On s’habitue, c’est tout ! – Par Samir Belahsen

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"La Liberté ou la Mort" de Jean-Baptiste Regnault, une allégorie de la Révolution française, Le tableau évoque les idéaux révolutionnaires et l'acceptation des sacrifices nécessaires à leur réalisation. La présence de la Mort signale que la liberté peut être acquise au prix de la vie. Ça a valu pour le France, pour les Américains quand ils ont voulu s’émanciper, et pour tous les peuples du mode. Ça vaut aussi pour les Palestiniens.

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Le visiteur … Par Samir Belahsen

                                                         On n’oublie rien de rien 

                                                         On n’oublie rien du tout 

                                                         On n’oublie rien de rien 

                                                          On s’habitue, c’est tout…

                                                                             Jacques Brel

Crime et Châtiment est, pour moi, le plus grand roman de Fiodor Dostoïevski : Archétype et modèle du roman psychologique. Il est peut-être l'une des plus grandes œuvres littéraires de l'Histoire, sinon la plus grande.

Il raconte l'assassinat d’une vieille prêteuse sur gage et de sa sœur par Rodion Raskolnikov, ancien étudiant de Saint-Pétersbourg tombé dans la pauvreté et l'exclusion sociale avec une analyse minutieuse de l'évolution de l'état émotionnel, mental, physique et socio-économique du meurtrier ainsi que des causes et des conséquences du crime.

Dans l’une des plus profondes scènes de l’histoire de la littérature mondiale que j’ai pu lire; lorsque Sonia Marmeladov, la jeune  gentille, timide et tendre fille, au corps maigre, fut contrainte de se prostituer et de vendre son jeune corps pour subvenir aux besoins de ses trois sœurs et de sa belle-mère épuisée par la tuberculose. 

Lorsque Sonia revint de sa première fois où elle avait dû se prostituer, de vendre son corps…

Quand elle rentrât à la maison et se dirigea vers le lit sur lequel dormait sa belle-mère malade, elle lui donna l'argent de sa honte et le posa sur la table pour nourrir ses sœurs. Puis elle s'est couchée et s'est complètement couvert la tête et le visage. Elle s'était tournée vers le mur et a commencé à pleurer et à trembler... Alors sa belle-mère, Katerina Ivanovna, s'est dirigée vers elle et sans dire un seul mot, elle s'agenouilla à ses pieds et commença à l'embrasser et à pleurer… Après cela, elles s'endormirent en se serrant dans les bras, toutes deux en pleurs... 

La scène est tragique et difficile. 

Commentant cette scène du comble de la fragilité et faiblesse de l'humanité face à la tyrannie de la réalité, Dostoïevski a prononcé sa célèbre phrase : « Quel puits ils ont pu se creuser ! Et ils s'en servent ! Et ils se sont habitués. Ils ont d'abord un peu pleuré puis ils se sont habitués. 

L'infamie de l'homme se fait à tout. »

"L'infamie de l'homme se fait à tout" c’est cette capacité de l'homme et de l’humanité à commettre des actes scandaleux, déshonorants ou honteux dans diverses situations. Et de s’en exonérer. 

Cela commence par des petits délits d’incivisme mais cela va jusqu’aux génocides, en passant par des abus des deniers publics, les passes droits, les petits crimes et puis les grands. 

L’infamie la plus dangereuse serait de s’y habituer, de justifier l’injustifiable, de tolérer l’ignoble, d’accepter l’inacceptable de normaliser l’anormal…

Dans l’actualité internationale, la normalisation de l’anormal est devenue une règle. On a même normalisé le génocide.

L’actualité nationale, politique, politicienne, sportive, judiciaire est elle aussi pleine d’exemples.

"L'infamie de l'homme se fait à tout" Cela souligne la nature complexe de l'humanité, avec ses capacités à la fois admirables et condamnables. Cette citation met en lumière la capacité des individus à faire des choix moralement répréhensibles et à se comporter de manière ignoble, quoi qu'il arrive.

« Extravaguer à sa manière c'est presque mieux que de dire la vérité à la manière des autres ; dans le premier cas tu es un homme, dans le second tu n'es qu'un oiseau ! »

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