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Patriotisme économique : L’émergence de grands groupes impose des devoirs
C’est un débat qui tend à devenir universel, celui du libéralisme mondialisé face aux intérêts nationaux. Les délocalisations ont amené à la désindustrialisation de grands pays, y créant un chômage structurel endémique comme c’est le cas en France ou aux USA. La maitrise de secteurs d’activité importants par les Etats est pratiquement impossible dans une économie ouverte à la libre circulation des capitaux.
Au Maroc, le choix de l’intégration à l’économie mondiale comporte ce genre de défis, même si, pour le moment, il y a peu de cas d’entreprises d’envergure qui sont passées sous contrôle de capitaux étrangers.
Nous n’avons, collectivement, aucun intérêt à encourager un mouvement dans ce sens. Les secteurs névralgiques doivent rester, en grande partie, sous contrôle national et non pas risquer de faire partie d’équations sur lesquelles nous n’avons aucune maîtrise. En Europe, le numéro un mondial de la sidérurgie, le hindou Mittal, a racheté tout le secteur…pour s’assurer un quasi-monopole.
Les grandes entreprises marocaines et leur actionnariat sont appelés à une certaine forme de patriotisme. L’émergence de grands groupes a été souvent saluée comme une avancée pour le Maroc, même si le maillage des PME est le plus prégnant, parce que le plus créateur d’emplois. Cela impose des devoirs en conséquence.
C’est un peu contradictoire, dans un cadre libéral, d’exiger d’acteurs économiques qu’ils agissent en fonction d’autres paramètres que ceux de leurs intérêts financiers. C’est pourtant ce débat qui s’impose un peu partout, après le constat des ravages possibles de la mondialisation sur les intérêts des nations.
Nos relations avec l’Afrique, qui se diversifient et s’amplifient nous mettent en première ligne. Il est naturel que des investisseurs étrangers s’intéressent aux entreprises qui ont réussi à se projeter sur le continent qui a le plus grand potentiel de croissance, dans le cadre d’une stratégie de co-développement portée par l’Etat.
Cependant il nous faut être très prudents, surtout face à des intérêts privés mais provenant de pays en conflit avec le Maroc. Cela ne peut relever du législateur car cela serait en contradiction absolue avec les choix du libéralisme. Mais on peut prôner une certaine forme de patriotisme économique qui viserait à garder les secteurs vitaux sous le contrôle du capital national.
Le patriotisme économique s’applique aussi aux consommateurs. Choisir le produit local, à chaque fois que c’est possible, devrait être un réflexe pour tous les Marocains. Le défi du chômage, structurel, que nous devons baisser pour sauvegarder la stabilité, nous l’impose. Les règles égoïstes de l’économie ne doivent pas effacer le sentiment d’appartenance à la Nation.