Joe Sacco, qui ‘’n’attend rien de Kamala Harris’’, donne un visage le génocide à Gaza en BD et en 32 pages – Par Hassan Zakariaa

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Le travail de Joe Sacco est souvent salué pour sa capacité à capturer les complexités de la guerre et de la violence sans simplifier ni déshumaniser les sujets qu'il aborde

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Par Hassan Zakariaa

Joe Sacco est un auteur américain de bandes dessinées reconnu pour son travail qui mêle journalisme et art graphique, offrant un regard profondément humain sur des conflits internationaux. Né à Malte en 1960 et ayant grandi en Australie et aux États-Unis, Sacco est surtout connu pour avoir créé le genre du « journalisme graphique », où il utilise la bande dessinée comme un outil pour rendre compte de la réalité des conflits, en particulier dans les zones de guerre. 

Parmi ses œuvres les plus célèbres, on trouve Palestine (1993-1996) et Footnotes in Gaza (2009), qui ont eu un impact important sur la façon dont le grand public perçoit la question israélo-palestinienne. Sacco s’y concentre sur un épisode spécifique du conflit israélo-palestinien, à savoir l'opération Plomb Durci, une offensive militaire israélienne menée à Gaza entre décembre 2008 et janvier 2009. Déjà à l’époque, les agressions israéliennes ont fait des milliers de victimes civiles et avaient entraîné des destructions massives dans la bande de Gaza.

La plus récente œuvre de Joe Sacco est Guerre à Gaza. « Un ami à Gaza m’a appelé et m’a demandé de faire entendre la voix des Palestiniens », raconte-t-il dans un entretien avec le journal français Le monde.  Et c’est un cri de cœur qui l’emporte dans ce tourbillon tumultueux. Guerre à Gaza, concis et plus court que ses autres œuvres phares comme Palestine ou Footnotes in Gaza, permet à Sacco de créer une narration frappante et directe. En 32 pages, il parvient à capturer l'intensité du conflit et à illustrer ses répercussions sur le terrain.

Le miracle de Joe Sacco dans cet ouvrage, c’est qu’il a su donner un visage graphique et, génie du dessinateur, émotionnel aux massacres perpétrés par Israël à Gaza. Alors que plus de 130 journalistes ont été tués pour qu’ils ne témoignent pas, et que les grandes agences de presse occultent les images de la mort pour « ne pas heurter les âmes sensibles » de l’opinion publique occidentale, se limitant à de images distantes des effets des bombardement, au mieux à des veillées de dépouilles et de femmes en pleure, Joe Sacco, par la magie de son trait de plume, réussit à décrypter l’occulté pour qu’il parle.  

Son travail est ainsi souvent salué pour sa capacité à capturer les complexités de la guerre et de la violence sans simplifier ni déshumaniser les sujets qu'il aborde.

Joe Sacco et la question de Gaza

L’un des thèmes récurrents de Joe Sacco est donc le conflit israélo-palestinien, un sujet complexe et émotionnel qui trouve une résonance particulière dans son travail. Dans ses BD, Sacco combine souvent des récits personnels de Palestiniens et d’Israéliens affectés par la violence, créant ainsi des œuvres profondément humaines et nuancées.

Son œuvre Footnotes in Gaza se penche sur deux événements peu documentés de l'histoire palestinienne : les massacres de 1956 dans les villes de Khan Younès et Rafah par l’armée israélienne. À travers ses bandes dessinées, il enquête sur ces ‘’incidents’’ souvent oubliés, entre autres ‘’incidents’’ délibérément jetés aux oubliettes pour que l’attaque du 7 octobre 2023 ne trouve aucune grâce aux yeux des opinions publiques occidentales. Il y souligne la manière dont l’histoire continue de hanter le présent de Gaza. Cette œuvre a marqué un tournant dans sa carrière en raison de l’approche minutieuse qu'il adopte, utilisant la bande dessinée comme un outil pour interroger l’histoire et rendre compte de son cours.

"Sur Gaza, je n'attends rien de Kamala Harris"

‘’Sur Gaza, je n'attends rien de Kamala Harris’’, dit à qui veut l’entendre joe Sacco, et dans le même entretien avec Le Monde, il explique : ‘’elle se montre plus douce envers les Palestiniens, elle parle de leurs souffrances, mais sur Gaza, je n’attends rien d’elle. Elle est membre d’un administration impliquée dans le génocide, et elle a dit qu’elle soutenait la politique israélienne de Joe Biden  ».

Sacco est souvent critique des interventions ou du manque d’interventions efficaces de la part des puissances occidentales, y compris des États-Unis, dans le conflit israélo-palestinien. La mention de Kamala Harris, actuelle vice-présidente des États-Unis, est une réflexion sur les attentes ou le manque d’espoir vis-à-vis de la politique américaine sous la présidence de Joe Biden en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien.  Et pire encore si c’est Donald Trump, qu’il qualifie ‘’d’opportuniste psychopathe’’ qui arrive à la Maison Blanche. Comme beaucoup d’auteurs comme Sacco est désillusionné par les prétendu efforts diplomatiques américains, trop alignés sur les intérêts israéliens sans aucune avancée pour les droits des Palestiniens.

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