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''Adieu, Lénine'': un musée en Finlande fait peau neuve
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Une statue du fondateur de l'Union soviétique, Vladimir Lénine, est visible à l'intérieur du nouveau musée « Nootti » (note diplomatique en finnois), le 15 février 2025 à Tampere, en Finlande. (Photo Alessandro RAMPAZZO / AFP)
C'était le dernier en Europe à être consacré à Lénine. Après des travaux de rénovation, un musée finlandais veut aujourd'hui illustrer l'évolution des relations avec la Russie, passées d'amicales à glaciales, et inversement.
La statue du chef du parti bolchevique, fondateur de l'Union soviétique, est encore là, mais les collections de ce musée de Tampere, à 180 km au nord d'Helsinki, ne tournent désormais plus exclusivement autour de lui.
Il doit aussi maintenant partager la lumière avec des armes, des affiches, des maquettes et nombre d'artefacts témoignant des soubresauts des relations entre la Finlande et la Russie.
"L'objectif du musée est d'aider les gens à comprendre l'histoire finlandaise, car l'histoire finlandaise est très liée à l'histoire russe", explique à l'AFP Kalle Kallio, directeur de l'établissement, le jour de l'inauguration.
"Lorsque les relations étaient mauvaises, notre économie en souffrait. Quand elles étaient bonnes, nous connaissions des périodes prospères", souligne-t-il.
Fondé en 1946, le musée Lénine était, jusqu'à sa fermeture en novembre 2024, le dernier des musées créés au XXe en Europe consacré à l'ancien dirigeant soviétique.
Il est situé dans le bâtiment qui avait abrité en 1905 la première rencontre entre Lénine, alors en exil, et Staline, à l'occasion d'une réunion bolchevique secrète à Tampere.
A compter de 2016, la direction avait certes décidé de mettre l'accent sur l'histoire soviétique plutôt que sur la vie du révolutionnaire communiste, mais le nom du musée public suscitait l'incompréhension des visiteurs, selon M. Kallio.
Au terme d'un lifting, il a finalement rouvert ses portes mi-février sous un nouveau nom, "Nootti" (La note, instrument de correspondance diplomatique), couvrant les relations bilatérales des deux derniers siècles.
En examinant la période s'étalant de l'indépendance de la Finlande en 1917 --après plus de 100 ans de domination russe-- à aujourd'hui, "nous voyons qu'il y a des périodes de très bonne amitié et des périodes de colère et de haine extrêmes", constate-t-il.
Vélo rose
Le destin des Finlandais soviétiques sous le règne de Staline, la guerre d'Hiver en 1939-1940 après l'invasion de la Finlande par l'Union soviétique le 30 novembre 1939 ainsi que la Guerre froide font partie des thèmes abordés.
"Je pense que cela soulève des questions et apporte un contexte aux événements. Quand on considère la situation mondiale actuelle, c'est très important", estime Terhi Kallonen, une résidente de Tampere de 63 ans, venue faire une visite.
Mettant un terme à plusieurs décennies de non-alignement militaire, la Finlande, qui partage 1.340 kilomètres de frontière avec la Russie, a rejoint l'Otan le 4 avril 2024, dans le sillage de l'invasion russe en Ukraine.
A la mi-décembre 2023, elle a fermé sa frontière avec la Russie pour une durée indéterminée en réaction à un afflux de demandeurs d'asile qui transitaient par ce pays.
Le petit musée abrite d'ailleurs un bicycle rose.
C'est l'un des centaines de vélos utilisés par les demandeurs d'asile pour franchir la frontière, puis abandonnés et finalement vendus aux enchères par les douanes finlandaises.
Helsinki assure que cet afflux de migrants était une manoeuvre de "guerre hybride" orchestrée par Moscou, ce que le Kremlin nie.
En fournissant un contexte historique à partir de travaux de recherches académiques, le "Nootti" vise à riposter à l'utilisation de "l'histoire comme outil d'influence" par la Russie, assure son directeur.
"Raconter des histoires inexactes sur le passé est une façon pour eux d'influencer et d'utiliser leur propagande, et nous estimons qu'il est très important de contrer ces méthodes", estime-t-il.