Culture
Mon pays, Ma prison… de Raymonda Hawa Tawil (la belle-mère d’Arafat) - Par Samir Belahsen
Le récit questionne ce que signifie être Palestinien, notamment pour les femmes, souvent victimes d’une double oppression, à la fois celle liée à l'occupation et celle inhérente à la société palestinienne
« Ne sois pas triste. Personne ne parviendra à se débarrasser de nous. La Palestine est une arête plantée dans la gorge du monde. Personne ne parviendra à l’avaler.
Ne t’inquiète pas. »
Elias Sanbar / Le bien des absents
« Il faut accepter les déceptions passagères, mais conserver l'espoir pour l'éternité. »
Martin Luther King
La lionne de Naplouse
"Mon pays, ma prison, une femme de Palestine " est le titre du récit autobiographique de Raymonda Hawa Tawil, publié en 1979. Un temps où l’espoir était courant.
Elle y traite plusieurs thèmes fondamentaux.
Le récit questionne ce que signifie être Palestinien, notamment pour les femmes, souvent victimes d’une double oppression, à la fois celle liée à l'occupation et celle inhérente à la société palestinienne.
L’auteure met en lumière les luttes des femmes palestiniennes, leur force de résilience et leur rôle actif dans la résistance face aux défis politiques.
Les calvaires de la vie quotidienne des Palestiniennes, la douleur et les traumatismes sont clairement exposés dans ce texte témoignage.
Dans ce récit, Tawil aborde la notion d'espoir en des solutions pacifiques et explique que ces solutions doivent être justes et équilibrées pour garantir leur succès.
L'ensemble de ces thématiques s'entrelacent pour fournir une représentation saisissante de la réalité palestinienne, en prenant comme point de départ la vie de Tawil, qui illustre le parcours tumultueux du peuple.
L’Histoire
L'œuvre "Mon pays, ma prison" narre l'existence d'une femme palestinienne déterminée et militante, inflexible et résolue dans sa quête de reconnaissance des droits de son peuple et de recherche d'une paix équitable. Elle met également en exergue les injustices et la répression dont souffre la population palestinienne.
Raymonda Hawa-Tawil est issue d'une famille de notables chrétiens originaire d'Akka, également connue sous le nom de Saint-Jean d'Acre, et anciennement désignée comme Polétamis dans l'Antiquité.
Avant d'intégrer la résistance, elle a résidé en Jordanie, où elle a été confrontée dans les camps des réfugiés palestiniens aux réalités de l'occupation israélienne ainsi qu'aux inégalités de genre présentes au sein de sa communauté. Elle prend progressivement conscience de son rôle potentiel dans la lutte de son peuple.
Ce récit autobiographique met en lumière les expériences personnelles ainsi que les luttes politiques d'une femme ayant passé l'essentiel de sa vie en Palestine, avant d'être contrainte à l'exil. Nous sommes amenés à explorer une perspective personnelle sur la conjoncture politique en Palestine, ainsi que sur les difficultés auxquelles l'auteure a été confrontée. Un exemple de résilience et d'espoir.
L'enfance et la jeunesse de l'auteure en Palestine ont été profondément influencées par la beauté et la richesse culturelle de cette région, tout en étant également façonnées par les défis et les difficultés inhérents à sa situation politique.
La quête d'indépendance et de justice était omniprésente, et les confrontations avec les autorités israéliennes se produisaient fréquemment.
La personnalité de Raymonda est façonnée par la force et la détermination qu'elle a tirées des traditions et des valeurs de son peuple. Elle a connu une maturation précoce. À force d'évoluer dans un tel contexte. Elle est surnommée la lionne de Naplouse.
Raymonda a poursuivi ses études à l'Université de Beyrouth, où elle s'est spécialisée en littérature anglaise et en philosophie. Elle s'est investie dans des activités politiques et a pris part à des organisations étudiantes palestiniennes qui étaient actives à cette époque.
Raymonda évoque sa rencontre avec plusieurs figures politiques ayant eu un impact significatif sur l'histoire de la Palestine. Elle fait référence à sa rencontre avec Yasser Arafat, figure emblématique de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui est également son futur gendre, avec lequel elle a noué une relation étroite et collaboré de manière active. Elle évoque également ses interactions avec d'autres figures politiques, telles que Mahmoud Abbas et Leila Khaled, fournissant ainsi un aperçu captivant de son engagement dans la sphère politique.
Contrainte à l'exil, Raymonda a été amenée à reconstruire sa vie. Une nouvelle culture, une nouvelle langue et de nouvelles coutumes ont émergé, cependant, elle est demeurée profondément attachée à la Palestine et a poursuivi sa lutte pour les droits de son peuple.
L'exil a constitué une épreuve douloureuse, mais il lui a également permis de devenir une voix puissante et influente dans la lutte pour la justice et la liberté en Palestine.
Elle aborde les diverses initiatives mises en œuvre pour sensibiliser la communauté internationale à la cause palestinienne, notamment à travers l'organisation de conférences, de manifestations et de rencontres avec des décideurs politiques.
Raymonda partage également ses expériences de plaidoyer auprès des organisations internationales et de la société civile afin de promouvoir la cause palestinienne sur la scène mondiale. Elle examine les obstacles rencontrés dans la quête de reconnaissance des droits du peuple palestinien, tout en mettant en évidence les succès et les défis inhérents à cette lutte ardente et passionnée.
Expérience carcérale
Raymonda a été incarcérée et persécutée en raison de son engagement politique. Elle décrit les conditions inhumaines de sa détention, ainsi que les sévices et les tortures qu'elle a subis au cours de son incarcération. Elle exprime également ses réflexions concernant l'impact psychologique et émotionnel de ses expériences de détention, lesquelles ont consolidé sa détermination à œuvrer en faveur de la liberté et de la justice pour son peuple, en dépit des craintes et des souffrances qu'elle a dû affronter.
Au travers de son récit, elle présente une représentation authentique et poignante de la réalité politique en Palestine, fournissant ainsi un aperçu précieux de la condition vécue par son peuple.
L'espoir et la résilience ?
Ces thèmes ont joué un rôle central dans sa vie en tant que femme de Palestine.
Elle soulignait l'importance de maintenir l'espoir et de cultiver la résilience, pour elle-même et pour son peuple.
Quarante-cinq ans après, peut-on encore nourrir l’espoir ?
Quarante-cinq ans après "Mon pays, ma prison" de Raymonda Hawa-Tawil, l'espoir d'un nouveau processus de paix demeure, bien que complexe, persiste de manière forcée.
Bien entendu, sur le plan géopolitique, seul un changement des rapports de force peut apporter des solutions nouvelles.
Pour espérer une avancée, si espoir il y a, plusieurs éléments sont cruciaux :
- Nécessité d’un dialogue inclusif : L’engagement de toutes les parties prenantes, y compris les voix modérées des deux côtés, est essentiel pour (re) construire la confiance.
- Pas de paix sans justice : Une paix durable nécessite des solutions justes aux injustices historiques, notamment en matière de droits des palestiniens.
- Soutien international : Une pression populaire et diplomatique de la communauté internationale peut encourager des négociations constructives.
- Éducation et sensibilisation : Promouvoir l’humanisme, l'empathie et la compréhension entre les cultures peut aider à réduire les tensions.
Ces approches pourraient favoriser un climat propice à la paix.