A dix jours du Brexit, le gouvernement britannique cherche encore à sortir de l'impasse

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Le gouvernement britannique menait mardi 2 avril des discussions de crise pour tenter de résoudre l'inextricable casse-tête du Brexit et éviter un divorce sans accord le 12 avril, un scénario redouté qui devient "chaque jour plus probable", a prévenu le négociateur de l'Union européenne Michel Barnier.

Un peu moins de trois ans après le référendum du 23 juin 2016, les Britanniques sont toujours dans l'inconnu quant à la forme que prendra la sortie de l'UE.

Lundi encore, les députés britanniques ont fait le constat de leurs divisions, mais aussi de leur impuissance à répondre à ce défi historique, en rejetant quatre alternatives à l'accord négocié avec Bruxelles par la Première ministre Theresa May.

Ces votes étaient destinés à dégager un projet de Brexit susceptible de recueillir, enfin, une majorité à la Chambre des communes, après le rejet vendredi, pour la troisième fois, du Traité de retrait de l'UE de la dirigeante conservatrice.

En l'absence d'accord, ou de report du Brexit, le scénario par défaut reste une sortie sèche le 12 avril, dont la simple perspective provoque des sueurs froides aux milieux économiques.

"Un Brexit sans accord n'a jamais été mon souhait mais il devient chaque jour plus probable", a estimé mardi le négociateur de l'UE pour le Brexit, Michel Barnier, lors d'une conférence organisée par le centre de réflexion EPC, à Bruxelles.

"L'UE des 27 (tous les Etats membres de l'Union sans le Royaume-Uni, ndlr) est maintenant prête" à cette éventualité, a-t-il prévenu.

Signe de l'état d'urgence, Theresa May a convoqué un conseil des ministres exceptionnellement long mardi (cinq heures) pour discuter de la voie à suivre.

La cheffe de l'exécutif devrait de toute évidence évoquer les conséquences des votes de lundi, l'absence de majorité sur tout scénario alternatif pouvant l'aider à représenter son accord de divorce une quatrième fois.

"Le cabinet peut très bien dire (...) au Parlement: +Écoutez, nous vous avons donné votre chance de trouver quelque chose, vous avez échoué. Votez pour l'accord de May, sinon la semaine prochaine, il y a un réel danger de +no deal+", a remarqué le Pr Anand Menon, du King's College de Londres, interrogé par l'AFP.

Il n'est pas exclu que ce traité, destiné à mettre en oeuvre un Brexit en douceur, soit à nouveau soumis au vote s'il a "une chance raisonnable de succès", a souligné lundi le porte-parole de la Première ministre.

Reste que Theresa May, en pleine crise d'autorité, va devoir convaincre un gouvernement tout aussi divisé que le Parlement sur le Brexit, entre pro-UE et partisans d'une sortie sans concession ulcérés que le divorce n'ait pas eu lieu à la date initialement prévue, le 29 mars.

Pour faire pencher la balance et convaincre ces derniers, la Première ministre pourrait utiliser "l'option nucléaire" (dixit le Times): la menace d'élections législatives anticipées, alors que, selon un sondage publié dimanche The Mail on Sunday, le Labour, principal parti d'opposition, arriverait en tête de 5 points devant les tories.

Quelle que soit l'option retenue, Theresa May doit divulguer ses plans au prochain sommet européen exceptionnel convoqué pour le 10 avril.

Michel Barnier a souligné que si les Britanniques ne votaient "pas en faveur de l'accord de retrait dans les prochains jours, il ne restera plus que deux options: partir sans accord ou demander une prorogation plus longue de la période de l'Article 50", qui avait enclenché la procédure de divorce.

"Une telle extension comporterait des risques importants pour l'UE, d'où la nécessité d'une justification solide", a-t-il ajouté.

"Il y aurait également un coût politique. Si le Royaume-Uni est toujours membre le 23 mai (date du début des élections européennes, ndlr), il devra organiser des élections", a insisté l'ancien ministre français.

Les Remainers, partisans d'un maintien dans l'UE, tentaient de leur côté de profiter du chaos ambiant pour pousser leurs revendications.

Lundi soir "le Parlement a une fois de plus montré qu'il ne parvenait pas à se mettre d'accord sur le type de Brexit qu'il souhaite", a souligné la députée anti-Brexit Anna Soubry, ex-conservatrice, estimant qu'un nouveau référendum était désormais "la seule option crédible restante".