International
Affaire Khashoggi : Les aveux peu convaincants de Ryad
Les autorités saoudiennes ont admis samedi dernier que le journaliste Jamal Khashoggi, disparu depuis le 2 octobre, a été tué à l'intérieur du consulat du royaume à Istanbul
L'agence de presse officielle saoudienne SPA, qui a relayé cette annonce, a fait état du limogeage de deux hauts responsables saoudiens et de l'arrestation de 18 suspects, tous Saoudiens.
"Les discussions entre Jamal Khashoggi et ceux qu'il a rencontrés au consulat du royaume à Istanbul (...) ont débouché sur une rixe, ce qui a conduit à sa mort", a indiqué SPA en citant le parquet.
Dans un communiqué, le procureur général Saoud al-Mojeb a retracé le déroulement des faits: "Les discussions qui ont eu lieu entre lui et les personnes qui l'ont reçu au consulat saoudien à Istanbul ont débouché sur une bagarre et sur une rixe à coups de poing avec le citoyen Jamal Khashoggi, ce qui a conduit à sa mort, que son âme repose en paix".
Tout en confirmant la mort de Khashoggi, l'Arabie Saoudite a annoncé la destitution d'un haut responsable du renseignement, le général Ahmed al-Assiri, et celle d'un conseiller à la cour royale, Saoud al-Qahtani.
Mais les explications fournies par Ryad après avoir catégoriquement nié son implication dans la disparition du journaliste n’ont pas convaincu la communauté internationale.
Ce dimanche 21 octobre, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont indiqué dans un communiqué : « sa mort est inacceptable, il faut que l’Arabie Saoudite clarifie d’urgence sa version des faits ». L’Allemagne a ajouté qu’à ce stade « il n’est plus question que l’industrie allemande maintienne ses exportations d’armement vers le territoire saoudien ».
Le Canada n’exclut pas non plus de suspendre une importante transaction signée avec Ryad. Justin Trudeau a indiqué que son pays défendrait les droits de l’Homme, y compris dans ses relations avec l’Arabie Saoudite.
Le président américain, Donald Trump, a déclaré dans une interview téléphonique avec le Washington Post : « leurs histoires partent dans tous les sens ». Pourtant Trump avait d’abord jugé crédibles les aveux de Ryad avant de faire volte face en se demandant comment croire à cette dernière version après tant de « tromperie et de mensonges ».
De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a promis de révéler toute la vérité sur le meurtre de Khashoggi et indiqué qu’il ferait une déclaration à ce sujet ce mardi 23 octobre.