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Algérie: rejeté par la rue, Bensalah promet un scrutin présidentiel ''transparent''
Le président algérien par intérim Abdelkader Bensalah s'est engagé mardi 9 avril à organiser sous 90 jours "un scrutin présidentiel transparent et régulier", dans la foulée de sa nomination à ce poste malgré l'opposition de la rue.
"Citoyens, classe politique et institutions de l'Etat" sont "tenus de concourir" à la réunion de "toutes les conditions d'un scrutin présidentiel transparent et régulier", a dit Abdelkader Bensalah, nommé par le Parlement tout juste une semaine après la démission d'Abdelaziz Bouteflika sous la pression populaire.
Ce scrutin, dont tous les Algériens seront les "garants" selon M. Bensalah, permettra au peuple "d'exercer son choix libre et souverain", a-t-il affirmé, dans un discours retransmis à la TV nationale.
Les Algériens, qui continuent de manifester en masse pour réclamer le départ du "système", avaient clairement affiché leur refus de voir le président du Conseil de la Nation (chambre haute du Parlement), âgé de 77 ans, prendre l'intérim, comme le prévoit la constitution.
La police a commencé dès cette matinée à faire des interpellations parmi les syndicalistes qui commencent à se rassembler à Alger. Des citoyens s’interposent et tentent d’empêcher les interpellations.C’est ce qu’a rapporté mercredi 10 avril le site d'information TSA Algérie.
Les travailleurs algériens du nouveau stade de Tizi Ouzou marchent dès cette matinée en scandant « Bensalah dégage. Système dégage », « Makache el khedma erezk aala rebi »
Des barrages filtrants de la Gendarmerie nationale ont été installés sur l’autoroute près de Lakhdaria. Plusieurs bus transportant des manifestants sont immobilisés.
D’importants renforts de police sont déployés ce matin dans le centre d’Alger, en prévision de nouvelles manifestations contre le pouvoir. Un déploiement exceptionnel qui rappelle les premiers jours du mouvement populaire quand le pouvoir avait hésité à utiliser la force, a fait savoir TSA Algérie.
La police a tiré des grenades lacrymogènes et fait usage de canon à eau pour les disperser mais les manifestants sont restés rassemblés, encerclés par les forces de l'ordre, jusqu'en fin de journée, selon une journaliste de l'AFP.
Des étudiants ont aussi manifesté à Constantine et à Annaba (nord-est), et des rassemblements ont eu lieu à Ain Temouchent (ouest), Msila (est) et Chlef (nord), selon le site d'information Tout sur l'Algérie.
Les appels à manifester et à la grève générale se sont multipliés sur les réseaux sociaux à la suite de sa nomination.
Les partis d'opposition, se basant sur les revendications de la rue, avaient boycotté la réunion du Parlement, refusant de valider cette nomination.
Vendredi dernier, jour traditionnel des manifestations, les Algériens avaient de nouveau défilé en masse pour exiger que soient exclus du processus de transition les hommes-clés de l'appareil mis en place par M. Bouteflika
Outre Abdelkader Bensalah, deux autres responsables sont visés: le président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaïz et le Premier ministre Noureddine Bedoui.