Culture
Master KG, DJ derrière ''Jerusalema'': ''c'est le moment pour l'Afrique''
Master KG a été classé par Forbes Africa dans les 30 personnalités de moins de 30 ans les plus influentes d’Afrique
''C'est le moment pour l'Afrique de briller, de présenter notre culture au monde" : Master KG, Sud-Africain derrière le tube mondial "Jerusalema", prédit un avenir radieux à l'afro-pop, la nouvelle scène musicale du continent.
Le jeune homme de 25 ans sait de quoi il parle. Il a fait danser la planète avec une chanson dans un dialecte zoulou (il est le compositeur, c'est la voix de sa compatriote Nomcebo Zikode qu'on entend).
Le jour où l'AFP le rencontre à Paris, entre deux déplacements en Europe, il porte un blouson jaune et bleu avec la mention "Wake up Afrika" ("Afrique, réveille-toi"). "Oui, l'Afrique se réveille, on a trouvé la bonne voie, c'est notre moment, avec l'afro-beat et l'afro-pop, on va entendre sur la planète de plus en plus d'artistes africains, il y a de la place pour tout le monde", rebondit le DJ-producteur, lunettes sur le nez, un peu timide, la tête sous la capuche de son sweat.
Le mot afro-pop revient effectivement souvent dans la bouche des DJs en vue, comme l'Américain Diplo (derrière la machine à tubes Major Lazer). Et des artistes comme Burna Boy (Nigeria) ou Fally Ipupa (RD Congo) font parler d'eux bien au-delà de l'Afrique.
Master KG a lui été classé par Forbes Africa dans les 30 personnalités de moins de 30 ans les plus influentes du continent. Et il vient de sortir un nouveau titre, "Shine your light", avec deux DJs stars, le Français David Guetta et l'Américain Akon (chez Elektra/Warner).
"Jerusalema a changé ma vie"
"Oui, « Jerusalema » a changé ma vie, je suis ici, à Paris, à vous parler, je ne voyagerais pas dans le monde comme maintenant sans ce morceau", reconnaît l'artiste.
"Jerusalema" affiche plus de 210 millions d'écoutes sur Spotify (leader mondial des plateformes musicales) et plus de 415 millions de vues sur Youtube. Des stars comme Cristiano Ronaldo ou Janet Jackson l'ont adoubé sur les réseaux sociaux.
"Quand je regarde les statistiques, les chiffres, ça me surprend toujours, personne n'aurait pu prédire ça", commente-t-il. Ce fut le morceau le plus sollicité sur Shazam (logiciel qui permet d'identifier une chanson) pendant huit semaines à l'automne 2020.
L'histoire est connue. Sorti fin 2019, le single connaît une nouvelle vie quand il devient viral sur TikTok (7 milliards de vues). Les chorégraphies sur ce morceau se répandent alors sur les réseaux, d'aides-soignantes en France à des moines en Italie.
"Je n'aurais jamais pensé que des policiers auraient pu danser sur ma musique", s'amuse le musicien. Il n'a pas pris la grosse tête, en dépit des voitures de luxe exhibées sur ses réseaux sociaux. "J'avais déjà eu du succès avant « Jerusalema », sans rapport bien sûr, mais là tout devient plus confortable, ce titre va générer des revenus pour le reste de ma vie", savoure-t-il.
"Gamin de village"
Il a pu acheter une maison pour sa mère et en construire une pour sa grand-mère. Et la vie de Nomcebo Zikode a également changé. Quand il l'a contactée pour poser sa voix sur "Jerusalema", elle songeait à abandonner la musique. Elle vient de sortir un album.
Master KG possède aussi son studio d'enregistrement près de Johannesbourg. Une réussite inespérée pour celui qui se décrit comme un "gamin de village", né à Calais, petite bourgade du nord-est de l'Afrique du Sud. Il n'en revient pas quand on lui apprend qu'une ville française a le même nom.
Il vivait avec sa mère, employée dans un hôtel (son père est enseignant) et s'est vraiment mis à la musique quand un oncle lui a offert son premier ordinateur en 2013. Master KG a déjà sorti deux albums, qu'il considère plus comme un agglomérat de singles. Le troisième, qu'il espère présenter fin 2021, sera plus "construit, préparé".
"Pour le titre de l'album, les fans doivent m'aider, aidez-moi à trouver un titre, ce sera un album dédié au monde, riche des rencontres que j'ai faites". Quand on lui dit qu'il risque de recevoir un nombre colossal de propositions, il rigole : "il y en a bien une qui collera".