation des femmes". "Il s'agit d'un véritable hommage à l'histoire du Maroc", s'est elle félicitée.

Mme Claire Marynower, du Centre Jacques Berque-CNRS, a dit toute sa joie et sa fierté de se retrouver à Essaouira, un lieu symbolique de coexistence et de vivre-ensemble, pour participer à cette table ronde destinée à jeter des passerelles entre la mémoire, l'histoire et l'avenir.

Tout en mettant l'accent sur les enjeux de l'ère actuelle dont certains ont une nature évolutive, elle a souligné l'importance de fédérer les efforts de tous pour promouvoir les valeurs d'humanisme et d'universalité.

Sur un autre registre, Mme Marynower a estimé que le langage identitaire n'est pas dangereux tant qu'il est pluriel.

A rappeler que le projet "Réinventer Toumliline", porté par la Fondation Mémoires pour l’Avenir (FMA), consiste à faire découvrir l’histoire du Monastère de Toumliline, près d’Azrou, bâti en 1952 par des moines bénédictins et à mettre en lumière les "Rencontres Internationales" qui s’y sont tenues de 1956 à 1968, à travers des expositions, des livres et des documentaires.

Au-delà de la construction d’outils destinés à la transmission de cette mémoire, il s’agit de témoigner de la nécessité de défendre le vivre-ensemble et de le préserver en le réinventant à chaque époque. Remettre en lumière ce lieu ainsi que les événements qui s’y sont déroulés, c’est s’y ressourcer pour mieux construire l’avenir.

Pour ce faire, la FMA a lancé, avec ses partenaires, en décembre 2018 un cycle de tables rondes, dont l’objectif est de s’interroger sur les modalités de "réinventer" ces Rencontres Internationales.

Cette table ronde a été marquée par la projection du film-documentaire "Histoire des rencontres internationales de Toumliline".

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