Réouverture des cinémas : Pour les salles obscures, mieux vaut être borgne qu’aveugle

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Ouverture des salles de cinéma à hauteur de 50% de leur capacité dans le respect total et rigoureux de l'ensemble des mesures préventives

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Par Sofia El Aouni (MAP)

Rabat – Les salles de cinéma ne se portaient pas bien déjà. La pandémie est venue aggraver la situation d’un secteur sinistré par la désertion du public. Avec l'allègement des mesures restrictives, le rideau de la culture se lève, laissant entrevoir une reprise tant escomptée du 7ème Art, avec une réouverture des salles obscures.

Cette décision considérée comme un succès, applaudie par les acteurs du secteur cinématographique et par les cinéphiles, vient soulager un calvaire qui a duré près de 14 mois, engendrée par la crise mondiale du coronavirus pour un secteur préalablement en souffrance.

Cette bonne nouvelle fait partie d'une batterie de mesures dont l'application a été décidée par le gouvernement, à compter du 1er juin, au vu des résultats positifs enregistrés dans la courbe des infections à la Covid-19 et des avancées importantes réalisées dans le cadre de la campagne nationale de vaccination contre cette pandémie.

Ces mesures concernent, entre autres, l'autorisation d’ouverture des salles de cinéma à hauteur de 50% de leur capacité dans le respect total et rigoureux de l'ensemble des mesures préventives. Ce qui fait dire qu’il vaut être borgne qu’aveugle.

La réaction des premiers intéressés ne s'est pas faite attendre, à l’exemple du "Cinéma Renaissance" à Rabat, il faut dire bien loti, qui a exprimé son enthousiasme à la rencontre du public à travers un message sur sa page Facebook : "Chers cinéphiles, le jour tant attendu est enfin là. Rendez-vous très très vite".

Sur un ton de légèreté joyeuse, le "Cinéatlas", qui a qualifié cet événement de "challenge", a précisé sur sa page Facebook que la "réouverture qui se fera au plus vite" est animée par "la joie" de retrouver le public. Une joie qui "donne des ailes".

Se réjouissant de l’annonce de la réouverture "partielle" des salles de cinéma, le président de la Fondation Tayeb Saddiki, Baker Saddiki, a relevé que la "revivification de la pratique artistique devrait constituer une opportunité pour repenser la pratique culturelle à l’aube post-Covid".

Avec la réouverture des salles obscures, M. Saddiki a appelé, dans son article consacré à la relance des salles de théâtre et de cinéma et publié sur le site d’information "le Collimateur", à déclencher une "réelle concertation nationale sur la culture de demain, avec pour objectif ambitieux l’émergence d’une réelle industrie créative compétitive, génératrice de richesses et d’emploi et qui participerait à un branding national aux standards internationaux".

"L’après-crise doit constituer une opportunité pour repenser notre avenir ; un avenir où la culture et les arts devraient avoir un rôle éducatif, sociétal et économique de premier plan", a-t-il affirmé.

Pour sa part, l’acteur Malek Akhmiss a estimé, dans une déclaration à la MAP, que cette réouverture des salles de cinéma, même partielle, est l’espoir d’un renouveau pour l’industrie cinématographique au Maroc, soulignant que l’étape post-Covid est une réelle opportunité à saisir afin de repenser le secteur culturel.

S’agissant des œuvres cinématographiques qui n'ont pas pu sortir en salles depuis leur fermeture, M. Akhmiss a cité l’exemple d’"Indigo" de Selma Bargach et "Diadème du Moussem" de Mohamed Hassini, deux films dans lesquels il a joué.

Touché de plein fouet par la crise du nouveau coronavirus, l’industrie cinématographique a basculé dans l’obscurité de ses salles. Cet écosystème vertueux, qualifié un certain temps de "non essentiel", a subi des pertes vertigineuses avec l'arrêt pur et simple de toutes ses activités, dressant ainsi un des tableaux les plus inquiétants.

C’est grâce à l’ingéniosité et à la créativité de son milieu que le 7ème Art n’a cessé de se réinventer pour survivre face à une crise qui a mis à mal bien des secteurs, en poursuivant ses projets et en se tournant vers le streaming, comme ultime échappatoire.